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S'abstenir de prêter attention
à la malhonnêteté de Trump, telle qu'elle apparaît
pourrait avoir des conséquences dévastatrices.
Le mensonge comme arme de destruction massive La guerre contre l'Irak nous a montré les conséquences de la transformation d'exagérations et de mensonges en armes pour justifier une poussée idéologique vers la guerre. En 2002 et 2003, une série incessante de déclarations alarmantes, de communiqués publics enflés et de faux rapports de services de renseignement ont été utilisés pour justifier une invasion - partie d'une campagne médiatique délibérée pour transformer une action militaire offensive en opération défensive. Le président Bush avait alors déclaré : «Si Saddam Hussein choisit la confrontation, que le peuple américain sache que toutes les mesures ont été prises pour éviter la guerre». C'était faux. En fait, Bush avait défendu l'argument selon lequel les Etats-Unis devaient attaquer l'Irak avant que Hussein ait pu utiliser ses «armes de destruction massive,» armes que l'Irak ne possédait pas. Un nouveau cycle de mensonges délibérés pour justifier une guerre offensive contre l'Iran Maintenant, un nouveau cycle de mensonges délibérés en viendrait à se répéter dans la posture du président Trump à la belligérance croissante. La politique de Trump envers l'Iran a été enracinée dans les mensonges. En 2017, son administration a refusé de valider le Plan compréhensif d'action commune (abréviation anglaise JCPOA) - le deal nucléaire iranien - sur la prémisse que l'Iran ne respectait pas ses termes. C'était faux. Au début de cette année, l'Agence internationale pour l'énergie atomique a confirmé que l'Iran s'en tenait aux termes de ce deal. Le chef d'état-major de l'armée américaine a certifié devant le Congrès américain que «l'Iran adhère à ses obligations du JCPOA» et les services de renseignements américains n'ont présenté aucune preuve justifiant le refus de validation de l'accord par Trump. L'Iran a respecté ses engagements internationaux La décision prise par Trump de quitter cet accord du JCPOA qui s'en est suivie n'a pas été une surprise. Pendant des années, il a ridiculisé cet accord, le décrivant comme «le pire accord jamais négocié», en jetant sur lui une flopée d'affirmations faciles à récuser : que l'Iran aurait reçu 150 milliards de dollars sur la base de cet accord, une affirmation à laquelle le système du Washington Post de notation des mensonges a décerné «4 Pinocchio», que le régime politique iranien était proche de l'effondrement total, avant le deal, laissant entendre que, d'une certaine façon, ce deal a offert au régime iranien une nouvelle vie. Après s'être retiré de l'accord, Trump a continué à contester les analyses de ses propres services de renseignements suivant lesquels l'Iran respectait ses engagements. Comme ils sont devenus insensibles aux mensonges d'un président qui ment si régulièrement au point que c'est devenu un bruit de fond de notre culture politique, sa sortie imprudente d'un accord de limitation des armes nucléaires endossé par le Conseil de sécurité de l'ONU qui n'a pas été violé, les gens ont traité la récusation de cet accord juste comme une tournure routinière des évènements dans le Washington «trumpien». Une crise délibérément «manufacturée» avec l'Iran Depuis, l'administration de Trump a fait tous les efforts pour «manufacturer» une crise avec l'Iran. A la grande surprise de nos alliés européens les plus proches, l'administration de Trump a imposé de manière répétée de nouvelles sanctions, désignant officiellement la Garde Révolutionnaire Islamique iranienne comme une organisation terroriste ; cette administration américaine a annoncé la création d'un «Groupe d'Action pour l'Iran», dans la même semaine du 64ème anniversaire du coup d'Etat appuyé par les Etats-Unis contre le gouvernement iranien de l'époque. De même, cette administration «trumpienne» a menacé, sous la forme d'un message vidéo en tweet par John Bolton, le conseiller à la Sécurité auprès du président des Etats-Unis, proclamant «que le régime iranien n'aurait pas beaucoup d'autres anniversaires à célébrer» et faisant référence à l'utilisation, pour la guerre contre l'Iran, de l'autorisation d'employer la force militaire contre el Qaïda et ses associés. Au cours de ce mois, il y a eu une escalade de la crise manufacturée. Bolton a annoncé le déploiement dans la région d'un porte-avion de groupe d'attaque et d'une force de frappe aérienne, faisant référence à des «indices et des avertissements troublants et escaladant» de la part de l'Iran, qui