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Il est là.
Perceptible et incolore. Il est dans l'obligation pas dans les droits. Il agit
par coup et par échéance. Cette question d'où est-il donc cet Etat est
répétitive et se bouscule dans toutes les bouches.
En plus de citoyens badauds, des chroniqueurs se posent au nom de leurs lecteurs cette lancinante interpellation. Un confrère d'un quotidien arabophone signale en ce lundi que « le climat de 1954 règne dans le nord constantinois » disséquant ainsi « l'absence de l'Etat face aux doléances populaires ». La sécheresse des robinets, les vacances des chefs, la vacuité des douars, le vide de fonctionnement font que quelque chose à son avis devait se préparer. Au notre ; l'Etat dans sa genèse existe bel et bien mais se trouve amputé de l'un des plus importants membres. L'exécutif. C'est la télévision qui le fait survivre. La survenance des gouvernements n'aurait rien à envier à cette partie de dominos où après une partie, une autre partie recommence sans que la plupart du temps, les joueurs en faction ne changent de siège. La dernière partie semble cependant perdurer. Ni les élections législatives données pour cardinales, ni la situation amorphe du pays frisant le mort, ni le réveil d'un sommeil mensuel n'ont pu provoquer un changement. Annoncé, promis, souhaité mais qui tarde à venir. C'est une dérision de croire que la victoire d'un temps est un succès éternel. Que la force du temps actuel est une puissance inextinguible ! L'on ne peut facilement sans oser se tromper, être à la fois, juge et partie. Afficher son ardeur à voir un jour se hisser sur les décombres d'un socialisme rachitique, l'ossature libérale d'une théorie devenue très à la mode : l'Etat de droit, et sans aucune volonté réelle de vouloir surpasser soi ; n'est à l'évidence qu'une autre consternation philosophique nécessaire au discours et par voie de conséquence utile à la survie et au maintien de son statut actuel. Finalement tout dépendra de l'actualité. De la situation que l'on occupe. Au pouvoir ou au sein de l'opposition. Du moins celle qui est supposée en être. De chaque coté le son reste différent. L'idée identique. Seul le chemin d'accès différencie les acteurs. L'un prône l'existence du moins la voie vers la concrétisation des prémices de cet ETAT, et arbore fièrement l'armada de textes votés ou en passe de l'être fut-il par ordonnance, de l'autre coté on crie à tue-tête à la disparition des droits civiques et au lynchage des libertés publiques et tout le fourre-tout constitutionnel. En fait à quoi servent les dispositions de ce texte qu'est la constitution ou à vrai dire à quoi servent la liberté, la vie, la politique, les présidentielles, etc. ? Un simple édit rendu nécessaire par la modernité de la gestion et obligatoire par la nécessité d'une démocratie à son tour rendue presque incontournable dans le monde. Peuple, ghachis, amas humain ou simple groupement ethnique, on aurait tout juste besoin de pain et d'un peu d'eau. Le Droit et son Etat ou les deux à la fois seront un luxe pour nos pauvres tête-estomacs. Mais comme personne, comme dirigeant, leader ou chef de gouvernement, ne devrait exister ou se prévaloir tel sans nous, il serait judicieux qu'ils nous mettent à défaut d'un grand Etat de Droit, au moins un petit gouvernement disons-le de Droit ! Là, la parité citoyenne, l'élection et la liberté de mourir loin des palais de justice ou des mouroirs pénitentiaires ; deviendront par la logique juridique du pouvoir les premiers poteaux porteurs de l'intouchable idée jamais réalisée de l'Etat de Droit. Il devrait ressembler à l'un des paradis promus aux plus saints des exégètes ou encore à un grand club privé mais national dont l'accès n'est soumis à nulle carte d'abonnement ou ticket de privilège. Il est égal pour tous. Une seule et unique issue. Attention le socialisme était ainsi défini ! Cet Etat édenesque n'est pas pour bientôt. Il est impossible à la construction