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Germinal du verbe
germer, qui peut signifier, éclore, naître et renaître. C'est aussi le 7ème
mois du calendrier républicain, instauré par les révolutionnaires français de
1789. Il fut appliqué de 1792 à l'année 1806, soit de l'an I à l'an XIV, de la
révolution française.
Germinal, période de la germination allant du 21 mars au 19 avril , fait partie, avec Floréal ,qui va du 20 avril au 19 mai, qui lui,concerne la période de l'épanouissement des fleurs,et avec Prairial qui court du 20 mai au 18 juin, symbolisant la période des récoltes des prairies, les trois mois à terminaison en AL. Comme il y a 3 mois trois à terminaison en OSE, et trois en AIRE. Donc, par exemple, en ce jour du jeudi 30 août 2012,nous serions ,selon le calendrier de la révolution : quartidi, le quatorzième jour de la deuxième décade ,du douzième mois, Fructidor, à terminaison en IDOR, qui figure la période des fruits allant du 18 août au 16 septembre , de l'année républicaine CCXX , 220. Le calendrier républicain étant divisé en 12 mois de 3 décades, comprenant 10 jours chacune, l'année républicaine comprend donc, 360 jours tout ronds, selon ses inventeurs entre géographes et mathématiciens, du groupe de travail, nommé par le comité de l'instruction publique. Cependant ce n'est pas de ce germinal là que traite cette chronique. Il s'agit de l'emprunt symbolique fait par Emile Zola au sens, à la sémantique d'un coté, et de l'autre à l'allégorie, à la représentation et à l'emblématique de la germination, que se font les sans-culottes, le petit peuple, pour survivre. Ils échafaudent chaque moment de leur vie, des plans et des stratégies de libération du joug des possesseurs de capitaux, et des détenteurs des moyens de production, et de la possibilité de se révolter, pour être enfin libres. Au fait, y aurait-il une autre saison plus indiquée, plus caractéristique que le printemps pour se défaire de la misère, se débarrasser des privations et reconquérir ses droits premiers, dus à la personne humaine ? Entre autres, un salaire correspondant au travail fournit, assurant aux travailleurs une existence décente pour eux et pour leurs familles. Dans le roman de Zola, Germinal, la compagnie des mines de Montsou, dans le Nord de la France, prétextant de difficultés économiques, procéda à la baisse des salaires, à l'origine déjà insignifiants. Etienne Lantier un des animateurs de la trame du roman, pénétré d'idées libératrices, parvient à convaincre des mineurs, qu'un changement de leurs conditions de vie, était possible, et que l'occasion de la grève était, on ne peut plus, appropriée pour ce faire. La compagnie demeurera sourde et intransigeante, face à la revendication. Les gueules noires, ces mineurs de fond, des galeries souterraines de charbon, abusés et exploités avec tous les membres de leurs familles, persistèrent pareillement dans leur grève. Les actionnaires qui habitent Paris, comme il est dans le roman, font pression sur les autorités, qui donnent alors, de la troupe. Il y eut beaucoup de morts, dont Maheu un autre protagoniste du bouquin, qui hébergeait, par solidarité de petites gens, Étienne Lantier. Germinal, dans son sens premier, renaissance de la nature, est demeuré depuis lors, une symbolique pour les révolutions. Il y eut la révolution des œillets au Portugal, celle des jasmins dernièrement en Tunisie, celle du cèdre au Liban en 2005, après l'assassinat de Rafik Hariri. Comme il y a eu celle du safran des moines en Birmanie, qui quoiqu'on dise, est pour beaucoup, dans la libération de la grande dame de Rangoon et prix Nobel de la paix, attribué en 1991,mais reçu que le 16 juin 2012 à Oslo, avec un retard de 21 ans,pour cause de placement en résidence surveillée: Han San Suky. Et aussi la révolution des roses, en Géorgie contre Chevernadzé. «D'un seul peuple fraternel, disait Zola, faisant du monde une cité unique de paix, de vérité et de justice». Mais dans tout cela, où est l'Afrique du sud ? Malheureusement, elle s'est faite rappeler au monde entier le 16 Août 2012, à travers le massacre de Marikana, lorsque des grévistes de la mine de platine appartenant à société Lonmin située au nord de Johannesburg, avait protesté revendiquant une augmentation des salaires et l'amélioration de leurs mauvaises conditions de vie, avaient été froidement liquidés par des policiers surarmés. Et parce qu'un groupe d'individus parmi les grévistes, avaient à la main des machettes et autres bâtons. La patronne de la police sud africaine avait conclu, avant que l'enquête officielle, demandée par le président Zuma, ne dévoile ses conclusions. Que ses policiers avaient agi en état de légitime défense. En tout état de cause, il y eut 34 morts et 74 blessés. Le monde pensait qu'il s'était débarrassé, de ces futiles tueries injustifiées et inutiles, qui rappellent l'ambiance oppressante qui régnait dans les milieux ouvriers, du 19 ème siècle, décrits dans le menu détail par Zola. Où la brutalité gratuite primait sur tout. Il n'y avait ni débat, ni discussions, encore moins de négociations et de consensus. Après tant de conquêtes sociales, sur presque tous les continents, après tant de guerres, de révoltes et de révolutions. Après tant de morts, de veuves et d'orphelins. L'Afrique du sud conserve dans son arsenal juridique une loi dite : «shoot to kill», tirer pour tuer. Cette règle trouve ses origines dans les différents conflits qui