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Tournant ? Le début de guérilla urbaine dans les rues
de Damas et l'attentat qui a coûté la vie à des hauts responsables des services
de sécurité syriens l'attestent bien. Le problème est de savoir de quel
tournant il s'agit. Les lectures dominantes - qui expriment clairement un
souhait - pensent à un effondrement du régime. Certains voient même Bachar
Al-Assad en exil à Téhéran et le général Manaf Tlass qui vient de faire
défection comme un homme possible de la transition. Après être resté
silencieux, il vient de se manifester par un communiqué appelant à une sortie
de crise «au travers d'une phase de transition constructive qui garantisse son
unité, sa stabilité et sa sécurité ainsi que les aspirations légitimes de son
peuple». Mots pesés. Pas de ralliement franc à l'opposition, pas d'appel au
départ du président Bachar Al-Assad. Il ne coupe pas le «cheveu de Mouaouiya»
et il escompte, plus des Occidentaux que des opposants, un rôle dans la
transition.
La situation syrienne étant allée très loin, on serait prêt à souhaiter une solution qui abrègerait les souffrances de ce pays et le sortirait de son état d'agonie. Sauf que les désirs ne sont pas des faits. L'opposition est de mieux en mieux armée et équipée, elle est même dans une posture offensive, mais a-t-elle la capacité d'en finir rapidement avec le régime ? On peut en douter. Les opérations menées à Damas et l'attentat kamikaze sont annonciateurs d'une généralisation des combats, pas d'une issue militaire à la crise. Les Syriens passeront, c'est une certitude, un Ramadhan sanglant. Le régime a promis de «nettoyer» le pays des «terroristes», l'opposition annonce un «volcan». Mais ce qui risque d'arriver est l'installation dans une situation de guerre d'usure avec une population qui s'arme et s'organise sur une base confessionnelle. Il y a potentiellement à l'issue de cette guerre d'usure, la fin de la Syrie et l'émergence d'au moins quatre entités affaiblies et très fortement dépendantes des soutiens extérieurs. L'option d'une transition incarnée par le général Tlass paraît très faible. Il n'est pas en odeur de sainteté chez les opposants, et notamment le courant islamiste dominant, et pour les Russes, il est sans crédit dès lors qu'il s'est placé sous protection «occidentale». Ni solution militaire, ni solution Tlass ! Et la Syrie ne peut escompter, du moins dans l'immédiat, une solution externe fondée sur une miraculeuse et soudaine entente entre Moscou-Pékin d'un côté et les Occidentaux et les émirats du Golfe de l'autre. Il y a bien une confrontation entre Moscou et les Occidentaux. Elle porte, au-delà de la Syrie, sur le droit unilatéral des Occidentaux de s'ériger en expression exclusive de la «communauté internationale». DU POINT DE VUE DES PUISSANCES, CETTE QUESTION N'A RIEN D'UN ENJEU SECONDAIRE, LES RUSSES ET LES CHINOIS AYANT VU DANS L'EPISODE LIBYEN UN INTOLERABLE MEPRIS DE LEUR STATUT INTERNATIONAL. EN DEFINITIVE, DU POINT DE VUE INTERNE COMME EXTERNE, LA SYRIE EST UN CAS PARFAIT DE CRISE OU AUCUN ACTEUR N'A CHERCHE UN ARRANGEMENT, UN COMPROMIS. ET OU LES VIOLENCES ET LES HAINES ACCUMULEES CONTRAIGNENT LES ACTEURS A NE PAS RECULER, A ALLER JUSQU'AU BOUT DE LA CRISE, JUSQU'AU BOUT DE LA SYRIE. JUSQU'A LA FIN DE LA SYRIE. C'EST MALHEUREUSEMENT EN MARCHE? INEXORABLEMENT. IL N'Y A PAS DE MODERATEURS DANS CETTE CRISE SYRIENNE, IL N'Y A QUE DES PYROMANES ! |
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