en préfabriqué. Il est dur. Car son architecture ne peut épouser celle de l'esprit de tous ces maitre-concepteurs et ses maitres d'œuvre. Au sens étroit du terme le multipartisme traduit une pluralité de partis. La multitude ainsi obtenue, à son tour n'est pas sujette à produire la multitude idéologique. Dans cet imbroglio juridico-politique ; c'est au tour de l'Etat non en sa qualité de détenteur d'autorité de puissance publique, mais d'accompagnateur de l'expression idéologique, du desideratum populaire de s'ériger sans le dire, en un appareil de régulation et de synthèse de toute activité devant relever du registre des partis. Louis Althusser parle dans sa définition « des instruments de la domination » des (A.I.E.) appareils idéologiques d'Etat. « Ils permettent de détruire ou de conserver le pouvoir d'Etat ». Ces institutions sont là, créées pour combler un besoin d'adversaires ou parachever un édifice qui devrait avoir l'apparence d'une architecture démocratique et ouverte. Ce besoin, tellement vital pour la survie du système que le pouvoir au nom de la préservation et la pérennité de l'Etat, rend possible tout compromis, deal ou accommodement constitutionnel. L'Etat actuel dans sa forme exécutive par ses fréquentes absences se dissout dans l'opacité et se garde bien d'intervenir là où le calme même précaire est roi. Il amoindrit le choc colérique par la subvention et affaiblit la contradiction par la duplicité. L'émeute est vite éteinte par une satisfaction provisoire quand l'intérêt du système se trouve mis en jeu. Ainsi au lieu d'être l'arbitre impartial au dessous de la mêlée et de la lutte pour l'accaparement des rennes des affaires publiques, l'Etat s'octroie un rôle d'ingénieur dans la conception et d'entrepreneur dans la naissance d'appareils à même de soutenir le cas échéant un programme, un projet ou un contre-programme ou contre-projet. Des partis naissent et s'agréent au même moment où d'autres plus ancrés sont dispatchés, démantelés ou démolis. Le parti deviendra au fur et à mesure des ambitions de ses pourvoyeurs génétiques, une simple machine de production de préséances, d'acomptes ou de dividendes pour services rendus. Il est comme une enseigne commercial, il permet plusieurs actions d'engranger des profits. Les élections sont comme le ramadhan. Une opportunité grandement favorable pour augmenter le va-et-vient des tiroirs-caisses. Les partis en profitent comme le font les détaillants. C'est à la conjoncture nationale de faire peser la balance pour l'un ou l'autre appareil. Selon le degré de l'utilité politique et le jeu tactique de la menace, il sera procédé à la fourniture de l'aide et de l'assistance à un tel en défaveur d'un tel. Un parti à qui l'on octroie des avantages en tous genres, ne peut constituer une menace. Un autre à qui l'on arrange un coup d'Etat envers ses détracteurs internes, ne peut lui aussi être dans la franchise d'une opposition claire et annoncée. Ainsi l'on se copine, l'on se fait des amitiés des plus contre-natures. De la zizanie des autres l'on cherche à faire son entente. Ils ont tous fait les frais de cet équilibrisme difficile. La décadence comme la gloire sont aléatoires et surtout rotatives. Le cycle ne dure pas longtemps. Et l'on assiste à un genre de multipartisme qui s'exerce dans une unicité de vision étatique. Que ce soit à gauche ou à droite, l'Etat comme un Dieu terrestre est omniprésent et agit dans l'ubiquité la plus généralisée. Au centre il gère l'extrémité des indécis et finira par les aligner dans l'une ou l'autre case du système. Cet Etat qui peine à modeler un gouvernement, qui se suspend à un attentisme inutile, qui stimule l'obédience et la génuflexion, qui brande la loi selon les tangentes, qui échoue à assurer une production électrique permanente, qui gère à l'échéance, qui écoute et n'entend pas, qui sait et qui ne fait rien demeure difficilement qualifiable comme tel. A un Etat ordinaire se greffe la notion « d'Etat