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Dans le cadre de ses activités culturelles, la section locale de l’Union Nationale de la Jeunesse Algérienne(UNJA) organise, au centre culturel de la ville de Berrouaghia, des rencontres de vulgarisation scientifique en direction des jeunes.
Faisant appel à l’intelligentsia installée ailleurs, universitaires, hommes de lettres, historiens, elle compte faire sortir la cité d’une torpeur intellectuelle et artistique qui n’a que trop duré. La cité qui a vu naitre Benyoucef Benkhedda et Hassan El Hassani, pour ne citer que ces deux illustres personnages parmi tant d’autres, geint sous les affres du quotidien. Et c’est ainsi qu’à l’initiative du Pr Abdelkader Khelladi, mathématicien et historien des mathématiques et du Dr Slimane Ghettas, pharmacien, que l’idée germa de faire de ces rencontres, le moyen didactique à même de dépoussiérer la mémoire collective et d’en faire un objet de fierté pour les jeunes générations qui semblaient naviguer sans repères. Les initiateurs qui sont à leur deuxième rencontre, comptent en faire un événement régulier sous le timbre d’une université populaire collée au terroir. C’est ainsi qu’en ce samedi 9 juin 2012, en droite ligne avec la commémoration du cinquantenaire de l’indépendance, La ville des asphodèles conviait, autour de Kamel Bouchama, des universitaires et personnalités tels que le Pr Djelloul Balhi, astrophysicien planétologue, Ould Cheikh Abdelkrim, consultant, Boualem Sémiani, ancien chef d’entreprise, Kaddour Trabelsi ancien cadre du Tourisme, Boualem Nabi, ancien officier de l’ALN et le Pr Ghali de l’université de Médèa pour une conférence débat animée par le premier nommé. Berrouaghia, cœur palpitant du Titteri, est situé à 110 kms d’Alger sur la route nationale 1, la dorsale du pays. Relevant de la circonscription territoriale de Médèa à 25 kms au nord, elle s’est érigée sur l’antique site de Tirinadi ou Thanaramusa Castra qui est en fait un ancien conglomérat urbain, fait des deux cités romaines à une encablure l’une de l’autre. La deuxième aurait été un camp (castra) dédié aux vétérans des légions romaines qui, après de bons et loyaux services, bénéficiaient de lots de terrains pour terminer leurs vieux jours. Ils y demeuraient actifs pour protéger les routes des légions. Le camp, selon l’historien Stéphane Gsell, se situerait à Z’Mala, là où est érigé le centre pénitentiaire. Thanaramusa, faisait la jonction entre Césarae (Cherchell), Rapidium (Djouab) et Auzia (Sour El Ghozlane) où stationnaient de fortes garnisons de centuries. El Birouaqia, toponyme arabe tiré de la liliacée «El Barouaq» (asphodèle), est un petit éden de verdure. Le vallon encaissé est traversé par plusieurs cours d’eau dont Oued Louglat, Oued Souk, Oued El Hammam et Oued Benzekkour. Située au sud du massif de Chréa de l’Atlas blidéen, elle constitue le lien topographique entre les Monts de l’Ouarsenis et les Bibans respectivement à l’ouest et à l’est et les monts de Ain Boucif et de Boghar au sud. Cette vallée radieuse et verdoyante a toujours fait l’objet de convoitises de la part des dynasties et autres conquérants, des Rostomides aux Zianides et des Ottomans aux colons venus d’Europe sous la couverture de l’Armée d’Afrique de Bourmont et consorts. Erigée en centre de colonisation dès 1847 (décret impérial de 1860) elle présentait deux facettes, le village colonial avec ses rues rectilignes, son église, son école, sa mairie et le village nègre où étaient parqués quant à eux, les damnés de la terre. Au déclenchement de la Guerre de libération et jusqu’au recouvrement de l’indépendance, le Mont Mongorno, les Ouled Bouachra furent les expugnables citadelles, où régiments de Parachutistes coloniaux, Dragons et autres Chasseurs alpins, vécurent des cauchemars face aux katibas de la zone 2 de la wilaya IV de l’Armée de libération nationale. La cité dont la population était d’à peine 10.000 habitants au début des années 1970, cantonnée dans ses 4 boulevards coloniaux, a, littéralement, explosé sous la poussée démographique. Ses collines, jadis nues, ont été littéralement «squatter» par le logement social et les équipements publics. Le Complexe pompes -vannes de la défunte SONACOME, en a fait un des plus importants pôles de l’épopée industrielle des seventies. Votre serviteur qui prétendait connaitre