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Des formes qui
reprennent une image, presque le contenu d'une supposée appartenance culturelle
qui n'est pas forcément négative comme aspiration puisqu'elle représente le
sceau d'une démarcation sociale.
En Algérie l'on a recouru à ce type de codification pour signifier la différence qui oppose les Algériens aux Français culturellement parlant. Seulement ils ne se rendaient pas compte, nos Algériens, qu'ils n'ont fait que continuer, jusqu'à même l'appauvrir, un code que les Français ont créé dans des circonstances particulières pour mieux assoir leur architecture européenne dans nos villes d'Algérie. C'est ce qui est couramment reconnu sous l'appellation néo-mauresque (François Béguin et Nabila Oulbsir). La dégradation que cette architecture a connue depuis l'indépendance, nous l'avons rangé dans notre concept « néo néo-mauresque » présenté par l'architecte enseignant Monsieur Zerouki Hmed à Tunis en 2011. En d'autres termes, nous entendons par ce concept le folklorisme au sens péjoratif du terme qui a culminé avec Bouchama, celui là même qui « a maltraité » selon les termes de Deluz la grande mosquée d'Alger. D'autres formes se sont multipliées depuis les années 1990. Le caractère les regroupant est l'usage à outre mesure du mur-rideau de verre. Certains dont nous faisons partie d'ailleurs ont essayé de susciter moult polémiques autour de ce type de façade. Pour des raisons liées au climat et à la culture de la région. Cette façade est de facture architecturalement anonyme. Les critiques la classent généralement dans le registre des modernes des années 1920-1950, de l'universel et eu quelques égards de l'international. Nos professionnels recourent à ce type d'écriture sans visée particulière, car elle leur offre tout simplement la possibilité de ne pas dépenser un grand effort intellectuel. Ils font passer cette « tradition sans valeur » (F.L. Wright) pour du progrès ; un progrès impropre à la supposée identité algérienne. Le troisième groupe d'architectes développe un discours plutôt dogmatique autour de l'architecture, dont les évolutions remontent au dix-septième siècle. Dans ce registre où la priorité est généralement donnée au langage des matériaux, au désir des matières, à la discipline que permet la géométrie et aux abstractions des jeux de contraste et de lumière, les critiques anglais ont souvent opposé Pugin, Viollet-le-Duc, Wright et les idées contradictoires, puisque progressistes et traditionalistes de Le Corbusier. Les architectes appartenant à ce courant prétendent détenir la vérité dans le faire, et développent une philosophie de l'espace dont il leur semble qu'ils sont les seuls à la saisir. Bien sûr je parle des grands architectes, et non pas des suiveurs qui transgressent, voire trahissent généralement les idées des maîtres (Jean-Jacques Deluz). Il ressort de ce bref survol de l'état de l'architecture en Algérie que la situation est alarmante, qu'il n'y a pas de grand architecte algérien à l'opposé de ce que j'ai prétendu auparavant par maladresse, d'abord à cause de l'inexistence d'un véritable projet visionnaire de l'architecture dans notre pays, ensuite parce que nos architectes professionnels ont tendance à dénigrer la théorie. Il leur échappe donc que les architectes qui leur servent de références sont forgeurs de grandes théories ; il faut lire ce que Le Corbusier a écrit à propos de l'architecture inversée du M'Zab, ce que Wright a noté à propos de l'architecture au service de l'homme, « L'histoire de l'architecture » d'Auguste Choisy concernant les savoir-faire au sens technique et social du terme dans le domaine de la construction depuis les plus anciennes civilisations. La réduction de l'architecte au stade appauvri de professionnel est une fatalité. Comme beaucoup l'ont fait bien avant moi je ne pense pas du tout qu'il ait une théorie sans pratique comme une pratique sans théorie en architecture. J'irai plus loin, je dirai comme un certain nombre d'observateurs de l'architecture dans le monde qu'en architecture c'est la théorie, le discours, le sens critique, le regard critique, la critique qui prévalent. Sans ces outils qui manquent horriblement à nos professionnels nous sommes condamnés à produire des villes désagréables à vivre. J'en arrive donc à l'une des questions que je voulais absolument aborder. A quoi sert une maison de l'architecture dans cette pauvreté architecturale que nos villes subissent ? Il ne faut surtout pas que cette maison soit un simple lieu d'effectuation de formalités bureaucratiques. Car connaissant l'état de l'architecture et de nos architectes elle ne peut être que cela. A quoi ressemblerait-elle ? Faut-il trainer derrière soi un projet médiocre comme l'est déjà le bâtiment du département d'architecture d'Oran ? Je crois que ce projet n'est pas nécessaire, d'autant plus qu'il ne semble pas être celui des architectes, mais plutôt celui de l'autorité politico administrative laquelle ne dispose pas au même titre que les professionnels d'une idée claire de ce que doit être « l'architecture nouvelle » de l'Algérie de demain. Je conclue ce papier en disant que la demande en architecture de notre société n'a pas encore suffisamment évolué. Nous avons souvent mentionné l'absence de l'Etat qui ne donne pas l'exemple, et qui favorise l'effectuation de projets sans aucune valeur architecturale. Mais vous avez aussi le citoyen, le promoteur qui n'exigent pas l'excellence et qui recourent généralement à des diplômés d'architecture qui se plient totalement à la pauvreté de la commande, pourvu qu'ils amassent beaucoup d'argent. Vous comprendrez alors pourquoi les bons ne trouvent pas leur place? * Architecte-enseignant |
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