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Le colza, une plante qui fera date
dont le nom est pleinement repris, ces derniers temps, dans les réseaux
médiatiques ; alors qu'en fait, il ne s'agit que d'une plante oléagineuse
sarclée liée, dans sa production, à des pratiques agronomiques, mais ayant
néanmoins des retombées économiques car, sa culture permet de contribuer à
l'équilibre de la balance commerciale agricole et à la diversification des
produits agroalimentaires, dans notre pays.
Relevant des espèces oléagineuses, à la façon des arachides, du tournesol ou du soja, le colza, comme ces cultures à avantages comparatifs, pourrait être introduit et largement cultivé, en Algérie, étant donné l'ampleur des potentialités agricoles existantes et qui méritent d'être amplement exploitées d'une manière rationnelle et répondant aux principes de la durabilité. Hormis sa culture qui nécessite maîtrise, il est néanmoins utile d'entrevoir, au préalable, la mise en place du réseau agroalimentaire, lorsqu'il n'existe pas, de trituration et de transformation. Le colza, de son nom scientifique Brassica napus, L est une plante herbacée annuelle et bisannuelle dicotylédone de la famille des Brassicacées. Il est issu du croisement naturel entre un chou dit Brassica oleracea originaire d'Europe de l'Ouest et d'Afrique du Nord-Ouest, et d'une navette, Brassica rapa originaire d'Europe et d'Asie. Les datations moléculaires indiquent que cet hybride serait apparu il y a quelque 7.500 ans. Il est sélectionné par l'homme dans la mesure où, il n'existe pas de formes sauvages de cette espèce oléagineuse, largement répandue à travers le monde, essentiellement dans les zones tempérées fraîches où, elle est utilisée surtout pour l'alimentation animale (tourteaux de colza) et la production d'huile alimentaire et de biocarburants. Le colza avec le tournesol et l'olivier, constituent, aujourd'hui, les trois principales sources d'huile végétale alimentaire en Europe. Le colza est une culture sarclée (de plein champ) très appréciée pour son intérêt agronomique dans la diversification des rotations. Elle a la capacité de couvrir le sol et réduire toute forme d'érosion. Elle rompt le cycle des maladies des céréales et des mauvaises herbes, absorbe l'azote et améliore l'état organique des sols. C'est aussi une plante mellifère très attractive pour les insectes pollinisateurs, notamment les abeilles qui butinent ses fleurs d'un jaune éclatant en produisant un nectar pour l'élaboration d'un miel riche en glucose, de couleur claire. Sur le plan environnemental, la culture du colza est un facteur important de protection de la biodiversité qui présente, par ailleurs, des avantages appréciables dans la mesure où elle permet de piéger les nitrates du sol, facteur de lutte contre la pollution des nappes phréatiques et sert, en hiver, d'engrais vert en couvrant les sols et en limitant leur lessivage. La culture pourrait, par ailleurs, être un facteur important dans la résorption de la jachère. De l'agrotechnie du colza Culture introduite récemment dans nos systèmes de culture, le colza est généralement semé dans nos régions en automne, soit de la mi-octobre, à début novembre : une période où le temps pourrait être humide, où le sol n'est pas encore trop froid, mais cependant le sol ne doit pas être détrempé, pour assurer une bonne plantation. La température optimale de son développement est comprise entre 10 et 20°C. Alors qu'il convient à tout type de sol, avec ce détail qu'il préfère les sols profonds dans la mesure où, il a des racines pivotantes profondes nécessitant un bon enracinement. La culture requiert environ 400 à 500 mm d'eau tout au long de la saison. Des précipitations inférieures à 200 mm peuvent entraîner une baisse de la productivité, atteindre un niveau inférieur à 1t/ha. Le niveau de rendement est sensible à la pénurie d'eau pendant la floraison et le remplissage des graines. Le colza est sensible aux maladies et aux parasites et doit être cultivé en rotation afin de réduire leur apparition. Les risques de maladies augmentent dans des rotations de cultures trop rapprochées. Avant, le semis du colza, les techniques culturales recommandées sont de faire un labour profond, juste après la culture précédente suivi de deux passages avec des outils à disques ou à dents complétés par un hersage favorisant les semis. Le mode de semis peut s'effectuer par des semoirs monograines ou à céréales préalablement réglés. Il est par ailleurs nécessaire de semer une graine tous les 6 cm et l'enterrer à environ 3 à 4 cm de profondeur en conditions de sécheresse (2 cm en conditions d'humidité). Alors qu'entre deux lignes de colza, il est recommandé de conserver 15 cm. Toutefois, il est pleinement souhaitable d'entreprendre des opérations de désherbage pour éliminer les mauvaises herbes. Dès lors, la pousse commence à germer et le système racinaire du colza devient rigide pour passer la mauvaise saison. Le cycle de développement du colza se déroule généralement en trois phases successives : la phase végétative, la phase reproductrice et celle maturation. La phase végétative débute par la germination épigée des deux cotylédons du colza, puis se poursuit par la pousse d'une vingtaine de feuilles, formant une rosette, avant l'hiver avec une tige de 10 à 20 cm selon les conditions écologiques ou variétales. La phase reproductrice débute à la fin de l'hiver, par la montée de la plante. En mars-début avril, la tige s'allonge pour atteindre sa taille adulte d'environ 1m. L'inflorescence se note au sommet de