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Comment espérer se faire une
petite place dans le grand marché international de Cannes quand on n'a aucun
film de retenu par les sélections du festival qui l'abrite ? Véritable
casse-tête pour la délégation algérienne dépêchée sur la Croisette avec comme
ordre de mission convaincre le monde que... «Algeria is back». Mission impossible ?
Cela devait être le Festival de Cannes des Éditions Barzach, ils y croyaient fort et nous encore plus. Deux romans édités par leurs soins et adaptés au cinéma par des réalisateurs et des producteurs on ne peut plus «cannes-compatibles» étaient tout à fait prêts pour représenter l'Algérie dans ce grand rendez-vous des cinémas du monde. L'adaptation de «Meursault, contre-enquête» de Kamel Daoud par le réalisateur Malek Bensmaïl et «L'Effacement», de Samir Toumi, librement adapté et réalisé par Karim Moussaoui. Autrement dit le best-seller transfrontalier et le petit succès d'estime resté local, deux romans de deux écrivains algériens de la même génération mais très différents l'un de l'autre, qui résument assez bien l'esprit et l'éclectisme des éditeurs privés d'Alger. Finalement, aucun des deux films n'a été retenu, douche froide pour tout le monde ! Pour les deux cinéastes d'abord, mais aussi pour l'ensemble de la profession. Et grosse déception donc pour les éditeurs algériens qui comptaient profiter des retombées médiatiques de Cannes pour relancer les deux titres en librairie. C'est d'autant pas de chance pour les Éditions Barzach que cette année ils auraient pu rencontrer au Festival de Cannes leurs homologues français (même taille, même esprit et même importance), les Éditions POL, présents en sélection officielle avec pas moins de 3 films : «Limonov» (The Ballad of Eddie), d'après le récit de l'écrivain français Emmanuel Carrère, un film franco-italo-espagnol réalisé par le Russe en exil, Kirill Serebrennikov, «Le Roman du Jules» de Pierric Bailly, mis en scène par les frères Larrieux et «Miséricorde», d'Alain Guiraudie, adapté au cinéma par lui-même. L'équipe de Meursault, le film de Bensmaïl, et d'autres prétendants recalés pourront toujours dire qu'ils n'étaient pas prêts pour Cannes (version officielle), ou qu'ils n'ont jamais proposé leurs films aux différentes sélections, ou encore qu'ils préfèrent le réserver pour Venise, Béjaïa ou Katmandou, il n'y aura ni enquête, ni contre-enquête. Sélectionné en 2017 à Un Certain Regard pour son premier long-métrage 'En attendant les hirondelles'', Karim Moussaoui a, lui, exprimé publiquement sa déception de ne pas voir L'Effacement retenu par le Festival de Cannes cette année. L'explication qu'il esquisse est pour le moins intrigante. Qualifiant son second long-métrage «de risque créatif», il assume «qu'il faut savoir aussi oser et casser les règles que l'on a apprises et appliquées »; mais sans en dire plus à son interlocuteur Chawki Amari. Quelles sont les règles qu'il ne faudrait pas casser pour espérer une case à Cannes ? Plus globalement, pourquoi le festival a sélectionné Papicha et pas Houria de la très égale à elle-même Mounia Meddour ? Pourquoi Merzak Allouache, qui venait souvent à Cannes quand il faisait des films de temps en temps, n'est plus jamais revenu depuis qu'il enchaîne film après film ? Comment expliquer que le Festival de Cannes, qui a su chiper Abdelatif Kéchiche à son rival Venise, n'ait pas fait de même avec Tarik Teguia ? Y aurait-il un profil type du film algérien «sélectionnable» à Cannes ? Autant de questions qui vont sans doute animer les longues journées de la grosse délégation algérienne du ministère de la Culture, dépêchée à Cannes pour redonner vie au stand Algérie. Sans films algériens en compétition, comment susciter l'intérêt des professionnels et des médias du monde entier ? Certes, il y a un court-métrage d'un jeune Français d'origine algérienne dans la Quinzaine des Cinéastes et Rachid Bouchareb revient à Cannes pour la protection en plein air d'Indigènes, le film français que l'Algérie a co-produit et envoyé la représenter aux Oscars. «Algeria is back», tel est le slogan qu'affiche le pavillon Algérie. En anglais, et en gros caractères, et en arabe, mais pas en français, le message est limpide, le ministère de la Culture algérien ambitionne de s'adresser au monde mais sans le parapluie de l'ex-puissance coloniale. Pas moins de 30 personnalités sont attendues dans ce pavillon pour des rencontres et des master-classes, et Bachir Deraïs projettera dans ce cadre son film «Ben M'hidi» dans une salle du Palais. À noter une journée consacrée à la Palestine et à son cinéma et des intervenants venus de partout. Quelques exemples, la rencontre consacrée à l'Algérie et à ses lieux potentiels pour attirer les tournages internationaux, «Algeria land of shooting and feedback», modérée par Kamel Moussa Souig, réunira des personnalités aussi diverses que Fateh Rabia (président de l'Association des techniciens de l'audio-visuel), Nabil Hadji et Fayçal Sahbi (ministère de la Culture), le réalisateur Bachir Deraïs et le journaliste Chawki Amari. L'écrivaine Kaouther Adimi, révélée par les Éditions Barzach, participera avec Zoukikha Tahar et le réalisateur Malik Bensmaïl à la rencontre sur les adaptations des romans algériens au cinéma. Présent en compétition officielle, le réalisateur brésilien d'origine algérienne, Karim Aïnouz, donnera une master-classe et le lendemain, ce sera le tour du rappeur et comédien Sofiane Zermani de se prêter à l'exercice. On devrait aussi retrouver sur place les réalisateurs Rachid Benhadj, Yacine Bouaziz et Hassan Ferhani, ainsi que les comédiens Khaled Ben Aïssa, Lydia Larini, Zakaria Ramdan et Idir Benaïbouche. Si la présence de Sofiane Saïdi est confirmée pour une soirée raï, celle de Dj Snake ne l'est pas encore à l'heure où nous bouclons cet article sous une pluie insistante. |
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