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Autour de quelques classiques du cinéma
hollywoodien, discussions entre le célèbre cinéaste américain par ailleurs
grand cinéphile, et quelques cinémaniaques algériens.
Aujourd'hui Quentin Tarantino (*) et Omar Zelig (**) à propos de Jaws, Les Dents de la mer de Steven Spielberg (1975) QUENTIN TARANTINO : «Quand les auteurs-cinéastes faisaient des films de genre, ils s'engageaient dans la dé-construction du genre. Les Movie Brats se sont lancés dans les films de genre en tant que tels. Ils ne voulaient pas (pour la plupart) des méditations cinématographiques artistiques sur les films de genre, ils voulaient réaliser les meilleurs films de genre jamais faits. Quand Les Dents de la mer est sorti en 1975, ce n'était peut-être pas le meilleur film jamais fait. Mais c'était haut la main la meilleure œuvre de cinéma jamais réalisée. Rien de ce qui avait été fait jusqu'alors ne lui arrivait à la cheville. Parce que, pour la première fois, l'homme aux manettes n'était pas un Richard Fleischer, un Jack Smight ou un Michael Anderson exécutant la commande d'un studio, mais un réalisateur de génie immensément talentueux qui adorait précisément ce genre de film et se tuerait pour aboutir à la vision exacte qu'il avait en tête. La maîtrise dont a fait preuve Spielberg dans Les Dents de la mer montre à quel point les autres films de genre sortis des studios (L'Age de cristal, 747 en péril, La Tour infernale, les James Bond des années 70) étaient bancals et mal fichus». OMAR ZELIG : «Les Dents de la mer n'était pas passé à Alger, on nous protégeait, mais je l'avais vu à Paris l'été après le bac où je croyais que la vie c'était comme dans les films, qu'on pouvait faire un job étudiant et des études, je suis rentré au bout de trois mois, mais avec les images de «Jaws» dans la tête. Bon, c'était assez puritain, la première victime c'était une hippie qui fumait des joints, faisait l'amour sur la plage et se tapait un bain de minuit fatal, mais je n'ai jamais plus pu me baigner au large à Ziama-Mansouriah sans, à un moment ou à un autre, imaginer les mâchoires venues des profondeurs et me sentir mal, merci Spielberg. Après, on a eu droit à un genre de sequel, «Orca», vu au cinéma Afrique avec Charlotte Rampling, mais c'était dans des fjords ça paraissait lointain... Depuis je tombe à la télé sur des images de «Piranhas» qui dévorent le bas d'une fille qui fait du parachute ascensionnel, ou des requins volants dans «Sharknado», mais c'est le requin blanc originel qui continue à guetter dans les profondeurs de mon âme torturée. Sinon, quand il y a une coupure d'Internet à Alger, on dit que c'est le requin qui a bouffé le câble sous-marin, c'est bien la preuve que le monstre a intégré nos mythologies modernes, et je ne me baigne plus depuis que la Méditerranée est devenue un cimetière de migrants, pas besoin de requin pour flipper de nos jours». (*)Les propos de Quentin Tarantino sont extraits de son livre «Cinéma spéculations» (Flammarion) publié cette année, un très beau recueil de textes sur les films qui ont marqué le réalisateur américain, ouvrage que tous les cinéphiles de plus de 40 ans devraient impérativement lire. (**) Après une longue et riche carrière en dilettante à la radio algérienne (Alger Chaîne 3 et El Bahdja), OZ ou LC s'adonne entièrement à deux nouvelles passions, prendre en photo tous les matins le ciel d'Alger de peur qu'il ne lui tombe sur la tête et accessoirement, quand c'est possible, faire de la figuration dans les films qui se tournent cahin-caha en Algérie. On a pu ainsi l'entrapercevoir dans «L'Oranais» de Lies Salem, «De Nos Frères Blessés» d'Hélier Cisterne d'après Joseph Andras et, plus récemment, «Taftafa wel Mokninn» d'Amir Bensaïfi, grand prix du court au prestigieux Imedghassen International Film Festival. Prochain et dernier épisode de la série Taxi Driver de Martin Scorsese (1976) |
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