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Ainsi donc et
selon certains observateurs de l'évolution de la relation algéro-française,
nous devrions faire preuve d'équité lorsque notre mémoire torturée nous
interpelle. Et selon que l'on soit d'une rive où de l'autre de la méditerranée,
la perception de ce que fut l'une des pages les plus douloureuses de notre
passé ne serait plus la même. Le départ massif d'Algérie, à l'indépendance, de
populations d'origines européennes, avec tout ce que le déracinement peut
comporter de déchirures, serait-il donc un fait majeur de cette longue nuit
coloniale dont les affres ne furent finalement subies que par les seules
populations autochtones pendant plus d'un siècle ?. Et certains historiens ont
sans doute bien raison de dire que l'éclairage de l'histoire de toute la
colonisation est nécessaire tant la lutte pour l'indépendance nationale ne fut
finalement que le segment qui cristallisa toutes les douleurs et toutes les
souffrances endurées par le peuple algérien depuis 1830 et qui leur donna un sens
par la perspective de l'indépendance nationale et de la liberté. Le travail des
historiens doit s'accomplir et l'examen de ce tragique passé, partagé mais
différemment subi, initie des opportunités de collaboration, permet de nouer
des relations d'amitié et apaise parfois les mémoires tourmentées. Mais il ne
libère pas les consciences car la souffrance est toujours pesante tant la
douleur que fut la colonisation française de l'Algérie est réelle. Et les
exactions commises contre le peuple algérien attendent toujours d'être
reconnues.
Le défrichement de ce passé doit également être l'œuvre d'historiens algériens car il s'agit aussi de s'émanciper de toute tutelle intellectuelle et de pouvoir enfin fournir soi-même les efforts nécessaires à l'accomplissement de ce travail gigantesque qui reste à notre portée et ce bien que tributaire aussi de la réappropriation de notre mémoire amputée par le départ massif de nos archives, y compris d'avant la colonisation, qui doivent nous être, dans un acte fondateur d'une nouvelle relation algéro-française, restituées. Mais seul l'avenir nous dira si les relations algéro-françaises seront libérées du poids du passé et du lourd contentieux de la colonisation de l'Algérie et si les prometteuses perspectives de coopération, l'amitié entre les peuples, les flux et la densité des échanges et enfin les exigences de la géopolitique imposeront le pragmatisme et la nécessité de la reconnaissance officielle. L'heure est à la célébration, à la mémoire et au souvenir de celles et de ceux qui ont consenti le sacrifice suprême pour l'Algérie. Il n'y aura de place ni pour la nostalgie du colonialisme, ni pour l'auto-flagellation, ni pour les regrets mais ni aussi pour l'autosatisfaction militante. La célébration de notre indépendance ne nous évitera pas de faire aussi le bilan de nos cinquante années d'indépendance qui reste morose et dont la responsabilité nous incombe à nous et à nous seulement. Il plombe parfois notre enthousiasme mais il ne changera pas nos convictions. L'indépendance a été acquise en 1962. Elle était inéluctable. Mais il nous faudra maintenant écrire une nouvelle page. Celle de la reconquête de notre liberté, de l'accès à la prospérité et au développement et de la construction d'un véritable état de droit. Bonnes fêtes et gloire à nos martyrs. |
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