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On peut faire autant de lois,
la facilité du bureaucrate en panne d'idées, et l'expérience historique montre
qu'elles seront inefficaces sans une bonne gouvernance et la valorisation des
compétences, loin des relations clientèles, de rente, renvoyant à l'écosystème,
lui-même évolutif en fonction des mutations internes et internationales.
Il serait erroné d'assimiler la bonne gouvernance aux seuls indicateurs économiques comme le niveau de la croissance du PIB / PNB vision mécanique dépassée devant insérer le politique, le social et le culturel. La crise interne que connaissent les Etats en ce XXIe siècle, de l'État ne touche pas seulement à ses fonctions et à sa structure, mais concerne davantage la capacité de l'État à asseoir sa légitimité ainsi qu'à formuler des politiques publiques en phase avec les besoins socioéconomiques. 1. Les différents travaux de Aglietta et Boyer sur la régulation, le prix Nobel en Sciences économiques d' Elinor Ostrom pour son analyse sur les biens communs, les apports de Ronald Coase et de Williamson pour leur analyse de la gouvernance économique, qui approfondissent celle du fondateur de la Nouvelle Economie Institutionnelle, (NEI), ayant comme chef de file, Douglass North, ont démontré que les institutions ont un rôle très important dans la société, déterminent la structure fondamentale des échanges humains, qu'elles soient politiques, sociales ou économiques. Les institutions impliquant la société constituent un des facteurs déterminants de la croissance économique de long terme, le terme d'institution désignant les règles formelles et informelles qui régissent les interactions humaines», et aussi comme les règles du jeu qui façonnent les comportements humains dans une société. D'où l'importance des institutions pour comprendre la coopération sociale, comment contrôler la coopération des différents agents économiques et faire respecter le contrat de coopération. Parce qu'il est coûteux de coopérer sur le marché, il est souvent plus économique de coopérer au sein d'une organisation. En plus, ces analyses, en introduisant l'importance de la confiance et du «capital social» comme ciment de la coopération, font progresser également la gouvernance environnementale et locale, dans le sens d'une plus grande décentralisation avec l'implication des acteurs locaux dans la mise en place des règles, loin d'une réglementation autoritaire centralisée, la diversité institutionnelle étant nécessaire pour comprendre la complexité de notre monde, surtout pour des solutions concrètes où les nouvelles technologies d'information, le monde étant devenu une grande maison en verre, modèlent de nouveaux comportements et une nouvelle gestion tant des institutions que des entreprises, la Cité ne peut plus être gérée comme par le passé renvoyant à la bonne gouvernance. 2. -La bonne gouvernance peut être définie comme étant l'ensemble des traditions et institutions par lesquelles le pouvoir s'exerce dans un pays avec pour objectif le bien de tous. Elle comprend les procédés par lesquels les titulaires du pouvoir sont choisis, contrôlés et remplacés, la capacité du gouvernement à gérer efficacement les ressources et à appliquer des politiques solides et enfin le respect des citoyens et de l'Etat envers les institutions régissant les interactions économiques et sociales intervenant entre eux. Selon les Nations unies, la Bonne Gouvernance comprend les éléments suivants : - la participation : donner à tous, hommes et femmes, la possibilité de participer au processus décisionnel; -la transparence : découlant de la libre circulation de l'information; - la sensibilité : des institutions et des processus vis-à-vis des intervenants; - le consensus : des intérêts différents sont conciliés afin d'arriver à un vaste consensus sur ce qui constitue l'intérêt général; - l'équité : tous, hommes et femmes, ont des possibilités d'améliorer et de conserver leur bien-être; - l'efficacité et l'efficience : les processus et les institutions produisent des résultats qui satisfont aux besoins tout en faisant le meilleur usage possible des ressources; - la responsabilité : des décideurs du gouvernement, du secteur public/privé et des organisations de la société civile; - une vision stratégique : des leaders et du public sur la bonne gouvernance et le développement humain et sur ce qui est nécessaire pour réaliser un tel développement et très récemment la prise en compte de la préoccupation environnementale. Ainsi, cette nouvelle vision pose la problématique des liens entre la bonne gouvernance et les institutions car l'opérationnalisation de la bonne gouvernance est assurée par les institutions en distinguant : d'une part, les institutions politiques et juridiques qui contribuent à la construction d'un Etat de droit aussi d'assurer l'accès de la population à la justice et à la sécurité, d'autre part, les institutions économiques qui assurent le fonctionnement efficace et efficient de l'activité économique, la gestion optimale des ressources économiques et enfin les institutions sociales et communautaires qui assurent l'amélioration de la qualité de la santé et de l'éducation des populations ainsi que leur consultation et leur participation au processus de développement. 