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«Ce sont des
sangsues», «il faut mettre un terme à cela», «où est passé l'Etat», «ne
sont-ils jamais rassasiés ?», sont là en substance, les commentaires entendus,
çà et là, dès que la cherté du ciment est évoquée.
Nous avons sciemment parlé de cherté et non de rareté car personne ne vous dit qu'il n'y a pas de ciment mais c'est son prix qui pose problème, ayant atteint ces derniers mois, les 700 et 750 DA le sac de 50 kg, c'est-à-dire plus de deux fois et demie son prix de sortie d'usine TTC. Personne ne donne de raison valable ?y en a-t-il ?- à cette envolée subie par tous ceux qui construisent, sauf bien sûr, les entreprises publiques ou privées qui possèdent un cahier de charges pour la construction de logements ou d'édifices divers, surtout dans le cadre du programme présidentiel et qui sont donc prioritaires. Mais alors, pourquoi le prix du ciment a-t-il grimpé de la sorte ? Pour essayer d'avoir une réponse, nous avons rencontré le directeur général de la Société des ciments de la Mitidja (SCMI), plus connue sous l'appellation de cimenterie de Meftah, M. Benmaghnia Sofiane, qui a bien voulu nous entretenir, aussi bien sur la question des prix trop élevés du ciment que sur les perspectives et programmes de la cimenterie de Meftah qu'il dirige et qui alimente une bonne partie de la région nord du pays. Nous apprenons ainsi que le prix du ciment n'a pas changé depuis l'année 2009, coûtant 4.300 DA la tonne en vrac et 4.900 DA la tonne en sacs de 50 kg, soit un prix de 288 DA TTC le sac, et ce, malgré le prix de revient qui a augmenté à cause des hausses des prix de l'acier et de certains composants du ciment sur le marché international. Ainsi, le DG de la cimenterie de Meftah confirme que les prix du ciment sont gelés malgré l'augmentation du prix de revient, ce qui rétrécit la marge bénéficiaire. Concernant les causes des prix élevés du ciment sur le marché national, le DG de la SCMI pointe du doigt le marché parallèle qui a flambé suite à la demande trop grande sur ce matériau stratégique. Il y a aussi lieu de signaler que des entrepreneurs détournent les quantités reçues pour la réalisation de projets vitaux vers des revendeurs véreux qui revendent le sac à plus de deux fois son prix initial. La tension sur le ciment revient aussi au fait qu'à travers tout le territoire national des programmes de logements et d'infrastructures diverses sont lancés, faisant augmenter, de manière drastique, la demande de ciment et même des autres matériaux. Se sentant partie prenante dans la régulation du marché du ciment, la SCMI a initié plusieurs actions pour cela, comme augmenter le ratio du vrac qui est de 65 % de la production contre 35 % seulement en sac, ce qui réduit encore les bénéfices de la cimenterie. En outre, il n'y a aucun nouveau revendeur de ciment qui a été agréé depuis 2008, la commercialisation se faisant à travers les anciens, les entreprises publiques ainsi que les filiales du groupe. Il faut dire aussi que toutes les commandes passées par les entreprises détentrices de projets pour la réalisation des différents programmes nationaux ont été honorées, sans aucun retard ni révision des quantités. Même pour les arrêts techniques, obligatoires dans toutes les cimenteries du monde, la SCMI dispose de stocks suffisants pour honorer les commandes de ses clients et, pour le dernier arrêt d'une dizaine de jours qui a été fait dernièrement, la cimenterie a enregistré entre 4.500 et 5.000 tonnes de ciment vendues par jour. Ceci a été rendu possible grâce à une gestion rationnelle des moyens humains et matériels de la cimenterie qui est passée d'une production annuelle ne dépassant pas les 600.000 tonnes pour les bonnes années à 930.000 tonnes en 2011 alors que les prévisions pour l'année en cours (2012) tablent sur une production d'un million de tonnes, malgré les 3 semaines d'intempéries enregistrées au mois de février dernier et les deux semaines au cours desquelles la cimenterie a été bloquée par des jeunes qui exigeaient d'être recrutés. Mais, et selon M. Benmaghnia, la SCMI ne compte pas s'arrêter là puisqu'un ambitieux programme a été concocté pour augmenter les capacités de production, tout en réduisant d'une manière drastique les nuisances sur l'environnement. D'ailleurs le DG rappelle que les émissions de poussières ont été ramenées à leur niveau le plus bas historique après la mise en place d'un premier filtre à manche, ce qui a poussé les responsables à programmer un deuxième filtre, pour un montant de 600 millions de dinars, qui sera installé d'ici 2013 ou 2014. Même les différentes carrières bénéficieront d'une remise en état après la fin de leur exploitation, dans un souci de préserver l'environnement naturel des lieux en y réalisant des espaces verts, des infrastructures de loisirs et de sport. Pour le moyen terme, la SCMI a lancé le programme ?projet Meftah 2014' qui consiste en un plan directeur d'aménagement de la cimenterie de Meftah qui permettra la rénovation de plusieurs structures de production et l'extension de ceux-ci avec la création d'une nouvelle ligne de production d'une capacité de 2.000 t/j, soit une augmentation de 700.000 tonnes par an, ce qui signifie presque le double de la production actuelle. Il y a enfin lieu de signaler que le ciment de Meftah est très demandé vu un rapport qualité/prix inégalable et c'est ainsi qu'il a été utilisé pour la réalisation des grands projets d'aménagement comme Riadh El Feth, l'université de Bab Ezzouar, toutes les réalisations de l'ENGOA (les grands ouvrages d'art), une bonne partie des structures bétonnées du métro d'Alger, et bien d'autres encore. Ainsi, après ce tour d'horizon d'une des plus anciennes cimenteries d'Algérie, la question demeure toujours posée : pourquoi le ciment coûte-t-il si cher alors que la production a augmenté et que les prix de vente en TTC au niveau de l'usine n'ont pas connu de changement ? |
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