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Le Coran est une
révélation faite par l'Archange Gabriel au Prophète Mohamed (que le salut soit
sur lui) dans la langue des Arabes (de la presqu'île arabique), pour qu'il
puisse être compris, intérioriser et interpréter. La puissance divine ayant
doté l'espèce humaine d'intelligence, d'entendement et de raisonnement,
c'est-à-dire de capacités (paramètres) psychiques préalables, immanentes et
propres à la conscience humaine, pour la diffusion, de manière explicite et
démonstrative, du Livre saint.
Le dessein sublime de la volonté divine étant la vulgarisation du message coranique, dans le cadre d'une vision humaine éclairée, et d'un projet de haute éducation de l'être humain, afin qu'il puisse jouer son rôle de substitut de Dieu sur terre et remplir la mission qui lui a été prédestinée dans les meilleures conditions possibles. Dans cet ordre d'idées, les croyants se trouvent placés ainsi, historiquement, dans une perspective millénaire plurielle, avec la mission d'appliquer et d'accompagner les préceptes coraniques de manière pertinente, c'est-à-dire avec intelligence et discernement. Ils sont chargés (divinement) d'une immense responsabilité exigeant science et savoir-faire, impliquant un effort de renouvellement, sans cesse actualisé, pas exclusivement à court et moyen termes, mais surtout sur une très longue période historique. Le phénomène coranique et sa problématique moderne : L'époque moderne est caractérisée, dans l'espace arabe, par la prédominance d'une lecture statique et non dynamique de la doctrine orthodoxe religieuse élaborée fondamentalement au cours du premier siècle de l'Islam et éventuellement jusqu'à l'apogée de la civilisation islamique. La lecture statique de par son caractère conservateur restrictif est plus généralement appelée : « pensée conservatrice moderne ». La pensée conservatrice dominante de nos jours, se veut être une incarnation et une reproduction fidèle et en l'état, par l'esprit et la lettre, de la pensée orthodoxe traditionnelle. Cette volonté de réitérer par l'esprit et la lettre par le placage pur et simple de la pensée orthodoxe religieuse, alors que les réalités historiques sont totalement différentes, est en soi et en pratique impossible, et ne peut constituer qu'une vaine surréalité intellectuelle. Il s'agit, en effet, manifestement, d'une double erreur conceptuelle : D'une part « la pensée conservatrice moderne » en voulant être la copie fidèle de la doctrine religieuse traditionnelle, se met en contradiction avec cette dernière, en raison du fait que celle-ci était non seulement en adéquation et en conformité avec les réalités historiques de son époque, mais en outre en anticipation et en avance sur son temps, en générant le concept (l'institution) de la fatwa. La fatwa étant une institution du droit musulman permettant, autant que faire se peut, une adaptation et une actualisation à l'évolution et à l'écoulement du temps. D'autre part, la pensée conservatrice en cause, ainsi interpellée dans sa volonté d'incarner, de plagier et d'ignorer le contexte et les réalités historiques, donc politiques, culturelles, scientifiques et technologiques se met en opposition avec la nature de l'univers (lui-même création divine) soumis, régi et gouverné par les principes dynamiques de l'évolution, du mouvement et de la mutation, avec les lois de la mécanique, de la réaction chimique et de la dynamique des groupes humains. Ce sont, en effet, ces lois dynamiques que l'on retrouve dans l'espace bio-naturel, dans le monde interactif des particules, de l'attraction nucléaire atomique, et dans la gravitation universelle des corps célestes et des galaxies. Pour une explication plus exhaustive de la gouvernance de l'Univers, il est nécessaire de préciser le point de vue du croyant, dont l'idée souveraine et décisive, chez lui, est que dès la genèse du monde (l'Univers) la puissance divine l'a intentionnellement fait gouverner par les lois positives de la causalité, afin qu'il soit accessible à la raison humaine et être compris, exploité et fructifié par l'esprit et la main de l'homme. L'être humain étant doté, divinement, de la capacité non seulement d'éprouver le besoin et le plaisir de rechercher, de proposer, d'innover et de découvrir, mais également de décrypter et d'en définir les raisons, à mesure que se déroule la démonstration explicative des causes, de leurs effets et conséquences. Le principe