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Le statu quo sanglant et dramatique pour la population dans
lequel est prisonnière la Syrie doit absolument être bougé. De cela toutes les
parties étrangères impliquées dans le conflit par leur appui et soutien à l'un
ou l'autre camp syrien qui se font la guerre se disent conscientes. Sauf
qu'elles l'entretiennent par leurs divergences sur le comment agir pour y
mettre fin. Il en résulte que la communauté internationale est partagée sur le
mode opératoire à adopter pour mettre fin au conflit et de ce fait paralysée
alors que la situation s'enlise dramatiquement en Syrie.
Alliés «indéfectibles» du régime de Damas, la Russie et la Chine ne veulent pas entendre parler d'une intervention armée étrangère en Syrie que prêchent avec insistance les puissances occidentales, Etats-Unis et France notamment qui sont du côté de l'opposition à ce régime. Les uns et les autres ne font que prolonger le statu quo qu'ils dénoncent en campant sur leurs positions «irréconciliables». Ces derniers jours, il est pourtant apparu une petite lueur donnant à entrevoir la possibilité que ces positions sont susceptibles d'évolution. Elle s'est faite jour au travers de multiples contacts et tractations dont les acteurs sont le président russe et ses homologues de l'autre camp et dont le point d'orgue et décisif sera la rencontre prochaine au sommet russo-américain. Le Kremlin a ouvert une piste en faisant savoir que si la Russie reste fermement opposée à l'intervention armée, elle ne considère plus le «maintien au pouvoir du président Bachar El-Assad comme une condition préalable au règlement du conflit». Ce qui laisse sous-entendre qu'elle se satisferait d'une solution politique du type de celle intervenue au Yémen ayant abouti au départ «soft» du chef de l'Etat yéménite honni mais au maintien au pouvoir pour une période transitoire de l'essentiel de son régime. Le plan de paix pour la Syrie du médiateur international Kofi Annan peut permettre qu'il en soit ainsi. Sauf qu'il est mis en échec par les partisans les plus résolus de l'intervention armée étrangère au prétexte pour eux que c'est le président syrien qui est le problème dans la crise du pays. Parmi eux le Qatar et l'Arabie Saoudite qui sont déterminés à en finir avec lui et son régime peu importe ce qui adviendra après cela pour le pays et le peuple syrien. Moscou s'estime avoir des intérêts nationaux stratégiques qui sont en jeu en Syrie qu'il lui sera possible de préserver en favorisant une solution politique au conflit mais qu'elle perdra en laissant le régime de Damas s'effondrer. D'où il ne faut pas s'attendre qu'elle le lâche comme le lui demandent avec insistance les puissances prônant l'intervention. Il n'y a dans la position des uns et des autres sur le conflit aucune considération d'ordre moral, humanitaire ou de commisération pour le peuple syrien broyé par les deux camps qui se disputent le pouvoir. La Syrie est un pion dans les plans de guerre pas totalement déclarée que se font planétairement les deux parties étrangères soutenant l'un ou l'autre belligérant syrien. C'est être d'une naïveté angélique de croire que les uns sont motivés de bonnes intentions pour le peuple syrien et que les autres sont du côté du «mal absolu» en soutenant le régime d'El-Assad. La croyance en ce manichéisme n'aurait pas dû survivre à ce qui s'est passé en Irak, en Afghanistan et en Libye plus récemment. Et pourtant il en est encore qui croient que certaines grandes puissances agissent guidées par les valeurs qu'elles brandissent pour cacher la froide et cynique raison d'Etat. La leur bien entendu. |
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