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«Il ne faut
surtout pas s'étonner! Dans ce pays, « Koulchi Yekhroj», tout finit par
sortir, la devise, les sujets du bac, les résultats des concours, avant même
qu'ils ne se tiennent et même «Galbek Yekhroj», la seule chose que l'on planque à merveille «Yedergouha bien» ce sont tes droits!
»
Hélas, la fraude est devenue chez nous un sport national, auquel tout le monde semble s'en donner à cœur joie et duquel on s'enorgueillit même. À travers la fraude systémique, voire systématique, c'est tout notre système de valeurs qui est chamboulé. Mais de là à voir des sujets du bac sortir en cascade sur les réseaux sociaux à quelques heures seulement des examens, cela, me semble-t-il, relève d'une tout autre histoire. Qui veut la tête de Benghebrit? Beaucoup de monde, apparemment ! Selon «les éclairés» de l'Algérie toujours épris de gallomanie, ce sont les islamistes et les arabophiles qui dominent, selon eux, aussi bien les syndicats récalcitrants que la profonde administration du ministère de l'Education nationale, qui en seraient derrière. Pour eux, il ne faut pas chercher ailleurs. Le coupable est tout désigné d'avance. Pour le reste, cette opération ne vise pas que la ministre, mais c'est toute l'Algérie sous Bouteflika qui se trouve ciblée. Elle en a l'odeur du clan déchu, qui voudrait se venger, peut-être, à travers ses résidus, semés çà et là dans tous les recoins de notre administration publique et qui peuvent, au gré et des circonstances, être mis en service ou en veille. Entre les uns et les autres, une réalité amère saute aux yeux ; à l'instar des autres secteurs, l'école algérienne est gravement malade, l'université n'est pas en reste et que vive la république ! Bien que je ne partage pas la vision »islamiste», le plus mauvais service qu'on puisse rendre à madame Benghebrit, c'est de l'opposer à l'arabité ou à l'islam ; dans un faux diagnostic et une fausse guerre et qui serait contre-productive. C'est une stratégie machiavélique. À travers leur soi-disant soutien inconditionnel, médiatique surtout, à cette dame respectable, certains cherchent en fait à la conditionner, à l'enrôler pour la pousser à aller aussi loin que possible dans leur soi-disant et non innocente «réforme « de l'école nationale. Ils ne cherchent, en somme, que l'étourdiment de cette école algérienne, encore plus qu'elle ne l'est. Une école, qui ne serait finalement que pour eux, un reflet de leur mode de pensée monochromatique. Une école qui condamne le refus de l'autre et se hâte à refuser et à stigmatiser des pans entiers de la société, sous prétexte de ne pas partager sa vision du monde. Finalement, une école qui reste emprisonnée des histoires de l'histoire, au lieu d'aller de l'avant et bâtir le futur commun, celui du vivre ensemble et de la citoyenneté. Au bout du compte ou de ce conte, la morale, le civisme, le modernisme et le savoir ne devraient exister que chez eux, les détendeurs absolus de la vérité et du progrès. Enfin, une école qui n'a rien à voir avec nos valeurs ancestrales, qui puise dans tout autre chose que dans nos terroirs. Une ministre de l'Éducation nationale qu'on essaye par tous les moyens de polariser idéologiquement et d'aguerrir contre les arabo-islamo-machin-trucs. Terme qui désigne bien sûr tous ceux qui ne marchent pas dans leurs plans. Une ministre qui essaye de donner le mieux de soi pour faire sortir l'école algérienne du marasme idéologique des uns et des autres et de l'incompétence qui la gangrène de l'intérieur. Réformes réelles au profit du savoir et non de l'idéologie qu'avait diagnostiquée et entreprise madame Benghebrit. Et cela ne semble point les intéresser. Si demain madame Benghebrit change de cap, ces mêmes supporteurs, sitôt désabusés, n'hésiteront pas à la renier et la lyncher au premier chant du coq. Comme ils l'ont fait déjà avec d'autres, pour n'avoir pas fait assez pour la cause. Défendre madame Benghebrit, ses capacités, sa compétence et sa bonne volonté est un devoir. La défendre, rien que pour la conditionner, en lui donnant la fallacieuse impression de faire partie d'un cercle qui se veut et qui se voit le plus éclairé du pays. Lui dessiner une nation qui baigne dans un océan d'obscurantisme arabo-islamico-baathiste et conservateur qui lui veut du mal et lui tend des pièges, comme ils savent si bien nous le chanter est c'est cela le vrai piège. Ce cercle qui se voyait d'ores et déjà le plus à même de diriger et l'école nationale et le destin de tout un peuple. Ceci est à mon avis un redoutable stratagème face auquel madame la ministre doit se garder. À Madame Nouria Benghebrit, je lui dis : Madame! méfiez-vous de l'eau qui dort, qui berce ou qui coule en douce, car elle recèle encore plus de périls qu'une eau agitée. On a expérimenté la même stratégie lors de la décennie noire. On voulant opposer des Algériens à d'autres. Contre les terroristes ils versaient toute leur ire, devant les corps constitués ils chantaient des louanges et jetaient des fleurs. Face aux victimes, ils sombraient en larmes, mais jamais ils n'ont critiqué le bourreau et encore moins la violence des sévices, surtout, lorsque celle-ci était dirigée dans le sens qu'ils voulaient. Le président Bouteflika l'avait si bien compris et on lui doit au moins cela ! Cet État qui faisait écho à leurs vœux. Eux qui ne cherchaient en fait que la confrontation des Algériens, en supportant les uns contre les autres, les bons contre les mauvais. Toujours selon leur classification machiavélique. Si la loi sur la Concorde civile, suivie par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, avait prêté oreille à ces gens et pris cas de leurs intentions, la paix ne serait que de beaux souvenirs. Au grand bonheur des éclairés éclaireurs de je ne sais quel éclair ? |
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