dualiste de la réalité temporelle et intemporelle, condition pour l'adaptation permanente à l'esprit et la lettre du phénomène coranique : L'adaptation permanente est une règle générale impérative dans l'existence et l'évolution des sociétés et des civilisations humaines. À ce titre, dans l'espace arabo-musulman elle a pour objet d'actualiser la lecture et la traduction des concepts, signes paraboliques, et lexicologiques générés et véhiculés par le Livre saint En tant qu'œuvre révélée encyclopédique, le Coran aborde assurément tous les phénomènes, faits et objets de la connaissance, au double plan spirituel et matériel intégrant et faisant coexister le temporel et l'intemporel. Il véhicule à la fois les idées d'éternité de l'âme avec un monde de l'au-delà, et un monde antécédent ou à côté, biophysique constamment en mouvement et en interaction, depuis l'infiniment petit (particules subatomiques) à l'infiniment grand (espace cosmique en extension incessante). Le phénomène coranique induit l'émergence d'un double substrat (le temporel est l'intemporel) sous forme d'une réalité permanente physique et métaphysique, appréhendée et agrégée par la raison encyclopédique, dont les attributs sont équivalents et de même nature que les potentialités de la synthèse supérieure. La raison encyclopédique, substance conceptuelle et de synthèse pour la compréhension et l'explication du phénomène coranique : La réalité permanente physique et métaphysique émergeant de l'Ordre suprême divin, mise en évidence par le phénomène coranique, sert de support au raisonnement dualiste bipolaire, savoir : Le pôle de la raison spirituelle transcendante et absolue, faisant appel à l'apologie déiste, esquivant l'esprit critique; le pôle de la raison relative et causale, faisant appel à l'esprit critique. Définition du mode dualiste de raisonnement bipolaire : Le raisonnement spirituel transcendant et absolu: Il s'applique à toute relation individuelle ou collective faisant le lien direct entre le ou les croyants, et Allah Dieu tout-puissant. Le champ d'application couvre l'ensemble formé par les cinq piliers de l'Islam : La chahada, Cinq prières quotidiennes, la zakat, le jeûne du Ramadhan, le pèlerinage aux Lieux saints. Ce mode de raisonnement transcendant implique la glorification de Dieu en tant qu'Être suprême, unique (Tawhid), complet, parfait, miséricordieux, plein de pardon, de charité et juge rédempteur (par la grâce et le supplice). Ainsi à l'inverse et à l'encontre du raisonnement relatif et causal la raison transcendante est apologétique, c'est-à-dire qu'elle écarte et fait, par principe, abstraction de l'esprit critique. Le raisonnement relatif et causal : La raison d'ordre relatif et causal, signifie sur le plan philosophique et didactique que les phénomènes et faits du monde temporel, forment les éléments d'un ensemble représentant le monde physique positif. Ce monde positif est régi par des relations de cause à effet ayant comme axiome et pour support la raison nécessaire et suffisante. Autrement dit et pour reprendre la formule du philosophe Leibniz : « jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison?, c'est-à-dire pourquoi cela est existant plutôt que non existant, et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon ». En résumé, le raisonnement bipolaire ainsi défini ci-dessus, est structuré et ses deux branches dualistes sont assemblées et réunies sans se confondre, par la raison encyclopédique. Cette dernière a pour objet d'opérer le regroupement du raisonnement bipolaire sur un plan supérieur, où les contraires (l'ordre transcendant et l'ordre causal) se rejoignent sans se confondre dans l'unité riche et supérieure de la synthèse. C'est ce qui s'appelle le raisonnement dynamique, par opposition à la lecture statique conservatrice. La lecture dynamique étant un raisonnement en constant devenir, s'appuyant sur le savoir et l'expérience accumulés en l'occurrence par les croyants, pour une meilleure connaissance du Saint Coran et des réalités historiques. L'inadéquation : pensée conservatrice moderne / raisonnement dynamique : Nous avons expliqué au début de cet exposé que « la pensée conservatrice moderne » se caractérise hégémoniquement par une lecture statique et une volonté d'incarnation en l'état, de la doctrine orthodoxe séculaire, sans tenir compte des réalités historiques changeantes, gouvernées par les lois positives du mouvement, de l'interaction et de la