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Il est de la
trempe de ces défenseurs de grande qualité qui font mieux que de défendre leur
zone. En se portant volontiers dans le camp adverse, c'est un véritable «TGV»
balle au pied qui prend tout son monde de vitesse. Techniquement au point, il
sait rapidement se transformer en cet attaquant racé, capable de renverser la
vapeur à tout moment.
Depuis qu'il est à l'OGC Nice, Youcef Atal a fait éclater un talent fou qui lui valut le grand respect des plus fins connaisseurs de la balle ronde et les compliments mérités de ses nombreux fans sur les deux rives de la Méditerranée. Il est ce feu-follet qui met le feu au sein des défenses adverses, à chacune de ses somptueuses montées, souvent ponctuées de gestes techniques de haute facture et des tirs foudroyants qui ne laissent aucune chance aux gardiens adverses. Ce Kabyle du Djurdjura est aussi à l'aise dans ses œuvres en bordure de mer qu'en haute montagne. En gagnant la plaine, il n'éprouve guère ce maudit tract de perdre les pédales. Et en faisant le sens inverse, il est comme chez lui, comme rassuré de gagner en confiance à mesure qu'il monte en altitude. Il ne connaît ni le stress de la grande amplitude thermique en regagnant la demeure parentale en pays kabyle, ni même le vertige de plonger son regard au plus profond de ces plaines, à mille lieues de son nid d'aigle familial haut perché sur le flanc de ce monstre rocailleux qui garde un œil éveillé sur cet immense territoire du pays. Le temps aidant, il s'est adapté sans grande difficulté à tous ces différents climats et autres tempéraments, mais aussi à tous les postes et tactiques de jeu, pour évoluer indifféremment sur le même rythme et avec la même aisance, efficacité et hargne, en plusieurs endroits au sein de la défense comme en pointe de l'attaque. Il a fait preuve de cette extraordinaire fraîcheur physique qui met dans le vent les plus coriaces et intraitables défenseurs de métier. Et pas seulement ! Car, à sa façon d'amortir ses balles ou d'amorcer ses incursions, on est comme soudoyés par le mouvement infernal qu'il administre à sa balle, pour se jouer avec aisance et dextérité de ses adversaires. La publicité de choix que lui font si souvent les plus anciennes gloires de la balle ronde et les très connaisseurs commentateurs de radio et autres réputés speakers de renommée internationale des télés de foot spécialisées, à chacune de ses apparitions sur le terrain de jeu, dénotent tout l'intérêt que lui témoigne le monde sportif qui apprécie à leur juste mesure ses prestations, jugées presque toutes de haut de gamme. Son très court passage par le club de KV Courtrai (Belgique) ne le prédestine-t-il pas déjà à une carrière footballistique aussi prestigieuse que son aîné Djamel Zidane qui avait porté vers la fin du siècle dernier les couleurs de ce même club belge, avant de connaître après ses plus forts moments de gloire en équipe nationale ? Au vu de sa valeur intrinsèque, tout le prédestine à choisir le même chemin pour faire une aussi prestigieuse carrière que ce talentueux attaquant au pied gauche magique, au tir foudroyant et aux crochets irrésistibles. Apparemment, il est capable de faire aussi bien, peut-être même plus, même s'il évolue sur un tout autre registre que ce gaucher de métier. Comme toutes les jeunes pousses de sa génération, il a fait le «nomade» à ses débuts entre la capitale du pays et celle du Djurdjura pendant quelques années durant son dur apprentissage, avant de connaître ce chemin des stades qui pose les solides jalons d'une valide carrière de footballeur. Le Paradou AC était venu le dénicher à Tizi Ouzou même, lors d'une rencontre de championnat jouée contre le club de la ville des genêts. En effet, le voir jouer est un régal pour les yeux, pour ne laisser personne indifférent à son sujet. A sa fougue hors pair, il sait lui adjoindre cette technique raffinée des pépites qui sortent généralement du lot. L'œil des techniciens du club formateur de Hydra en fut averti. Et ce fut pour lui, de nouveau ce retour à Alger. En ratant les premières marches de sa carrière dans les basses catégories, faute justement d'absence de centres de formation dans son patelin et surtout à cause de son éloignement par rapport à ceux existant au sein de la capitale, il fut repêché à un moment où il désespérait de se faire un nom dans l'arène du foot. C'était sans compter sur ce destin fabuleux qui allait lui accorder cette occasion de sa vie et ouvrir devant son talent naissant une opportunité de choix. Nul besoin aussi de l'envoyer via ce dernier train de minuit pour aller refaire ses classes au palier inférieur, dès lors que son don inné pouvait à lui seul