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Le
secrétaire général de l'Onu Ban Kimoon, aussi pro-américain soit-il, a la décence
de ne pas céder aux Occidentaux qui lui enjoignent de ne pas assister au sommet
des non-alignés. Dans leur démarche vindicative contre Téhéran, les quelques
pays qui s'érigent en «communauté internationale» à l'exclusion de tous les
autres, finissent par perdre tout sens de la mesure. Le secrétaire général de
l'Onu manifeste le sens politique minimum qui consiste à préserver sa dignité
de diplomate. Une dignité qui aurait été fortement compromise s'il avait éludé
ce rendez-vous des non-alignés qu'aucun de ses prédécesseurs n'a jamais raté.
Le régime iranien n'a certes rien d'idéal mais la campagne systématique dont il fait l'objet a fini par déciller les yeux des plus crédules. Il y a quelques mois, après des années de matraquage, des journaux occidentaux, bien sous tous rapports, ont fait mine de découvrir que l'appel attribué à Mahmoud Ahmadinejad de «rayer Israël de la carte» n'était qu'une pure construction. Il est vrai qu'il a fallu pour cela que Dan Meridor, ministre israélien du Renseignement et de l'Energie atomique, admette que Mahmoud Ahmadinejad n'avait jamais prononcé une telle sentence qui d'ailleurs lui a donné une popularité, imprévue, dans le monde musulman. Mais comme la propagande contre l'Iran fonctionne en pilotage automatique, d'autres médias persistent, malgré ces démentis, à donner pour établi que l'Iran veut «rayer Israël de la carte». La «communauté internationale» réduite au G5 occidental et Israël est pourtant contrainte d'admettre que le secrétaire général de l'Onu participe aux travaux d'un mouvement qui regroupe 118 pays ; et qui peut, sans forcer le trait, affirmer qu'il représente une partie substantielle de la communauté internationale, au sens plein de la formule. Une trentaine de chefs d'Etat participent au sommet de Téhéran. Et même si le mouvement des non-alignés n'a plus l'allant et le dynamisme d'antan, il continue d'incarner une volonté assez largement partagée de ne pas se soumettre au diktat d'un groupe restreint de pays. C'est, en plus du réflexe de préservation de sa propre dignité, la seconde raison qui ne permettait pas à Ban Ki-moon de boycotter le sommet de Téhéran. Même s'il est admis qu'il est largement sous contrôle occidental, le secrétaire général de l'Onu se doit de conserver une marge pour continuer à être un interlocuteur pour les autres Etats du monde. Et le tiers-monde, aussi affaibli qu'il puisse être, ne le lui aurait pas pardonné. Un boycott de sa part aurait été d'autant plus contre-productif que «l'isolement» de l'Iran décrété comme évident par la presse occidentale est à relativiser. L'Iran a une influence régionale indéniable et occupe une position géostratégique importante, en plus de ses relations avec des pays qui «comptent» comme la Russie, la Chine ou le Brésil. Le nouveau président égyptien, Mohamed Morsi, en se rendant à ce sommet rompt avec l'hostilité de commande du régime de Moubarak contre l'Iran. L'Egypte tente de revenir sur la scène internationale et semble développer, sur le dossier syrien, une approche «déplaisante» pour les Occidentaux. Le Caire souhaite en effet, ainsi que l'a demandé en vain Kofi Annan, l'inclusion de l'Iran dans la recherche d'une solution à la crise syrienne. A Téhéran, une communauté internationale diverse et substantielle rappelle, en demandant une «démocratisation» du Conseil de sécurité, quelques évidences à la très médiatique «communauté internationale» autoproclamée. |
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