Quel
est le point commun entre l'Algérie, la France et les Etats-Unis d'Amérique ?
Aucun, si ce n'est le mois de naissance. Un juillet qui a vu l'indépendance des
trois pays, en l'espace de deux semaines étalées sur plus de 230 années
d'histoire. Mais en dehors de la coïncidence du calendrier, rien ne converge
dans le passé de ces trois nations hormis les fondamentaux qui ont poussé les
peuples américain, algérien et français à s'émanciper. Si pour les USA, le 4
juillet est devenu l'Independence Day, il le doit en grande partie à un texte
politique par lequel les Treize Colonies britanniques d'Amérique du Nord ont
fait sécession du Royaume-Uni. Le 14 Juillet français, commémore, quant à lui,
la prise de la Bastille, en 1789, et a marqué le début de la Révolution
française. Quant au 5 Juillet national, il signifie le début de l'indépendance
algérienne. Pourtant qu'en est-il de ces trois destins, deux bicentenaires et
le dernier a à peine l'âge de raison, après avoir pleinement consommé leur
indépendance ? Que reste-t-il des valeurs originelles qui ont fait que des
hommes et des femmes finissent par prendre les armes pour forcer la main au
destin ? Aux USA, le patriotisme n'est pas un vain mot et chaque jour qui passe
sous la bannière étoilée est une occasion pour le prouver. Entonner l'hymne
national à l'école, au stade ou ailleurs fait partie d'une culture inculquée au
biberon et quoi qu'il arrive, l'amour de la patrie reste le lien commun entre
les Américains quelle que soit leur origine. Là-bas, être citoyen américain est
une fierté qu'on exhibe dans les quatre coins du monde et Washington est prêt à
tout pour défendre le dernier de ses citoyens où qu'il se trouve. Même si ce
patriotisme chevillé au corps prend, parfois, des allures de chasse aux
sorcières avec le « patriot act » ou le Maccarthysme, il n'en demeure pas moins
que les feux d'artifice tirés, ce jour, sont plus qu'un spectacle
pyrotechnique. En France, le 14 Juillet n'a nullement découragé les Français à
semer la mort sur de nouvelles terres. Puisant dans des valeurs nobles, la
France, dès qu'il s'agit de coloniser, de torturer et de tuer des peuples
désarmés, les a piétinés sous la botte de l'intérêt national. A chaque 14
Juillet, la France ouvre ses casernes, sort son artillerie et lâche ses avions.
Un défilé militaire à la gloire du passé colonial de la République.
L'indépendance française a ouvert grandes les portes de la colonisation des
autres pays, encouragée par l'hypocrisie de l'époque qui voulait que «Liberté-Egalité-Fraternité»
ne soit apposé qu'au fronton de la seule république française. Le destin ou un
éventail a voulu que cette indépendance fasse le deuil d'un pays entier. En
1830, l'Algérie est envahie. 132 années plus tard, des millions de tombes creusées
par les insurrections, les maladies, les famines et la guerre de Révolution,
l'Algérie était indépendante. Mais cinquante ans après, que garder de ce film
en noir et blanc pour des Algériens qui n'y ont gagné qu'une carte d'identité
verte. Un road movie muet à regarder, debout sur des trottoirs peints à la
chaux, à attendre que le cortège de l'indépendance passe par le village. Sitôt
l'heure de la joie passée de quelques minutes, le temps des règlements de
compte assassins et des mauvais choix historiques, quel regard porter sur ces
cinquante années d'indépendance ? Magnanime, critique, indifférent ou
simplement s'asseoir pour faire tranquillement le bilan après le feu d'artifice
à minuit. Parce que contrairement aux Américains, le feu d'artifice ne sera qu'une
occasion pour lever la tête vers le ciel pour des Algériens qui passent leur
temps à regarder par terre pour éviter les peaux de bananes et critique de
nouveau, un pouvoir qui dépense des milliards pour des «mhirkates» à leur
propre gloire.