très rapidement pallier cette carence. Le grand mérite revient à ce coup d'œil professionnel du technicien de renom qui a su dans un réflexe inouï repérer l'oiseau rare, sans avoir à très longtemps l'épier ou à encore perdre du temps à de nouveau l'observer dans ses œuvres pour enfin le mettre à l'épreuve. Sa conduite de balle exceptionnelle, son football intuitif, très imaginé, bien léché, spectaculaire à souhait, son geste technique peaufiné, sa grande débauche d'énergie et ses «trucs ensorcelants» plaidaient amplement en sa faveur. Aussi ces techniciens de l'ombre qui travaillent pour l'antichambre de l'équipe fanion mettent souvent à profit ce temps dont ils disposent pour corriger au fur et à mesure la trajectoire du futur prodige. Hydra lui ouvrit les bras. Arrivé dans ce centre à un âge aussi avancé, il faisait déjà figure de petit «vétéran», sans même avoir à fréquenter cette école de foot où l'on apprend les rudiments de la profession. Ne pouvant évoluer dans les catégories minime et cadette, il s'imposera de droit en junior, pour évoluer la saison d'après en sénior, où il se distinguera par son apport personnel au profit du groupe, qui connut alors l'accession en Division I. Ce fut justement suffisant pour le mettre sous les projecteurs des recruteurs des grands clubs du pays et de l'étranger. Quoique assez tardif, son passage par l'académie du Paradou AC lui permit de se replacer dans le rôle qui fut le sien. On le fit sciemment reculer d'un cran pour mieux utiliser son apport précieux au profit du groupe au plan de la vivacité et de l'efficacité à pouvoir bénéficier de son souffle permanent et très percutant. Sur le terrain, les résultats ne se firent guère attendre. La potion magique venait de réhabiliter le joueur et de faire amplement profiter le club de son grand potentiel physique et technique. La carrière de Youcef Atal prenait son envol. Elle s'ouvrait au professionnalisme. Les «braconniers» des pépites du monde du foot, toujours à l'affût des oiseaux rares, se bousculaient déjà devant le portillon de l'académie du Paradou AC. Et c'est au KV Courtrai (Belgique) qu'atterrit ce tout jeune joueur, pétri de qualités et très polyvalent, contre seulement quelques modiques piastres. L'apprentissage à ce niveau de compétition fut encore des plus rudes pour l'enfant de Mechtras (Tizi Ouzou). Son football très physique en est d'ailleurs la principale cause. En tout et pour tout, Youcef Atal ne fit que dix apparitions, en raison de ses blessures cycliques. Mais toutes ses prestations étaient fort remarquables pour révéler au public connaisseur son talent fou et son sens inné du but. Dans ce plat pays, son avenir se dessinait assez lentement au fil des jours. Entre deux méchantes blessures, il réussit par toujours ressusciter de son «lit d'infirmerie» et jouer à son numéro fétiche ou préféré pour braquer le regard des spectateurs et techniciens du foot dans sa seule direction. Et? encore une fois, le hasard fit le reste ! Alors que des techniciens de l'OGC Nice étaient venus superviser un joueur africain évoluant au sein d'une équipe appelée à croiser le fer contre KV Courtrai, ils n'eurent d'yeux que pour suffisamment bien apprécier les grandes prouesses d'un joueur de l'équipe adverse qui a réussi à susciter l'admiration du public mais aussi mieux capter l'intérêt de ces grands professionnels du foot pour l'intégrer au sein du club fétiche de la Côte d'Azur. Faire (indirectement) changer à ce point de projet et de profil à des recruteurs déjà fixés à l'avance sur le type de joueur à superviser et éventuellement enrôler ne pouvait vraiment se réaliser qu'à travers une solution de rechange nettement mieux avantageuse et plus intéressante au plan des dividendes à en tirer pour que l'heureux élu soit Youcef Atal et non son adversaire du jour, initialement convoité. Ce fut pour lui le début d'une autre aventure ! Son arrivée à Nice, à l'été dernier, fut comme s'il retournait au pays natal. Tant le climat et le relief de sa ville d'accueil ne sont guère différents de ceux de cette rive sud de la Méditerranée en pointe de laquelle se trouve l'Algérie. C'est dire que sur ce plan-là, la nouvelle recrue ne fut point dépaysée. Bien au contraire ! Elle trouvera ce cadre idéal pour exploser et faire valoir son talent insoupçonné. Juste quelques apparitions de pure forme, et déjà l'inconnu au bataillon se fit un nom, scandé très haut à chacune de ses remarquables prestations. Les jours de matchs disputés à la maison, c'est désormais lui qui fait recette et le spectacle en même temps. Son nom est porté en triomphe par ses nombreux fans, avides de découvrir davantage ce qu'il a dans son escarcelle, tout comme ce dont il est