Berrouaghia pour y avoir séjourné pendant 5 ans, a du demander son chemin pour joindre le Centre culturel Hassan El Hassani, lieu de la rencontre. Un panel de convives, séniors pour la plupart, regroupé au salon de l’hôtel «Ravin bleu», un investissement hôtelier de haute facture qui est venu briser la morosité du «Mongorno» l’hôtel public qui est en phase de réhabilitation, attendait le coup d’envoi en devisant sur des souvenirs communs. Situé sur les hauteurs et en plein tissu urbain, le centre culturel Hassan El Hassani, est une belle œuvre architecturale. Le rez de chaussée est complètement occupé par un confortable auditorium de près de 300 sièges de couleur rouge pourpre. La large scène permet aux éventuels artistes de déambuler librement. Après le cérémonial d’ouverture auquel assistait le maire de la ville, M. Chérif Korchi, assisté de quelques adjoints, le maitre de cérémonie en l’occurrence le responsable local de l’UNJA donnait la parole à M. Kamel Bouchama, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, ancien ambassadeur auprès de la République arabe de Syrie invité pour donner une conférence sur les «Algériens de Bilad Ec.Sham» ouvrage phare de sa riche production historico littéraire. La conférence qui a duré près de 3 heures, ne laissa personne indifférent. Par la magie du verbe, émaillé par des phrases empruntées, sciemment, à la langue de Molière, Kamel Bouchama a subjugué un auditoire juvénile toute ouïe. Il est de coutume de voir des auditoires distraits ou vacant à leurs occupations, mais celui de Berrouaghia, ce jour là, buvait les paroles de l’historien-conteur. La narration haute en couleur, ne manquait pas de temps à autre, de revenir au présent en portant de sévères banderilles aux institutions en charge du fait historique ou même culturel. A ce titre, il ne manquera par de rappeler le sort funeste réservé à la résidence de l’Emir Abdelkader à Damas, vendue pour une «poignée d’euros» à la Délégation de l’Union européenne. Comme si quelqu’un vendait une partie de son corps à des tiers pour en faire bon usage. L’histoire de l’Algérie, n’a pas débuté au XXè siècle, comme certains par insouciance ou méconnaissance, tentent de l’affirmer mais bien avant. L’antiquité en est témoin si besoin était. La trilogie, que l’auteur a produite, fait partir notre histoire depuis le royaume de Maurétanie ou de Numidie et dont Césarae (Cherchell) et Cirta (Constantine) en étaient les capitales. Juba II et plus tard son fils Ptolémée, issu de son mariage avec la fille de Cléopâtre et Marc Antoine, sont là pour témoigner du profond enracinement de la nation dans les méandres de l’histoire. La Berbérie n’a-t-elle pas enfanté les 22è, 23è et 24è dynasties égyptiennes, dont le premier Pharaon en fut Shashong (Chachnak). Le deuxième volet de la trilogie intitulé : «La clé d’Izmis-mémoires anachroniques d’une Andalousie perdue», rappelle nostalgiquement cet Eden conquis par les Arabo-Berbères partis de nos côtes au tout début du VIIIè siècle. La rayonnante Grenade a été l’œuvre d’un autochtone du nom de Badis Ibn Habous. Les splendeurs de cette civilisation arabo andalouse, n’arrêtent pas encore de subjuguer l’Occident d’où l’expression «travail arabe», nullement péjorative à l’époque où le degré de raffinement des arts et des sciences atteignaient des cimes inégalées. D’ailleurs, Hamid Tahri d’El Watan rapporte dans une production, les propos élogieux de Ahmed Djebbar sur l’ouvrage et dont voici un extrait : «Le professeur Ahmed Djebbar qui lui préface cet ouvrage, qu’il a lu certainement avec beaucoup d’attention, et sans être dithyrambique outre mesure, s’est contenté de donner, en homme de science et spécialiste d’histoire de l’Andalousie et de la civilisation arabo-musulmane, un point de vue averti sur l’auteur qu’il connaît bien depuis la célèbre «médersa» de Ben Aknoun. Ce n’est pas étonnant, écrit-il, que ce soit un «homme de la cité», comme Kamel Bouchama, et non pas un spécialiste de l’histoire de la civilisation arabo-musulmane, qui se soit lancé dans cette aventure. Ses origines étroitement liées à l’histoire de sa ville natale, sa formation originale qui s’est nourrie de deux cultures «savantes» et d’une précieuse culture «populaire» et, enfin, son itinéraire citoyen, lui ont fait prendre conscience de la place que doivent retrouver l’histoire et la