artificiel » d'où la précarité de l'endurance face aux séismes politiques, qui en pareilles circonstances ne devaient ébranler que la « plinthe » que constitue le gouvernement. Ce n'est pas à la simple crise d'un parti, d'un homme ou d'une institution quelconque, que l'on commence à parler de la disparition de l'Etat. Il doit être là, debout et altier par-devant toutes les péripéties. Mais quand l'intérêt des intestins n'arrive plus à être réjoui par le bourrage alimentaire en produits made in toute espèce confondue ; ce ne sera ni à l'Etat ni à la plèbe d'arrêter le débit de la faim. La boulimie politico-financière. Là les appareils ne seront que digestifs. Loin de l'idéologie nutritionnelle. L'Etat, pour marquer son existence doit s'éloigner de cette image le personnalisant dans un carrefour garni de policiers ou dans un guichet délivrant des extraits de naissance ou de rôle. La confusion qui s'installe dans les paramètres de distinction de l'Etat et ses démembrements n'est pas de la faute des administrés. Si l'on prend un maire pour l'Etat, c'est qu'il se tue pour incarner l'une de ses parcelles prérogatives. Par contre un préposé au guichet municipal représente malgré lui l'entièreté de l'Etat. Le maire étant un élu, l'agent est nommé. Le wali symbole par excellence de l'autorité légale de l'Etat prétend bien le représenter dans toute sa dimension, s'il n'arrive pas à s'immiscer dans certaines affaires où il distille par souci d'ordre public ses injonctions. Il ne peut, cet Etat être uniquement ce sabre devant sévir au refus du fisc ou à l'atteinte d'un feu rouge. Il est plus encaissé. L'on l'imagine agir dans la profondeur de la justice qui doit être égale pour tous, que ce soit dans l'emploi, dans la distribution de la rente ou dans la fourniture de la sécurité. On l'imagine être partout mais par pour survivre mais pour faire vivre. Quelqu'un dirait qu'il ne faudrait pas prendre un couac d'une entreprise nationale pour un revers à imputer à l'Etat. Les failles de Sonelgaz, les retards d'Air-Algérie, la crise rébarbative du carburant et du gaz butane ou les coupures de l'ADE engagent-ils pour autant la crédibilité de l'Etat ? C'est le caractère monopolistique et non le statut commercial juridique de ces entités qui fait que la responsabilité étatique est entière. Le manque de pain, la fermeture des commerces les jours fériés, la flambée des prix, les marchandises avariées, la mauvaise santé sont-ils de l'apanage de l'Etat ? Si non que font donc les services de la régulation et du contrôle ? La débandade des hôpitaux, l'arnaque des cliniques privées, la rupture des médicaments (malgré l'augmentation de plus de 29/ d'importation à aout 2012 par rapport à la même période de 2011), l'accentuation des maladies chroniques, l'insignification de la carte Chiffa ne font pas donner une meilleure évaluation au secteur et à son ministre qui s'enfuient à la moindre statistique négative. Pourtant la santé elle n'est que publique et garantie par la constitution en des termes assez flous « tous les citoyens ont droit à la protection de leur santé ». Alors que dire de la déliquescence de l'éducation nationale. L'ultime salut se confine dans la partance de celui qui est qualifié d'ancêtres des serviteurs ministériels, le père imposé de l'irréconciliable école algérienne. Il est aussi L'Etat, ce chef de secteur vital. Le gardiennage musclé des parkings, la violence incidemment perpétrée, l'incivisme routier, le vol et autres méfaits et larcins quotidiens sont en toute évidence le fait de citoyens et semblent par commission déresponsabiliser. L'Etat en qualité d'auteur, mais l'engagent lourdement comme gardien et protecteur. L'on voit que l'Etat est un ensemble d'actions. Sa grande mission culturelle envers le comportement citadin s'est confinée dans le vacarme des festivals et le gaspillage des deniers publics par office interposé au profit d'artistes moyen-orientaux de basse gamme. La culture aux mains actuelles