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Tension persistante à Béni Mestina

par A. Mallem

Après les évènements de la journée de samedi avec le blocage de la route nationale N°3 reliant les wilayate de Constantine, Skikda et Annaba durant plus de 7 heures, la tension reste vive chez les habitants de la localité de Béni Mestina dans la commune de Didouche Mourad, qui exigent désormais la venue du wali pour se rendre compte de lui-même de la situation qu'ils vivent, disent-ils.

C'est la condition qu'ils ont posée aux éléments de la gendarmerie nationale en consentant à libérer la voie aux environs de 14h30, et ce après avoir refusé de dialoguer avec le président de l'APC et le chef de la daira de Hamma-Bouziane de laquelle dépend la commune de Didouche Mourad.

Mais avant de se retirer, les manifestants disent accorder un délai de 3 jours aux autorités à différents échelons pour répondre positivement à la plate forme de revendications qu'ils ont présentée et pour la venue du wali dans leur mechta. Devant les caméras de la télévision nationale qui a diffusé des images de la manifestation dans le journal de 20h, les habitants de Beni Mestina ont tout déballé, en citant pêle-mêle, l'isolement complet, dans lequel est plongée leur localité en citant en tête de la liste, le problème de la route qui mène au hameau et l'abandon du programme d'amélioration urbaine, dont nous avons rendu compte dans notre envoi d'hier.

Ils ont ajouté le manque d'adduction au gaz naturel, l'habitat rural, le chômage des jeunes, l'absence de transport, etc. Interrogé sur place par la télévision, le chef de daira a évoqué notamment le problème d'eau, dont souffre la localité en mettant l'accent sur les difficultés d'amener cette ressource vitale dans les zones escarpées de Béni Mestina. Par contre, le maire de la commune, M. Tahar Boucheham que nous avons réussi à contacter hier, a atténué ces difficultés en affirmant que la population de Béni Mestina s'approvisionne à plusieurs sources aménagées dans ce secteur par sa commune qui a tenu à ramener l'eau dans les domiciles. « Sans que les habitants ne déboursent un sou vaillant pour cette prestation », a-t-il tenu à préciser.

Aussi, pour le maire de Didouche Mourad le motif principal qui a poussé les habitants à couper la route est le problème de l'achèvement de la route qui conduit à leur localité, ainsi que celui du programme d'amélioration urbaine. Et les autres revendications sont venues s'y greffer, après qu'ils eurent constaté l'ampleur médiatique prise par leur action. « C'est un fait que Béni-Mestina, une localité de 700 âmes, n'a commencé à bénéficier de quotas d'habitat rural qu'en 2008, à cause surtout de l'absence d'assiettes foncières », dit le maire. « A cette date, elle a reçu un quota consistant de 38 unités, ensuite plus de 200 durant les années suivantes. En tout, jusqu'à à aujourd'hui, Béni Mestina en a obtenu plus de 250. C'est vrai qu'il y a beaucoup d'insuffisances dans cette localité rurale en pleine mutation », a reconnu encore M. Boucheham en signalant qu'il n'y a pas de lieu de distraction dans la localité « parce que, d'une part, on n'a pas trouvé de terrain et d'autre part les moyens de financement manquent pour réaliser la maison de jeunes qui est inscrite au programme. Il n'y a pas, non plus d'internet et peu de téléphones fixes alors que la commune a donné toutes les facilités à Algérie Télécom », a-t-il ajouté en continuant sur sa lancée pour dire qu'il y a à Béni Mestina, une école qui accueille 110 élèves, un bureau de poste, un centre de soins, une antenne administrative et une mosquée. « Mais le problème est que la quasi majorité des manifestants sont des adolescents, dont l'âge ne dépasse pas 20 ans, des jeunes avec lesquels un dialogue responsable est pratiquement impossible », a conclu le maire.