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20 milliards de dollars. C'est, selon le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, le chiffre rond de la perte, sur un an, des recettes pétrolières de l'Algérie, en cas de poursuite de la chute du baril. Une perspective qui n'est pas exclue, sous la double conjonction du pompage à outrance des Saoudiens et de la crise économique en Europe.Après les responsables de la Banque d'Algérie et le ministre des Finances, Karim Djoudi, c'est donc au tour du ministre de l'Energie d'agiter le «warning» économique. «Nous avons perdu 30 dollars depuis le niveau qu'avait atteint (le baril de pétrole) depuis quelques mois, 30 dollars c'est une chute drastique et sur une année cela représente, pour nous, entre 18 et 20 milliards de dollars de revenus en moins et d'exportation en moins, ceci est inquiétant», a-t-il déclaré, hier, à la Radio Chaïne III. Et l'action au niveau de l'Opep paraît improbable malgré l'appel de certains pays membres à la tenue d'une session extraordinaire pour répondre à un marché clairement sur-approvisionné. Le ministre de l'Energie, sans l'exclure, a en effet, indiqué qu'il n'y avait pas de réunion de l'Opep pour essayer d'ajuster l'offre afin de préserver les prix. Il estime qu'il y a un excédent de 2 millions de barils, alors que les stocks des pays industriels sont élevés et la consommation faible. Le ministre a expliqué cet excès dans l'offre par des raisons «probablement politiques». Il n'a pas donné de détails sur ces «raisons politiques», la journaliste ayant fait preuve de «retenue», a choisi de ne pas le relancer sur cette question. Elle est pourtant centrale et concerne l'Arabie Saoudite, l'acteur dominant au sein de l'OPEP. L'Arabie Saoudite avance, officiellement, qu'il ne faut pas aggraver la crise économique européenne et aller vers des prix raisonnables qui n'entravent pas la croissance. Mais plus prosaïquement, tous les observateurs notent que cet excès de production des pays du Golfe et notamment de l'Arabie Saoudite a préparé l'entrée en vigueur, le 1er juillet, de l'embargo européen sur le pétrole iranien. Et si la chute des prix a été légèrement stoppée, c'est en raison des appels lancés en Iran à la fermeture du détroit d'Ormuz au trafic pétrolier en riposte à l'embargo. LES INVESTISSEMENTS MAINTENUS Le ministre a choisi délibérément de ne pas être trop loquace sur ces aspects politiques. Il a néanmoins tenu à rassurer sur le fait que la baisse des prix du pétrole n'affectera pas les projets d'investissements lancés par le gouvernement. L'Algérie maintiendra notamment des projets gigantesques de l'ordre de 15 à 20 milliards de dollars chacun, l'un dans le domaine de la production des engrais, le second pour la construction de cinq raffineries. La baisse du prix de pétrole «ne doit pas remettre en cause nos investissements». Selon lui, le ministre des Finances, en parlant de la réduction des dépenses, «visait les dépenses de fonctionnement. Il n'a jamais visé une chute des investissements du pays, en matière d'équipements, (dans ce cas) c'est toute la croissance qui va s'arrêter». Le ministre de l'Energie tenait ainsi à corriger les interprétations de la presse à propos des mises en garde de Karim Djoudi. Les mises en garde ne concernent que les dépenses de fonctionnement qui ont trop augmenté , ces dernières années, et qu'il faudra «rationaliser». Cela mérite de plus amples explications, les dépenses de fonctionnement n'étant pas, sans risque politique, compressibles. A moins que les messages qui se multiplient ne soient destinées à informer les Algériens que le temps est à une certaine «rigueur» et qu'il ne faut plus s'attendre à plus de largesses en matière de salaires voire de soutien au prix. APPEL A MODERATION La communication gouvernementale se garde pour l'instant à indiquer, de manière précise, par quels moyens on comprimera les dépenses sachant que les réductions des dépenses ont déjà été amorcées lors du précédent exercice. Sur un autre chapitre et sans utiliser le mot, le ministre de l'Energie a admis que Sonelgaz est contrainte de recourir au délestage durant les heures de pointe, en relevant que la consommation durant les heures de pointe (13h -15h) connaissait une hausse pouvant aller jusqu'à 30%, alors que les prévisions tablaient sur une augmentation plus modérée de 7%. Dans ce domaine, il a confirmé que les investissements nécessaires seront bien engagés même si cela peut prendre du temps. Il a souligné que l'accroissement de la consommation de l'électricité tourne autour de 14% par an et qu'il sera nécessaire de doubler les capacités de production, en 5 ans. En termes d'investissements cela représentera 10 milliards de dollars. En attendant, il appelle les Algériens à consommer avec modération l'électricité durant les heures de pointe. |
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