pourraient conduire à l'utilisation sans limites de la force par les Etats-Unis. Quelques jours plus tard, Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat américain, a averti que toute attaque par l'Iran et ses subalternes entraînerait une «réponse américaine rapide et décisive». Le ministère américain des Affaires étrangères a retiré certains membres de son personnel dans la ville proche de Bagdad, citant des menaces non spécifiées en provenance de l'Iran. Netanyahu, le Premier ministre d'Israël, et l'Arabie saoudite : les seuls soutiens à la posture belliqueuse américaine contre l'Iran Nos alliés ont contredit cette vue. Un général-major britannique a déclaré, cette semaine, lors d'une conférence au Pentagone, qu': «il n'y a pas eu de menaces accrues en provenance des forces appuyées par l'Iran tant en Irak qu'en Syrie». L'agenda idéologique derrière la rhétorique et les politiques de l'administration américaine est clair. Bolton, en particulier, a depuis longtemps été l'avocat d'un changement de régime et a appelé à la guerre, publiant, en 2015, sur le New York Times une contribution libre intitulée : «Pour arrêter la bombe iranienne, bombarder l'Iran». Israël et l'Arabie saoudite - dont les gouvernements ont cultivé des relations étroites avec l'administration Trump - favorisent la confrontation avec l'Iran. Sur la base de ce récit, il n'est pas difficile d'en conclure que l'administration de Trump a poursuivi une stratégie claire : provoquer l'Iran à faire quelque chose qui justifierait la guerre. Et, comme pour l'Irak, l'administration a utilisé des exagérations et des rapports non spécifiés des services de renseignements pour fonder la qualification d'une guerre offensive contre l'Iran comme étant une guerre défensive. Dans ce contexte, la fermeture des consulats américains à Bassora et la réduction des personnels de l'ambassade à Bagdad, constituent un mauvais présage, enlevant des cibles qui pourraient figurer comme riposte iranienne à l'attaque américaine. Bolton le va-t-en-guerre de la Maison-Blanche va-t-il avoir le dernier mot ? La question restante est de savoir quelles sont les ultimes intentions de Trump. Il a fait campagne en s'engageant à mettre fin aux guerres au Moyen-Orient, et a déclaré, pas plus tard que dans son récent discours au Congrès américain, au début de cette année que : «Les grandes nations ne mènent pas des guerres sans fin». Mais, il adore détruire les progrès accomplis par Barack Obama grâce à l'accord avec l'Iran et se présenter comme un «fort-à-bras» sur la scène internationale. Il pourrait (et devrait) revenir à la voie diplomatique, comme il le fait avec la Corée du Nord, bien que ses actions jusqu'à présent aient saboté le point de démarrage pour des discussions diplomatiques sérieuses avec l'Iran. Au lieu de cela, et sous son regard, notre pays s'est isolé de nos alliés, et, sans surprise, l'Iran a signalé qu'il projette de remettre en marche certains éléments de son programme nucléaire qu'il avait mis de côté ou arrêtés dans le cadre du JCPOA. Trump pourrait encore s'éloigner du précipice, où il pourrait suivre le tempo qu'il a engendré jusqu'à aboutir à une guerre qui pourrait être un désastre mortel et dévastateur. Trump est au bord du précipice. Sautera-t-il dans l'inconnu d'une guerre aux conséquences dévastatrices ? Nous ne savons pas ce qu'il va faire. Mais nous savons que Trump a une aversion pour la vérité, et qu'il est « addicté» au mensonge, donc, que tout ce qu'il dit sur l'Iran devrait être traité avec beaucoup de scepticisme. Les conséquences d'une guerre avec l'Iran - un adversaire autrement plus vaste, plus déterminé et plus sophistiqué que l'Irak - devraient être rapidement détaillées en public. Et Le Congrès américain, la branche du gouvernement qui a le pouvoir de déclarer la guerre, devrait clairement affirmer que n'est autorisée aucune action militaire contre l'Iran. Conclusion Il peut être tentant de négliger les déclarations fallacieuses et trompeuses - quelque 10.000 et on continue à les compter - que Trump a proférées de manière régulière depuis qu'il occupe le bureau ovale. Mais, si nous glissons dans une autre guerre, sur la base d'une prémisse fondamentalement malhonnête, les mensonges de Trump pourraient finir par provoquer des conséquences pénibles et aux effets lointains. *Conseiller adjoint à la Sécurité nationale sous la présidence d'Obama, auteur de l'ouvrage intitulé «Le monde tel qu'il est». Contribution publiée sur le Washington Post du 16 Mai (Traduction et sous-titres : Mourad Benachenhou) |
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