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A
Cannes la comédienne Adila Bendimerad
et son époux le réalisateur Damien Ounouri défendent
le projet de leur prochain film qui traite des derniers jours mouvementés de la
dernière " reine " d'Alger face au terrible Baba Arroudj.
Projet retenu par le Festival de Cannes dans le cadre de sa Cinéfondation.
Pas le temps de souffler : Adila Bendimerad (comédienne et scénariste) et son époux Damien Ounouri (réalisateur) enchaînent les rendez-vous avec les distributeurs, les fonds de participations, les chaînes de télévision pour avancer dans le financement de leur prochain film, un projet ambitieux sélectionné par la Cinéfondation du Festival. Entre deux rendez-vous, ils répondent aux questions de l'envoyé spécial du Quotidien d'Oran à Cannes. Le Quotidien d'Oran : Quel est le sujet de votre prochain film ? Adila Bendimerad : L'histoire se déroule vers 1516, c'est-à-dire avant l'époque ottomane, quand Samir Toumi le dernier roi d'Alger fait appel aux frères Barberousse pour libérer le pays envahi par les Espagnols. D'habitude les frères Barberousse repartent une fois leur mission terminée, mais cette fois Barberousse après avoir triomphé des forces espagnoles décide de rester à Alger et de prendre le pouvoir? Damien Ounouri : Le film pourrait démarrer par l'assassinat dans un hammam du dernier roi d'Alger par les mercenaires de Barberousse, et l'histoire se développe avec la résistance d'une des épouses du roi assassiné, Zaphyra qui, de son harem, va tenter de constituer une armée de résistance? Adila Bendimerad : On a quelques éléments historiques, mais on ne sait pas si Baba Arroudj va tomber amoureux de Zephyra pour sa beauté et son caractère ou s'il veut l'épouser juste pour avoir les tribus locales avec lui. Il y a dans ce projet beaucoup de place pour la fiction. C'est aussi une manière de restituer le Alger qui va être totalement détruit ensuite par la colonisation française. Et il y aura aussi matière à évoquer le sort des femmes. D'hier à aujourd'hui. Le Quotidien d'Oran : Je suppose que c'est vous Adila Bendimerad qui allez jouer le rôle de la sultane ou la reine? Adila Bendimerad : Il faut demander cela au réalisateur (sourires)? Damien Ounouri : Effectivement, c'est Adila qui campera le rôle. Mais " princesse " n'est peut-être pas le mot juste? Adila Bendimerad : Oui, princesse, sultane, ce ne sont pas les mots de l'époque, on disait " Lala "? Ce n'était pas un royaume féodal à l'époque, car il y avait déjà un système de consultation à la manière des assemblées berbères. Ce qui nous a beaucoup intrigués c'est que ce personnage féminin a un temps disparu des manuels historiques pour réapparaître des siècles plus tard? Pourquoi ? Qu'a voulu faire Zaphyra au juste ? Voulait-elle prendre le pouvoir ou se contenter d'être la Régente d'Alger, en attendant la majorité du fils qu'elle a eu avec le roi Samir Toumi ? Autant de questions sans réponses? Le Quotidien d'Oran : On le verra quand le film ? Damien Ounouri : On espère tourner au printemps 2019. On a déjà eu l'avance algérienne, le Fdatic, 45 millions de dinars. On a déjà un coproducteur français Agat films. Les Belges participent aussi à cette coproduction, nous sommes à Cannes pour compléter le budget. Mais on ne va pas traîner trop longtemps, on fera le film avec ce qu'on aura. Adila Bendimerad : On espère que tout le monde en Algérie va nous aider. Ne serait-ce que parce que notre film va mettre en valeur notre patrimoine historique. On veut pouvoir tourner dans les palais d'Alger, utiliser les murailles de Tlemcen, restituer au plus près le Alger de la Casbah Bologhine. On va demander aussi aux autorités algériennes de nous aider en nous refilant les costumes qui ont servi pour d'autres reconstitutions historiques. Et pour le casting, on cherche une ou deux têtes d'affiche internationales. Le Quotidien d'Oran : En quelle langue vont s'exprimer vos personnages ? Kabyle ou arabe ? Adila Bendimerad : En maghrébin de l'époque je dirai. Cette langue ancienne qu'on comprend toujours, c'est celle du malhoune. On trouvera des arrangements pour que les dialogues soient compris bien entendu, mais on travaille sur la langue à partir de l'ancien algérois. Le Quotidien d'Oran : Vous avez l'air bien fatigué Damien Ounouri? Damien Ounouri : On n'arrête pas d'enchaîner les rendez-vous, des journées à pitcher le film ça vous crève d'autant plus qu'avant d'arriver à Cannes j'ai travaillé jour et nuit sur une série pour le Ramadhan : Dar Eddroudj, qui sera diffusée en prime-time sur Al-Djazaïria One. J'ai terminé le montage à 3 heures du mat' et ensuite j'ai enchaîné à l'aéroport pour le premier vol du matin, alors? Le Quotidien d'Oran : De quoi traite cette série ? Sketch chorba ? Damien Ounouri : Non, c'est une série de 22 épisodes de 7 minutes chacun, dans le registre comédie plutôt. Adila, Sofia Djama et Yanis Koussim ont écrit les épisodes. L'artiste Moustache est en train de finaliser le générique et c'est El'Ho qui fait la musique, il vient de me l'envoyer d'ailleurs? Le Quotidien d'Oran : Damien Ounouri cela fait combien de temps que vous vivez à Alger ? Damien Ounouri : Trois ans. Avant je faisais des allers - retours. Le Quotidien d'Oran : Est-ce facile de vivre à Bab-El-Oued quand on s'appelle Damien ? Damien Ounouri : Aucun problème. Bon, j'avoue qu'avec mon arabe encore pourri je passe pour un " immigré ", dès fois pour " un gawri ", mais à Alger il y a plein d'enfants de couples mixtes, c'est une ville cosmopolite. J'ai la nette impression que vaut mieux s'appeler Damien en Algérie que Ounouri en France. Je trouve que l'air est devenu irrespirable en France, l'islamophobie totalement banalisée. Et pour le cinéma c'est mieux d'être en Algérie qu'en France, il y a tellement de choses à faire à Alger? En France je ne pourrai pas passer aussi facilement de la pub aux feuilletons-télé et de la télé au cinéma. Ici tout est possible. D'une certaine manière c'est plus ouvert? Il faut toucher le public là où il se trouve et même si on veut faire renaître le goût des salles de cinéma, il y a d'abord un lien à renouer avec nos publics. Si ça passe par la télé, ça me convient. Je n'aimerai pas faire partie des gens qui disent le plus grand mal de la télé et qui refusent d'améliorer ses contenus quand on leur donne la possibilité de le faire. |
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