3. -L'importance de la bonne gouvernance, macro et micro-gouvernance étant inextricablement liées, pose toute la problématique de la construction d'un Etat de droit et de l'efficacité des institutions, sur des bases démocratiques tenant compte des spécificités de chaque société. Ainsi, pour les mesures de la bonne gouvernance, sur le plan politique et institutionnel on distingue : - la voix citoyenne et responsabilité qui mesurent la manière dont les citoyens d'un pays participent à la sélection de leurs gouvernants, ainsi que la liberté d'expression, d'association et de presse; -la stabilité politique et absence de violence qui mesure la perception de la probabilité d'une déstabilisation ou d'un renversement de gouvernement par des moyens inconstitutionnels ou violents, y compris le terrorisme; - l'efficacité des pouvoirs publics qui mesure la qualité des services publics, les performances de la fonction publique et son niveau d'indépendance vis-à-vis des pressions politiques; - la qualité de la réglementation qui mesure la capacité des pouvoirs publics à élaborer et appliquer de bonnes politiques et réglementations favorables au développement du secteur privé; - l'Etat de droit qui mesure le degré de confiance qu'ont les citoyens dans les règles conçues par la société et la manière dont ils s'y conforment et en particulier, le respect des contrats, les compétences de la police et des tribunaux, ainsi que la perception de la criminalité et de la violence; - la lutte contre la corruption qui mesure l'utilisation des pouvoirs publics à des fins d'enrichissement personnel, y compris la grande et la petite corruption, ainsi que «la prise en otage» de l'Etat par les élites et les intérêts privés. 4. -Il est démontré à travers de nombreuses enquêtes internationales que certains pays progressent plus rapidement que d'autres dans le domaine de la gouvernance et donc du niveau de développement, ne devant pas assimiler bonne gouvernance et la démocratie à l'occidentale. Les progrès sont en rapport avec les réformes dans les pays où les dirigeants politiques, les décideurs, la société civile et le secteur privé considèrent la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption comme des facteurs indispensables à une croissance durable et partagée. Mais en dépit des acquis en matière de gouvernance dans certains pays, d'autres, en nombre égal, ont vu leurs performances se dégrader sur plusieurs aspects de la gouvernance. D'autres, plus nombreux encore, n'ont montré aucun changement significatif au cours de ces dernières années. Les indicateurs donnent à penser que là où des réformes sont engagées, la gouvernance peut être améliorée rapidement. Ainsi par exemple, existent des liens dialectiques entre extension de la bureaucratie, extension de la sphère informelle et corruption. Cela n'est pas propre à l'Afrique puisque les dizaines, voire les centaines de milliards de dollars chaque année, de trafics d'arme, de prostitution ou la drogue relèvent de réseaux informels au niveau mondial. Car, comme l'a montré l'économiste indien Amara Sen, il y a lieu de tenir compte des anthropologies culturelles, de concilier la modernité et les traditions de chaque nation, une nation sans son histoire et sa culture étant comme un corps sans âme, donc ne pouvant généraliser des schémas importés de l'Occident, sans renier le dialogue des cultures et des civilisations source d'enrichissement mutuel, cette greffe, pouvant générer des rejets du corps social. En conclusion, quelle leçon à tirer pour l'Algérie ? Face à ces mutations, force est de constater qu'il reste beaucoup à faire pour que certains responsables algériens s'adaptent aux arcanes de la nouvelle économie, où se dessinent d'importants bouleversements géostratégiques mondiaux, croyant que l'on combat les problèmes à partir de commissions, de circulaires ou de lois, ignorant tant les mutations mondiales que la morphologie sociale interne, en perpétuelle évolution., L'Algérie recèle d'importantes potentialités, ayant toutes les potentialités pour devenir un pays pivot au niveau de la région méditerranéenne et africaine, peut relever les défis du nouveau monde, en plein bouleversement, en améliorant sa gouvernance et valoriser les compétences humaines, richesse bien plus importante que toutes les réserves d'hydrocarbures. Pour des raisons de sécurité nationale, s'impose une vision stratégique, loin des replâtrages conjoncturels résolvant les problèmes de court terme, mais amplifiant la crise à moyen et long terme. Il ne faut pas être utopique, sans moralisation surtout des dirigeants qui doivent donner l'exemple, et la stabilité politique, d'où l'importance face aux tensions tant géostratégiques qu'au niveau interne, d'un large front national de mobilisation, l'on ne peut parler de développement entre 2022/2025, tout le reste étant des slogans politiques auxquels la population algérienne ne croit plus. *Professeur des universités - Expert international |
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