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(On entre en politique avec un bel avenir devant soi et on en sort avec un terrible passé.) Proverbe italien Il s'achève enfin, le plus mauvais quinquennat municipal que l'Algérie ait, probablement, connu depuis 1967 où fut instituée la première mandature élective locale. Il est loin et même très loin, le temps où le Président de l'Assemblée populaire communale, flanqué de son rustique Garde champêtre, en mettait plein la vue à tout quidam tenté de transgresser la Loi. Moyennement lettrés, parfois même analphabètes, les «Chouyoukh El Baladia» avaient du bagou, leur voix portait très loin et leurs décisions irrévocables. Ils ne rencontraient que rarement leur tutelle qui était souvent, à des centaines de kilomètres. Ils usaient, ingénieusement, de l'appui des clans et des notabilités locales appelées, jadis, grandes tentes. La chose administrative, rébarbative et hiéroglyphique pour leur entendement, était confiée au chevronné Secrétaire général qui lisait la loi. Le bureau, poussiéreux d'ailleurs, le parapheur flambant neuf pour n'être utilisé que rarement, ne constituaient pas les sceaux de leur gouvernance. Ils opéraient beaucoup plus à l'extérieur des murs du «bunker» que derrière les portes capitonnées. Ils n'avaient, aucunement, besoin de consacrer des jours de réception ; ils recevaient leurs administrés, au marché, dans la rue, au cours des funérailles et autres événements que la commune vivait. En matière de moyens logistiques, ceux-ci se résumaient à une archaïque guimbarde, héritée le plus souvent du parc roulant de la wilaya. Actuellement, on ne contentera pas moins d'un SUV ou d'une berline haut de gamme, le prestige princier n'a pas de prix, même si les finances de la collectivité sont au plus bas. Les téléphones cellulaires et l'abonnement à plusieurs opérateurs sont démocratisés. Pour flouer le receveur communal ou le contrôleur financier chargé du contrôle de la dépense, on invoquera volontiers, l'utilité de service. Les réceptions et autres occasions festives prennent le plus clair du temps des élus au détriment, de celui qu'on pourrait consacrer aux affaires des électeurs. Nous nous rappelons tous, de l'éloge fait à l'endroit des nouveaux élus. On disait d'eux qu'ils étaient dans leur majorité, jeunes, beaux et intelligents. Plus de soixante pour cent (60%) avaient fréquenté les bancs de l'université. Le résultat final est fatalement peu reluisant. La plus cardinale des missions d'une collectivité communale c'est d'abord, la salubrité publique. Or que constate-t-on à chaque virée que nous faisons à peine le pied dehors? Des rues défoncées plus que jamais, des dépotoirs à ciel ouvert, des gravats et des rebuts éternels qui jonchent les artères et voies principales de nos villes et hameaux. Un réseau inextricable de câbles, plus ou moins, dangereux survole l'espace commun. Les supports éventrés de l'éclairage public, dardent leurs fils mortels et à portée de main. L'emblème national n'a probablement jamais connu plus hérétique désinvolture que ces temps derniers. On le retrouve dans les caniveaux et autres lieux sordides. Une serviette de plage aux couleurs nationales est apparue, récemment, sur le marché sino-algérien. Les restes de jardins publics enguirlandés par des sachets en plastic multicolores et les terrains vagues qui vomissent leurs souillures, ne font plus honte à voir. Les faméliques et boiteux chiens et chats errants cohabitent sereinement avec les riverains. Heureusement que la densité du félidé a, sensiblement, diminué avec la prétendue consommation de sa chair par des résidents asiatiques. Quant aux règles d'urbanisation, celles-ci ont pris un sacré coup de pioche depuis les défuntes Délégations communales. Leurs retors blancs seings ont durablement, entaché l'acte de gestion de l'espace public. Les enclaves et poches spatiales édifiées impunément, ont transformé des ilots entiers en hideux magmas urbanistiques. Les dépôts et les R+3 en ligne continue, caractérisent le nouveau bâti national supposé refléter, plus tard, le label civilisationnel. Grotesques ces colonnades et donjons nostalgiques couverts de toitures baroques et inesthétiques. Le verre fumé et l'aluminium aux couleurs extravagantes tentent, lamentablement, de moderniser le drame urbain. Le mobilier urbain dont s'est accaparée pour l'essentiel, une entreprise connue sur la place, n'arrête pas de proposer des supports et autres luminaires «rétro» qui sous d'autres cieux, ajouterait une touche esthétique indéniable. Fait sans étude ni consultation, cet habillage mobilier devient incongru dans des espaces non traités : terre- pleins poussiéreux, ravines ou carrément en plein champ. Le dernier-né de ces attributs est l'abri bus vitré ; extratemporel en zone rurale, il sera vite phagocyté par l'environnement immédiat, fait de boue et de poussière s'il échappe, toutefois, à la déprédation et aux actes de vandalisme. L'édile se plaint de n'avoir que peu de prérogatives dans le registre de la résorption du désœuvrement de jeunes et de l'habitat précaire, mais trouvera les ressorts pour caser ses proches par le truchement des passes droits dont il aura tissé les fils d'Ariane au cours de son mandat électif. Il ne manquera pas de souscrire au logement LSP à défaut de se créer une coopérative immobilière. Les lendemains de mandats déchantent quand les lampions se sont éteints. Cruel, l'environnement social est sans pitié pour ceux qui n'ont pas su profiter de l'aubaine de la curée. Nous ne terminerons pas ce dur réquisitoire sans paraphraser, ce cynique monstre sacré de la politique qu'a été H. Kissinger et qui disait : «C'est vraiment dommage que 90% des politiciens donnent une mauvaise réputation aux 10% qui restent». Il y aura toujours eu d'intègres élus qui n'ont, certainement, pas fait l'unanimité autour d'eux, mais dont le départ est ressenti comme une perte. |
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