opposèrent jadis, les autochtones du pays aux colons blancs, néerlandophones. Les Boers, les paysans en afrikaans, devenus suite à des générations de colonisation de peuplement de l'Afrique du sud : les afrikaners. Ce sont les créateurs de l'apartheid, cette théorie de la séparation des gens, selon des critères ethniques minorant une race par rapport à l'autre. Avec, en conséquences, tous les excès, toutes les débauches, et tous les extrémismes qu'autorise pareille licence essentiellement xénophobe. Justifiant tous les jusqu'auboutismes. A partir de ce qui s'est passé dans la mine de Marikana, il y reste des relents et encore de puantes empreintes de cette théorie, qui demeurent vivaces et persistants au pays de Mandela. Les conditions de travail n'ont pas beaucoup évolué dans l'Afrique du Sud post-apartheid, puisque le minimum reste encore à conquérir. L'hygiène dans les bidonvilles où s'entassent les mineurs de Lonmin, n'existe pas du tout. Dans les surfaces intérieures de ces baraquements, il n'y a presque pas d'espaces d'intimité. Ces mineurs connaissent encore avec les leurs, la famine. Pourtant ils s'échinent chaque matin, à vendre leur force de travail pour que se face à Marikana, l'extraction du platine, au profit exclusif des actionnaires résidents en Europe et en Amérique du nord, à travers leurs fonds de pension. A l'heure du repos hebdomadaire conquis de haute lutte par d'autres ouvriers à travers le monde, de la semaine de 5 jours, et des congés payés, les ouvriers extracteurs de ce métal rare et précieux, qu'est le platine, souffrent encore du manque de sommeil. Sommes-nous revenus au temps du roman de Zola, à la condition ouvrière du 19 ème siècle ? De toutes les façons, si ce n'est pas le cas, cela y ressemble beaucoup. Les sud africains se sont-ils battus contre un ordre inhumain, et avaient-ils payé le prix lourd, pour que rien ne change pour eux ? Ou bien y aurait-il une reproduction de l'ordre anciennement établi. Le clonage de cet abject héritage ? Sinon Frantz Fanon aurait toujours raison, 60 années après la publication de son ouvrage Peau noire, masques blancs. Et après toutes les vagues d'indépendances africaines. Ce mémorable livre de Fanon, commence par une citation de l'un des principaux fondateurs du mouvement de la négritude : Aimé Césaire. Pour ce pionnier de la libération culturelle des peuples noirs et les autres aussi. Le concept de négritude signifie, le rejet de l'assimilation culturelle européocentriste. Le poète martiniquais à travers ce prélude, annonçait l'objet de son combat, de sa révolte et de son insoumission. La sentence qui fait l'ouverture de Peau noire et masque blanc, dit ceci :» Je parle de millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité, le tremblement, l'agenouillement, le désespoir, le larbinisme». Procédant par une stratégie de communication persuasive, par un management opérationnel financier à outrance, et par un marketing agressif, la compagnie Lonmin, sur son portail informatique affirme d'une part :» Nous respectons les communautés et les nations qui hébergent nos opérations et nous menons les affaires de manière durable, socialement et écologiquement responsable «. Et précise de l'autre, que ses valeurs sont :' Zéro incident : Nous nous sommes engagés à zéro des dommages aux personnes et à l'environnement. Et l'amélioration la qualité de vie de nos employés et de leurs familles et de promouvoir l'estime de soi». Plus facile à déclarer que de s'y tenir. Il n'y a qu'à voir comment se termine en 2012, un mouvement d'ouvriers revendiquant une augmentation de salaire. Au bout, il y a 34 morts et le double en blessés. L'article 23 de la déclaration universelle des droits de l'Homme dispose : «Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts». Au pays de Nelson Mandela, on ignore tout cela, et on reproduit ce qui s'était passé le 21 mars 1960 à Sharpeville, quand pour s'opposer à l'instauration du «pass», le passeport interne, les sud africains organisaient une manifestation pacifique. Dans ce township, banlieue noire. Le chef du poste de police paniqua et fit ouvrir le feu sur les manifestants. Il y eut 69 morts par balle, atteints à la tête, à la poitrine, et dans le dos, et aussi, 178 blessés. On réédite les massacres commis par la police de l'apartheid, dans Soweto -South Western Township- en 1976, quand des adolescents noirs, avaient le 16 juin de cette année, manifesté, protestant contre la contrainte à l'enseignement exclusif en langue afrikaans, cette langue germanique intruse, parlée par les afrikaners. La police ouvrit le feu, sans état d'âme, sur des écoliers. Il y eut 575 morts dont 570 noirs. Le régime raciste annonça quant à lui 23 morts et 220 blessés. Depuis 1991 cette date est dédiée à la journée de l'enfant africain. Il est à se demander ici, si tous les Africains du Sud, qui avaient accueilli dans leur ville de Durban en 2001 et en 2009, la conférence mondiale contre le racisme, ont conscience de ces barbaries commises gratuitement, chez eux, et que la patronne de leur police tente de justifier, avant toute expertise. Il est enfin, à s'interroger, si nous vivons tous, sur la même planète, à faire quelque chose, chacun dans son coin sur la terre, pour que toutes les dérives et que toutes les violences n'aient pas d'avenir. Et que tous les germinals présents et à venir, ne soient plus sanglants. |
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