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Présenté dans le
cadre de La Quinzaine des réalisateurs le film Sous les figues d'Erige Séhiri raconte dans un huis clos en plein air les
souffrances, les joies et les espoirs des prolétaires ruraux tunisiens
d'aujourd'hui. Une révélation.
Si le premier long-métrage solaire de la franco-tunisienne Erige Séhiri est beau à pleurer cela tient principalement à deux raisons : la simplicité de sa mise en scène et la beauté de ses interprètes. Par simplicité on veut dire fluidité et dépouillement, une mise en scène sans effets pompeux en somme, et sans les quincailleries chinés dans le grand souk des effets tape-à-l'oeil qu'on retrouve un peu trop souvent chez les jeunes cinéastes des pays dit émergents. Tout est doux dans Sous les figues: le son, l'image, les mouvements de caméra de Frida Merzouk, la musique de Amine Bouhafa, la jolie chanson du générique... Une journée sous les arbres avec des cueilleurs et des cueilleuses de figues, le temps d'un film pour les connaître, les entendre parler d'eux entre eux, puis, progressivement, à partager leurs moments de joies intenses et ressentir profondément leurs blessures intérieures. Discussions amoureuses, pauses Instagram, rêveries et regrets sans cesse en miroir, et petites manigances pour survivre sans jamais rien renoncer aux plaisirs de la vie. Unité de lieu et de temps. Venue du documentaire, la réalisatrice Erige Séhiri profite de la fiction pour nous éloigner le plus possible des rives du drame à caractère sociologique, où nous serions condamnés à être des spectateurs compatissants. Sous les figues est un espace de partage et de fraternité comme le cinéma ne propose plus depuis des lustres. On partage donc les confidences et les rêves des jeunes filles et des jeunes hommes, prolétaires de la terre faute de mieux, et de quelques vieilles mamas habituées aux travaux agricoles. Marivaudages et naturalisme. La verve de la jeunesse et les confidences des plus anciens ne font pas disparaître les interdits culturels et les déterminismes sociaux, pas plus que les chants entonnés dans les champs ne guérissent des vielles blessures, le film n'est jamais hors-sol, le verger bucolique est aussi un lieu où s'exerce la violence sociale et la culture machiste, mais la force d'Erige Séhiri est de restituer à chacun des personnages de ce petit théâtre en plein air sa part lumineuse. Ce film profondément humaniste est forcément féministe, mais ne dresse jamais les garçons contre les filles ou les vieux contre les jeunes. Au final on en apprend autant sur la Tunisie d'aujourd'hui que sur la nature humaine à l'épreuve du 21ème siècle. Les protagoniste du film Sous les figues ne sont pas des comédiens professionnels, en revanche ils jouent juste et ils sont tous très beaux. Derrière la caméra il y a quelqu'un qui les aime fort. Cet amour infini est généreusement partagé. Retenez bien le titre du film et le nom de sa réalisatrice, vous n'avez pas fini d'en entendre parler. |
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