n'a crée que des collèges culturels. Les uns plus chanceux que les autres, les uns plus cachetés que le reste du monde. Existe-t-il un lien entre la culture et l'enseignement ? Y a-t-il une convention de passée entre les deux ministères pour l'encouragement et l'engouement à la lecture et à la production ? Si l'un a échoué à l'école, l'autre a fait choir la culture. La constitution en son premier article qualifie l'Algérie en une « république démocratique et populaire » suivi juste en article 2 par « l'islam est la religion de l'Etat » ainsi le mot « Etat » utilisé pour la première fois ne va pas connaitre une définition. Pourtant tout un chapitre lui est consacré à partir de l'article 11. Toute démocratie n'est pas forcement une république. Les royaumes connaissent aussi de la démocratie et parfois en grandeur humaine. La république comme forme d'Etat reste la forme politique la plus répandue. Sur 193 pays 136 sont des républiques. Tout Etat n'est forcement pas une république et toute république ne peut se contenir que dans la contexture organique d'un Etat. Ainsi la notion de l'Etat qui « puise sa légitimité et sa raison d'être de la volonté peuple » ne peut proscrire la participation citoyenne à l'édification comme on dit de l'Etat. Si ce citoyen est l'axe acteur privilégié de la démocratie, il est également au cœur de l'Etat. Celui-ci ne tend-t-il pas à agir pour son bonheur et son bien-être ? La république est un régime politique où les fonctions du premier magistrat procèdent d'élections. Il devient en conséquence à cette représentativité le chef de l'Etat. C'est à ce titre qu'il doit garantir sa pérennité et assurer la symbiose de ses agissements. Sa présence active détermine celle de l'Etat. Son absence aussi. L'Etat est une organisation politique et juridique d'un pays. La définition usuelle est universelle. Ses éléments constitutifs sont identiques à tous. Avec ses pouvoirs, son espace, ses institutions, son peuple et sa puissance souveraine. Par contre le gouvernement qui est une partie de L'Etat semble être chez nous l'Etat en personne. Ce pouvoir exécutif tend à incarner dans la conscience sociale tous les pouvoirs. « edouala » est vite rattaché à une lampe grillée dans un réseau éclairage public mal entretenu, dans une mauvaise présentation d'élus ou dans une décision judiciaire paraissant injuste. L'Etat unitaire et la démocratie républicaine, par retournement de sémantique tendent à devenir dans ce slogan chargé de bonne gouvernance un excellent moyen de faire accéder le citoyen à son rêve constitutionnel. Il rêve d'avoir une « daoula ou une houkouma » un Etat ou un gouvernement, des institutions ou des commerçants, peu importe leur différence ou leurs attributions qui puissent le rendre heureux, paisible et rassuré. Un si beau pays, une si grande richesse naturelle, une si héroïque histoire, une si immense vigueur juvénile que manque-t-il pour s'amarrer à la modernité, à l'équité et à la joie nationale ? Les compétences certainement ne manqueraient pas, si elles étaient utilisées là où il le faudrait. Sans intercession ni favoritisme. L'on ne doit plus casser du cossu ou émasculer l'opiniâtreté. Car la diversité dans l'avis n'est pas exclusivement une adversité. Ni la différence, un différent. Ce sont justement ces forces qui ont pu durant cinquante ans construire des structures, des autoroutes et de la haute infrastructure. Il ne reste qu'à leur insuffler l'âme devant pour le bien de tous y aisément siéger. Donner de la vie à la matière est-il un gros dilemme ? Nos gouvernants loin d'être des Omar Ibn El khattab, se doivent de prendre en pitié ce peuple et ne pas le gérer comme l'on ne le fera pas pour sa propre petite famille. Le parti pris, la partialité et le jugement préconçu sont les pires ennemis du manager. Ainsi l'Etat impersonnel aura la face humaine par devant la matérialité des problèmes que connaissent les gens. |
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