la tige, avec en parallèle le début de l'élongation des entre-nœuds supérieurs. Dès lors, les champs de colza se recouvrent d'une panoplie de fleurs jaunes très odorantes. Il ne reste alors plus qu'à patienter jusqu'au mois de mai-début juin, pour pouvoir récolter les graines sphériques de 2 à 2,5 mm, très riches en huiles (36 à 48%). Quant au reste des produits (tourteaux de colza), ils sont les résultats de trituration qui seront valorisés et utilisés pour l'alimentation animale. La culture du colza, en Algérie : Success story En Algérie et en guise d'introduction du colza, le secteur de l'Agriculture et du Développement rural, rappelons-le, a introduit, dans le cadre de la mise en œuvre du programme du Gouvernement et de la feuille de route sectorielle pour la période 2020-2024, un programme ambitieux portant sur la promotion des cultures oléagineuses (arachides, soja, colza, tournesol?), dont l'objectif est de réduire les importations d'huiles brutes et de tourteaux destinés à l'alimentation animale et qui, dans le fonds, pèsent lourdement dans la balance commerciale agricole. Ainsi et pour assurer la couverture de ses besoins en la matière, l'Algérie importe annuellement en moyenne un million de tonnes en huiles alimentaires pour une valeur de 583 millions de dollars et 1,4 millions de tonnes de tourteaux de soja pour une valeur de plus de 600 millions de dollars, font noter les services du MADR, en 2020 dans le document de la feuille de route. Dans cette perspective, le programme de relance des cultures des oléagineuses a prévu, à l'horizon 2024, une superficie de 100.000 ha et a opté, au préalable, pour la culture du colza, compte tenu de l'existence de conditions techniques favorables tant en matière de disponibilité des semences notamment celles de multiplication à l'Institut technique des grandes cultures (ITGC) que pour l'adhésion de nombreux céréaliculteurs audit programme. Dans ce cadre, a eu la projection du lancement du programme de colza en 2021, mais compte de la capitalisation de certaines expériences réussies menées par le passé par les Instituts techniques, il a été retenu de réduire les délais pour gagner une campagne. Dans le sillage de cette vision, un travail de sensibilisation auprès des agriculteurs a été lancé en septembre 2020, pour expliquer les avantages et l'importance de cette culture du colza, notamment en matière de résorption de la jachère. Des groupements animés par les cadres du secteur, des techniciens et les Chambres d'agriculture ont été organisés pour permettre l'intégration des agriculteurs au programme de développement du colza. Parallèlement, les agriculteurs ont été rassurés quant à la disponibilité du matériel végétal (les semences) et la logistique (semoirs), ainsi que l'existence d'un encadrement technique qualifié en plus des garanties pour la prise en charge de la production, issue de la culture du soja. Pour la concrétisation de ce programme sur le terrain, un plan d'action opérationnel a été élaboré ayant porté, tout particulièrement, sur l'identification de deux catégories de producteurs : les producteurs de semences, pour la première année et les producteurs de grains destinés à la transformation. L'autre grand défit pour le secteur était d'asseoir un dispositif national qui permettra d'augmenter annuellement le stock en semences de colza pour augmenter les superficies de production, chaque année. A ce titre, l'engagement du secteur et l'adhésion volontaire des agriculteurs ont toutefois permis de lancer la campagne de colza dans les délais, soit en novembre 2020 sur une superficie de 3.000 ha dont 1.000 ha ont été réservés à la production de semences. La superficie totale emblavée au titre de la campagne 2020/2021, au niveau de 29 wilayas était, selon un bilan du ministère de 3.406 ha, soit un taux de réalisation de 113%, dont 932 ha sont destinés au programme de multiplication des semences, mis en place dans les fermes pilotes relevant des groupes sous tutelle du ministère (MADR) et 2.474 ha destinés au programme de production de grains affectés à l'industrie de transformation, mis en place dans les exploitations privées. Il y a lieu de souligner que la première expérience de culture de ce produit, au titre de la campagne 2020-2021, a donné des résultats encourageants dépassant parfois les prévisions avec de bons rendements. La récolte du colza a permis, selon un bilan établi en fin juin 2021, de réaliser une production totale de 13.935 quintaux, dont 11.397 quintaux en grains de transformation et 2.538 quintaux en semences. Autrement dit, il est à penser qu'il s'agit d'une expérience réussie en matière de culture du colza et qui mérite multiplication, les années à venir, car toute introduction de culture serait de pleine mesure compte tenu du potentiel édaphique (sol) qu'hydrique (eau) que recèle le pays, notamment dans les zones sahariennes et entrevoir d'autres types de productions végétales notamment celles qui ont essences végétales et cultures. Le tournesol, le soja, les arachides, la betterave sucrière, le maïs fourrager, le maïs grain, le triticale, le coton, les féveroles, les sorghos, la gesse, les bersims, les productions destinées à l'affouragement des cheptels, ne sont pas du reste des cultures qui nécessitent ample promotion. Les capacités du pays sont plurielles, y penser, c'est déjà agir, dit-on. (*) Agronome post-universitaire. Référence : Feuille de route sectorielle pour le développement agricole et rural: actions projetées (2020-2024). |
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