capable d'apporter à l'équipe au plan de l'amélioration de son jeu et au tableau d'affichage. Tout comme Rachid Mekhloufi avec l'AS Saint-Etienne, en 1958, Youcef Atal avait donné cette forte impression aux responsables de l'OGC Nice, en 2018, au point où l'un comme l'autre ont, chacun à sa manière, ont contraint leur club d'accueil respectif à être peu regardant sur la forme face au talent pur et surtout avéré du joueur mis à l'essai sur le terrain de vérité. Alors que le test technique auquel fut astreint le premier-nommé ne put aller au-delà de seulement 27 petites minutes, celui en rapport avec l'essai auquel s'est volontairement plié ce dernier-né s'est confondu avec cette image que renvoyait à ses recruteurs sa prestation affichée sur le terrain de jeu, lors de sa première découverte par les responsables de l'OGC Nice. Ce joueur très prometteur sait tout faire avec un ballon. Jouant indifféremment des deux pieds, il est aussi à l'aise en défense qu'en attaque, sur l'aile qu'au milieu de terrain, dans la construction du jeu qu'à la réception du ballon en pointe de l'attaque. Tantôt au four, tantôt au moulin, il est souvent là où se trouve le ballon, en train de le convoiter ou de lui donner toutes ces trajectoires qui animent le spectacle et font vibrer les gradins. Adepte de ce dribble en profondeur et dans une rapide progression, alliant petit pont avec grand pont dans la foulée de gestes techniques et feintes de corps de haute volée, en passant par ces doubles crochets intérieur/extérieur, pied droit/pied gauche, il polarise l'intérêt du spectateur dès sa première touche de balle. Ses amortis de balle -autant de la poitrine qu'avec le bout du pied- sont des chefs-d'œuvre du genre qui renseignent parfaitement sur cet art consommé de dompter le ballon avec certitude et autant d'efficacité, à un moment où le plus chauvin de ses observateurs croit pourtant à une sortie en touche ou à une passe lamentablement ratée qui sort dans les décors. Ce sont autant de raisons que d'indéniables qualités, désormais maintes fois prouvées sur les terrains de jeu, qui lui confèrent ce rôle si important à jouer tant en défense qu'en attaque que dans l'entrejeu. Partout où il se trouve, il est utile, souvent très précieux, dans l'amorce de l'attaque, mais aussi dans la conclusion de l'action et sa transformation en but au tableau d'affichage au profit du compteur de l'équipe. Pour sa première année en Ligue I du championnat français, il a réussi ce somptueux hat-trick contre Guingamp qui fait de lui ce buteur-maison qui n'est face aux buts de l'adversaire que pour lui planter des banderilles, à chaque fois qu'il se promène dans la périphérie de ses 81 yards. Véloce en défense, mais feu-follet en attaque, accrocheur à souhait et bon sur l'homme, mais aussi très adroit face à la cage des buts adversaires, il reste qu'il peut se jouer, grâce aux gestes de son propre corps, pour feinter la passe ou flouer l'adversaire, avec autant d'efficacité que s'il le réalisait balle au pied. C'est un joueur qui va vite, très vite même, à la manière d'un «TGV» balle au pied ! Dans son propre registre, il nous fait rappeler les grandes chevauchées de son compatriote Merzekane Chaâbane confondues avec cette fine technique reconnue au Brésilien Dani Alvès. A peine sélectionné en équipe nationale d'Algérie, le voilà qu'il est déjà buteur contre le Togo, le 18 novembre 2018, en match qualificatif pour le compte de la Coupe d'Afrique des nations de 2019. La fulgurante ascension de ce latéral droit de l'équipe nationale d'Algérie, associée à l'expérience avérée de Fawzi Ghoulem sur le flanc gauche de la défense, sonne comme un très sérieux avertissement à ses adversaires de la prochaine CAN de 2019. Ces deux défenseurs de métier qui peuvent très rapidement se transformer en deux vrais fers de lance pour prêter aussitôt main forte à leur attaque, dès que l'occasion se présente à eux, offrent au coach national tout un riche éventail tactique pour prendre le dessus sur ses adversaires. Ils apportent non seulement le surnombre en attaque, mais aussi beaucoup de la fraîcheur physique à leurs co-équipiers qui évoluent, eux, aux premières lignes de l'artillerie de l'équipe. Ces deux grands porteurs d'eau sont également deux fines gâchettes qui ne ratent presque jamais leur cible. Atal a toutes les chances de réussir une très grande carrière professionnelle. Il lui faut cependant faire preuve de beaucoup de maîtrise dans sa grande débauche d'énergie. Il a tout intérêt à faire plutôt dans le rationnel pour épargner aux grands moments cette précieuse énergie qui fait souvent la différence au profit de son équipe. |
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