mémoire dans le vécu de nos concitoyens. C’est son riche itinéraire et son propre vécu qui l’ont également préparé et l’ont convaincu que notre histoire est trop importante pour la laisser entre les seules mains de ceux qui conçoivent les programmes scolaires, conclut-il. La Clé d’Izemis raconte les Mémoires anachroniques de l’Andalousie perdue». Quant à la dernière partie de la trilogie intitulée : «Les Algériens de Bilad Ec.Sham» l’auteur sera prolixe sur le sujet. Il lèvera à chaque occasion, l’équivoque qui veut que les Algériens aient migré au Moyen Orient à la suite de l’Emir Abdelkader. Le narrateur, dira qu’elle remonte bien plus loin. C’est ainsi qu’au XII è siècle, Salah Eddine El Ayoubi, fera appelle aux Maghrébins pour la libération de Jérusalem (El Qods), occupée par les Croisés et à leur tête Richard Cœur de Lion. Le 3 juillet 1187, il mènera avec succès la Bataille de Hittine par laquelle il bouta les Croisés hors de Jérusalem. L’Algerie, le Maghreb central à l’époque, était présente par ses troupes à leur tête Abi Médienne Chouaib (Sidi Boumediene le Soufi) qui perdait son bras lors de l’historique bataille. Salah Eddine (le Kurde de Tikrit) opposait ses 12000 hommes à 15.000 venus de toute l’Europe chrétienne. Décidemment, l’histoire est un éternel recommencement. En guise de reconnaissance, Salah Eddine attribuera à ces guerriers venus de loin, de riches terres au nord de l’actuelle Syrie entre le Golan et Tibériade. Vingt villes et villages seront érigés dans le sillage de la concession du Quartier des Maghrébins à El Qods, Haiffa et Safad. Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne est natif de Safad. Kamel Bouchama continuera à énumérer des noms et des lieux que le génie algérien a investi tout au long de cette flamboyante épopée. Il évoquera, non sans légitime fierté, ses Algériens qui ont dignement représenté leur communauté. Il rappellera Cheikh Tahar El Djezairi, ce grand érudit qui évoquait pour la première fois la démocratie pour une véritable renaissance de la pensée arabe. Il a été, l’inspirateur de la diaspora littéraire arabe d’Amérique Latine, tels que Elia Abou Madhi, Gibran Khalil Gibran, Mikhail Nouéma etc.. Le premier chef du gouvernement Syrien investi en 1918 a été Mohamed Said El Hassani, petit fils de l’Emir Abdelkader issu de son fils Ali, qui bien avant Omar El Mokhtar souleva les tribus libyennes contre le colonialisme italien. Tadj Eddine El Hassani a été, le premier Président de la République a avoir tenu pendant trois ans (1941-1943) dans un Etat où les gouvernements tenaient 3 à 6 mois à peine. Ahmed El Hachimi a été ce grand mathématicien que les Turcs avaient surnommé «Djawdat» (label d’excellence) et dont le plus grand lycée de Damas porte encore le nom. Cheikh Mohamed Benyellès, érudit et penseur a marqué de son sceau son époque. Il est enterré dans le voisinage de Bilal El Habachi, le muezzin de l’Islam. Cette profusion d’information, fit dire à la fin de la conférence au Pr Khelladi : «Je viens d’apprendre, personnellement, beaucoup de choses à travers ce somptueux exposé». Le Pr Ghali, historien- enseignant à l’université de Médèa, fit toutefois quelques réserves sur la vie et l’œuvre d’Abdelkader. Chose, que lui concéda l’auteur en lui disant de revenir sur l’ouvrage en question pour s’imprégner du personnage dans toutes ses dimensions. La libération du pays fêtée cette année par le cinquantième anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale a été un long processus de décolonisation entamé depuis la nuit des temps. Le Premier novembre a été, sans conteste, le début de la fin d’une longue et éprouvante résistance à l’envahisseur qu’il soit romain, byzantin, vandale ou français, dira, comme pour clore son plaidoyer, Kamel Bouchama. L’assistance, comme triée sur le volet, ne pêchait que par un unique défaut ; elle ne comptait en son sein qu’une seule dame. Le fait a été remarqué par l’orateur dès l’entame de la conférence. Compte tenu de la limpidité du propos, la conférence n’a suscité aucun débat. L’assistance a eu à déplorer, toutefois, après la clôture et sur la tribune, un comportement irrévérencieux de la part d’un individu, qui en dépit de sa relative jeunesse, jouait au gardien du Temple pour un pathétique combat d’arrière garde. |
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