mutation, régissant l'Univers. Cette inadéquation a eu des effets nuisants sous forme d'enfermement sur soi, de stagnation générale (économique et intellectuelle) favorisant l'esprit imitatif et de plagiat sur des secteurs clés: scientifique, idéologique et politique, ainsi que sur les systèmes vitaux : éducatif, culturel, socio-économique, généralisant l'absence de créativité, l'opacité culturelle, un retard d'évolution à la fois juridique et dans la gestion et la gouvernance au sens pluriel, contrariant les approches spirituelles constructives. Parmi les causes de cette inadéquation globale, on peut citer, en premier lieu, le fait que la nature humaine se montre récalcitrante aux changements susceptibles de bouleverser ses bonnes habitudes, surtout si celles-ci sont ancestrales. En règle générale les sociétés humaines opposent une résistance à tout ce qui peut modifier leurs manières de vivre et de voir le monde, particulièrement si ces manières permettent de maintenir une sécurité psychologique et une certaine paix sociale, à côté d'une tranquillité spirituelle, même si souvent l'approche dogmatique est très étroite et restrictive. Le problème des libertés individuelles et politiques, étant le plus souvent, jugé secondaire et la plupart du temps ne venant même pas à l'esprit de populations, ignorant la chose politique et préoccupées par d'autres priorités. Cependant les causes les plus pertinentes en mesure de justifier cette inadéquation antagonique, constituant une force d'inertie considérable, ligotant l'esprit et l'action de l'individu et empêchant l'évolution des sociétés musulmanes, sont celles des méthodes d'enseignement en vigueur de manière hégémonique à ce jour, dans les établissements primaires, secondaires, et universitaires des pays de la sphère arabe, spécifiquement dans des universités emblématiques à l'instar d'El Azhar, défenseur permanent du temple conservateur. Les méthodes d'enseignement dans cet espace géographique, restent d'essence mythique et mystique, fondées sur les cours magistraux d'ordre absolu, la mémorisation, l'empilement et la récurrence des connaissances, l'unanimisme hégémonique, l'absence d'interaction participative, de contrariété et de la synthèse créative de richesses. Il s'agit en l'occurrence de méthodes ancestrales, dominées par le raisonnement scolastique qui donne la priorité à la forme et au syllogisme, lesquels sont synonymes de verbalisme et de logomachie. En effet, c'est un système abstrait où la connaissance du fond, la recherche des causes, des faits apparents ou non apparents, pour en tirer des lois et des règles, sont secondaires et très souvent constituent des paramètres inconnus. Au Moyen-Âge la scolastique était prédominante et utilisée en philosophie et en théologie à l'université. La forme et le style avaient, alors, plus d'importance que le fond. Plus tard, les Progrès de la connaissance, de la recherche scientifique, des multiples découvertes technologiques, l'exploration et la conquête spatiales ont inversé et transformé le cours de la pensée faisant primer le fond sur la forme. Dans la pensée scientifique moderne, il n'est plus question d'une reproduction automatique et systématisée des idées. L'analyse et la définition préalable et en profondeur, est de rigueur générale, permettant une véritable maîtrise des concepts et de chaque élément de l'ensemble. La question capitale et décisive à laquelle les peuples de l'espace arabe sont tenus d'y faire face, est celle de bâtir un système éducatif et culturel à la hauteur des enjeux et des défis de l'époque moderne. En conclusion : l'urgence est de mettre en œuvre les moyens efficients pour juguler l'inadéquation antagonique et paralysante, représentée par la dualité du rapport : Pensée conservatrice stagnante/réalité historique en évolution dynamique, en vertu et en conformité avec le principe : « qui n'avance pas recule!». Les peuples arabes longtemps soumis et résignés, par des contraintes et conditionnements issus de sources aliénantes très variées, conservent l'espoir en un avenir meilleur, loin du repli sur soi et de tout autisme. En effet la vie humaine, c'est-à-dire l'évolution des sociétés et des civilisations, est un constant devenir qui ne se donne pas tout d'une pièce, c'est une expérience accumulée s'appuyant sur l'intelligence et la connaissance, autrement dit sur un effort d'adaptation permanente. |
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