|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
L'histoire de l'immigration est marquée par deux attitudes: avant le 5 juillet 1962, jour de l'indépendance et après, depuis 50 ans. Engagée dans le combat libérateur durant la guerre, l'immigration s'amplifie après l'indépendance et s'implique de moins en moins dans la reconstruction du pays libéré. Paradoxe. Un constat: quelques 220.000 algériens immigrés sont recensés en France durant la guerre de libération, au début des années cinquante. Ils sont aujourd'hui près de 1,5 millions, selon le gouvernement français et plus de 4 millions selon les statistiques algériennes. On l'aura compris, l'Algérie comptabilise ceux ayant la double -nationalité, algérienne et française. Certains démographes et statisticiens avancent le chiffre global de 6 millions vivant sur le sol français. Endéans la progression démographique naturelle qui a vu le doublement de la population algérienne dès les premières années de l'indépendance, le mouvement migratoire vers la France s'est accéléré après l'indépendance. Bien sûr les raisons de ce flux migratoire sont d'ordre économique pour les algériens, comme pour la France qui avait un besoin de main d'œuvre. Le rôle de l'immigration dans le soutien à l'économie algérienne n'était pas négligeable : soutien financier aux familles restées au pays, construction de biens immobiliers privés etc. Cette implication directe dans le développement du pays nouvellement indépendant va faiblir, jusqu'à devenir insignifiante à partir des années quatre vingt- dix. Divers facteurs sont à l'origine de se « désistement » de l'immigration dans son implication dans le développement du pays : situation politique, crises diverses et répétées, violence des années quatre vingt ?dix etc. L'attitude de l'immigration post-indépendante contraste grandement avec celle durant l'occupation coloniale de l'Algérie. En effet, quoique relativement moins importante qu'aujourd'hui, l'immigration avait épousé la cause nationale en s'y impliquant sur tous les plans: soutien financier, combat sur le terrain, militantisme actif?A titre d'exemple, les cotisations financières au profit du FLN durant la guerre de libération oscillaient entre 400 et 500 millions de francs chaque mois. Soit près de 6 millions d'euros d'aujourd'hui. Au plan de l'engagement dans le combat libérateur, la Fédération de France du FLN comptait dans les années 1956-58, plus de 150.000 militants sur les quelques 220.000 qui vivait sur le sol français. Par ailleurs, plus de 2.000 martyrs sont recensés entre 1956 et 1960, ainsi que plus de 8.000 blessés Cet engagement dans le combat a valu le qualificatif de 7ème wilaya à la Fédération de France. C'est dire combien la vie de l'immigration était liée à celle du pays d'origine. Cet amour du pays sera encore ardent dans les premières années de l'indépendance. Beaucoup d'immigrés retourneront au pays libéré. En revanche, le mouvement va s'inverser dès la fin des années soixante, et l'on assistera à un flux plus important vers la métropole française (et ailleurs dans le monde). De plus, l'apport financier au pays s'amenuise ces dernières années. Eurostat, l'office des statistiques européennes estime à 282 millions d'euros le volume du transfert financier légal (via les banques et postes) vers le pays pour l'année 2007, par exemple. Bon -an, mal- an, ce volume excède rarement les 300 millions. En revanche le transfert via le réseau informel (illégal) dépasse les 5 milliards d'euros, selon les estimations de spécialistes de la question. Au plan politique, les partis algériens n'arrivent pas à fédérer l'immigration. Les militants de partis politiques ne dépassent jamais quelques centaines, parfois quelques dizaines. La mobilisation lors de scrutins nationaux est très faible, excepté le scrutin présidentiel. C'est un autre paradoxe qui distingue le comportement politique de nos compatriotes vivant à l'étranger. Cependant, et c'est là un aspect positif, la communauté algérienne en France et ailleurs est très concernée par la vie associative du pays d'accueil. Nos compatriotes militent dans un très grand nombre d'associations civiles touchant à tous les domaines de la vie sociale et culturelle. C'est à travers ces associations qu'ils célèbrent, depuis le début de cette année 2012, le 50ème anniversaire de l'indépendance. Des conférences, cycles cinématographiques, expositions ou tout simplement des soirées musicales ont eu lieu et continueront jusqu'à la fin de cette année, avec des événements en apothéose le week-end du 5 juillet. Cette « nouvelle vie » de la communauté immigrée contraste avec celle des parents. Les jeunes immigrés portent, certes, le pays dans leur cœur sans pour autant s'investir comme leurs parents durant la période de la guerre. Mieux, le mouvement national algérien n'est-il pas né d'abord dans la métropole française ? L'Etoile nord africaine a été fondée en 1926 en France par Messali Hadj, Si Djilani, Amar Imache etc. des travailleurs immigrés et qui ont élu à la présidence d'honneur, L'Emir Khaled, petit fils de L'Emir Abdelkader, exilé alors en Egypte. L'histoire de l'immigration algérienne reste, toutefois, peu étudiée et beaucoup de ses séquences mériteraient l'intérêt des chercheurs et universitaires. C'est peut-être le moment en ce 50ème anniversaire de l'indépendance. |
|