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Les autorités marocaines se sont bien mises dans une
impasse avec l'Onu en «retirant la confiance» à Christopher Ross, l'émissaire
du secrétaire général de l'organisation internationale pour le Sahara Occidental.
Tous les efforts de la diplomatie marocaine pour en minimiser l'importance en
essayant de mobiliser les alliés sont sans effet. Le secrétaire général de
l'Onu a indiqué qu'il ne transigerait pas sur cette question. Son homme pour le
Sahara Occidental, c'est Christopher Ross. Et la médiation ne changera pas de
nature. C'est dit de manière la plus officielle qui soit dans un communiqué de
l'Onu évoquant une conversation téléphonique entre Ban Ki-moon et le roi
Mohammed VI.
Même si le secrétaire général de l'Onu a officiellement salué la »contribution importante» du Maroc aux efforts de paix de l'Onu, son message de soutien à Christopher Ross ne souffre d'aucune équivoque. Il pose de ce fait un problème sérieux au pouvoir marocain qui s'est, de l'avis même d'une partie du personnel politique local, précipité de «retirer la confiance» sans en mesurer les conséquences. De fait, le soutien pré-acquis de la France à tout ce que fait Rabat sur le Sahara Occidental a été sans incidence et n'a pas atténué les réactions de défiance à l'égard d'un «retrait de confiance» totalement injustifié. Même les Etats-Unis qui ont fini par pencher vers le plan marocain d'autonomie n'ont pas admis la manière cavalière avec laquelle Rabat a essayé de signifier à Christopher Ross sa fin de mission. Récemment, dans un entretien à un journal saoudien paraissant à Londres, le ministre marocain des Affaires étrangères, Saad-Eddine Al-Othmani, a affirmé que le secrétaire général de l'Onu avait «besoin d'un temps suffisant» pour admettre le retrait de confiance. La réponse est venue, transmise directement au roi. Le secrétaire général de l'Onu est d'autant plus ferme que les Américains ont signifié sur tous les tons qu'ils «soutiennent le processus onusien au Sahara et Christopher Ross en fait partie». On voit mal comment le Maroc pourrait sortir de cette impasse sans renoncer à son «retrait de confiance». Il ne reste qu'à constater le paradoxe d'une situation créée par les autorités marocaines qui les met dans une posture inconfortable vis-à-vis de l'Onu et des pays occidentaux «alliés». L'agacement des autorités marocaines à l'égard de l'intérêt de Christopher Ross pour les questions des droits de l'homme au Sahara Occidental - et les raisons de s'y intéresser sont nombreuses - justifiait-il une telle prise de risque ? A l'évidence, les autorités marocaines ont cru que le parapluie français - qui a bien fonctionné pour neutraliser au cours des deux dernières décennies la mise en application des résolutions sur l'autodétermination - était suffisant pour faire passer la pilule au secrétaire général de l'Onu. Or, si la diplomatie française s'est montrée très «compréhensive» à l'égard de la décision marocaine dont elle s'est contentée de «prendre acte», sa capacité à amener Ban Ki-moon et les Américains à accepter le caprice de Rabat ne s'est pas vérifiée. Le message de Ban Ki-moon est un échec du roi que le ministre Al-Othmani devra endosser en bon fusible. |
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