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Le tourisme se
relève doucement sur la corniche jijelienne. Les souvenirs macabres des années 90
cèdent progressivement la place à de nouvelles espérances. A Béjaïa, le décor
naturel est presque le même qu'à Jijel, mais l'ambiance y est plus débridée.
Ziama Mansouriah se réveille lascivement en cette journée de juin. La paisible plage, nichée au pied de la montagne, entre Béjaïa et Jijel, à 300 kilomètres à l'est d'Alger, s'anime discrètement. Pour l'heure, ce n'est pas encore le grand rush. Les estivants arriveraient «en force» dans quelques jours, «après l'annonce des résultats du bac», espère un vendeur de poteries fabriquées en Tunisie. Un avis que ne partage pas entièrement Kamal, voyagiste natif de Ziama. La corniche jijelienne garde encore les «séquelles» des années de guerre contre le terrorisme. «La région est sûre, mais les gens ont du mal à croire que le cauchemar est terminé», dit-il en observant les familles faisant la queue à l'entrée de la «grotte merveilleuse». La défiance vis-à-vis du littoral jijelien s'émousse graduellement. Plusieurs groupes de touristes étrangers, européens en particulier, demandent le circuit reliant Jijel à Azzefoun, en Kabylie, atteste notre interlocuteur. Cependant, le tableau n'est pas tout à fait reluisant, car les touristes qui arrivent à obtenir le «sésame» d'entrée en Algérie devront ensuite se résigner à la présence «trop rapprochée» des forces de sécurité. «Les touristes se sentent menacés quand il sont escortés», signale le voyagiste. Du côté des services de sécurité, on assure que l'escorte est une «mesure préventive» qui s'imposait dans certains cas. «Le risque zéro n'existe pas», explique brièvement un sous-officier en civil, qui surveillait à distance un bus de journalistes invités par l'ONT. Le tourisme à Jijel est entravé, en outre, par le manque d'infrastructures d'accueil. Une carence qui a incité un nombre de Jijeliens à louer leurs demeures pendant la saison estivale. Une petite habitation pas loin d'une plage rocheuse est accessible pour 30.000 dinars la quinzaine. En dépit de ces offres plus ou moins alléchantes, une bonne partie des visiteurs poursuivent leur chemin vers la voisine Béjaïa. «J'aime bien le calme de Ziama, mais je veux aussi aller me défouler à Tichy», révèle, plein de sous-entendus, un jeune Constantinois. TICHY LA TOLERANTE A Tichy, à 20 kms à l'est de de Béjaïa, l'animation s'accélère à partir de 21h. Hôtels, restaurants et cabarets se succèdent sur les deux côtés du boulevard principal de la ville. Villa d'Est, Safir Bleu, Club Alloui, etc. Diverses plaques lumineuses offrent leurs services : discothèques, chambres, alcool, le tout dans une ambiance très libertine. La pratique de la prostitution «au grand jour» a été évoquée comme étant la cause des émeutes qu'a connues Tichy l'été passé. Mais pour le moment, les «incidents» de l'année dernière semblent complètement oubliés. La tolérance de la petite ville commerçante a repris le dessus. Tichy accueille toutes les catégories sociales, sans exception. Les plus démunis peuvent passer la nuit sur le sable doux de la grande plage. La ville est dotée d'une auberge de jeunes et d'un important hôtel public, dénommé les Hamadites. Les chambres de cet établissement, construit durant les années 70, n'offrent qu'un service rudimentaire, mais le personnel paraît rompu à la bonne pratique touristique. Les Hamadites, selon son directeur, a bénéficié d'un crédit bonifié de 1 milliard de dinars pour engager des travaux de réhabilitation et d'extension. Les appels d'offres pour la désignation du bureau d'études seront lancés "incessamment". La wilaya de Béjaïa, comparativement à Jijel ou à Constantine, est largement mieux pourvue en infrastructures d'accueil. Elle compte 59 hôtels en activité, avec une capacité totale de 3.415 lits, dont près de la moitié dans des hôtels balnéaires. Selon les chiffres de la direction du tourisme, les 32 hôtels en cours de construction à travers la wilaya offriront un apport supplémentaire de plus de 2.500 lits. Une bonne perspective pour Béjaïa, qui a reçu en 2011 quelque trois millions d'estivants. |
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