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S'il est un type de formation,
parmi d'autres, qui s'inscrit dans la perspective du développement humain,
c'est bien la formation des cadres de la jeunesse. Ceci est d'autant plus vrai
que cette formation a pour objectif de conférer aux candidats à former, des
compétences et un savoir-faire dans la prise en charge de la jeunesse sur les
plans de l'épanouissement personnel, de l'information, des distractions et de
la prévention.
Ce type de formation est donc en principe à même de faire de ces intervenants, des professionnels de la guidance juvénile ! Quelle est alors la réalité des choses ? Je souhaite à travers cette contribution aborder le système de formation des cadres des établissements de jeunesse, en termes d'échec au vu d'une expérience personnelle dans ce domaine de formation, étant entendu que, pour le chercheur ainsi que pour d'autres intervenants objectifs, l'on puisse aussi reconstruire sur les échecs. La présentation Ce domaine de formation qui est conçu par son initiateur (l'Etat) comme une contribution à la politique nationale d'insertion des jeunes et de réduction des causes à l'origine des processus de leur exclusion, ainsi qu'une participation aux programmes intersectoriels (éducation, formation, santé, emploi....) à l'indicatif du ministère de la Jeunesse et des Sports, dans un cadre global de développement économique et social, s'inscrit parfaitement dans la problématique de ce séminaire dans le sens où il concerne une frange importante de la population : la jeunesse et sa prise en charge en tant qu'acteur de ce développement économique et social. Les établissements de jeunesse en Algérie sont des structures à caractère éducatif, social et culturel mises à la disposition de la population juvénile dans le cadre d'un réseau dont l'objectif est la gestion du temps libre selon 2 axes principaux : -L'information et la communication, -l'animation. Ainsi structuré et afin d'étendre son champ d'action et toucher le jeune là où il se trouve, le réseau national d'information en milieu de jeunes, implique aussi des partenaires tels que les ministères de la Formation professionnelle, de 1'Education nationale et de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, ainsi que le ministère de la Solidarité nationale, principalement. Au niveau local, les partenaires privilégiés du réseau sont les bureaux d'accueil, d'information et d'orientation (BAIO) des centres de formation professionnelle, les associations de promotion des initiatives de jeunes (APIJ), les comités locaux d'insertion de jeunes (CLIJ), les conseils d'orientation scolaire et professionnelle et les délégations locales à l'emploi des jeunes. Les établissements de jeunesse hérités de la colonisation française (Maisons de jeunes, centres sociaux, auberges...) ont pris après l'indépendance le nom de C-E-P (Centres d'Education Populaire). Leur mission était de dispenser des cours d'alphabétisation considérée par les autorités de l'époque comme action prioritaire. Le décret n° 64-21 du 21 décembre 1964 rattacha au ministère de la Jeunesse et des Sports, les maisons de jeunes, foyers ruraux et auberges de jeunesse. Cet outil juridique a donné une existence juridico-administrative à l'établissement de jeunesse. Il a été aussi le précurseur à une suite de textes par lesquels les pouvoirs publics ont tenté, à chaque étape, de structurer le réseau national d'animation de la jeunesse. Cette structuration concerna aussi bien l'aspect organisationnel, géographique, que celui de la formation de l'encadrement. Ce volet, qui nous intéresse particulièrement, à savoir l'impératif de la formation de l'encadrement, a dans ce contexte, conduit à la création en 1968, d'écoles de formation de cadres de la jeunesse (ordonnance 109/68 du 08/05/1968), notamment à Constantine et Alger. Les Ecoles de formation de cadres de la jeunesse, ont ainsi fonctionné selon les statuts qui les géraient, durant une vingtaine d'années. Elles ont eu pour mission de former les différents corps pour l'encadrement des structures de jeunesse (éducateurs, instructeurs ...) dans le but de doter les structures de jeunesse de l'encadrement nécessaire à la promotion de la politique de développement social et économique de l'Etat. Les ambitions Dans la foulée des restructurations du système de formation en Algérie, entamées historiquement depuis 1971 par la RES, ainsi que la réforme de l'enseignement secondaire en 1977 et aussi par l'avènement de l'EFP en1976, ces établissements ont été érigés en Instituts nationaux de formation supérieure, dans le cadre des statuts des INFS de 1985. Ces textes, pris conjointement par le MJS et le MESRS dans le cadre du décret 85/243 du 1 octobre 1985 relatif aux instituts nationaux et du décret 363/83 du 28 mai 1983 relatif à la tutelle pédagogique, les intégrèrent dans la carte et sous la tutelle pédagogique de l'enseignement supérieur. Cependant, cette tutelle n'a été adoptée qu'en 1992, pour être effective pour la rentrée universitaire 1992/1993, au vu de la résistance qui a été manifestée à l'égard de cette situation nouvelle. Ceci est d'autant plus vrai que l'accès à la formation exigeait des candidats la possession du baccalauréat (article 35-1 du décret 197/91). Cette exigence était par ailleurs conforme aux nouveaux statuts adoptés dans le cadre du décret 91-197 du 1er juin 1991 portant statut particulier des travailleurs appartenant aux corps de l'administration chargée de la jeunesse et des sports ; l'ouverture de la filière de formation des éducateurs spécialisés de la jeunesse avait fait l'objet d'un arrêté interministériel en date du 02/08/1992, en application de l'article 5 du décret 243/85. Le constat C'est dans ce contexte et cette époque que j'avais eu à prendre en charge un établissement de formation de cadres de la jeunesse. J'avais eu à prendre par ailleurs la mesure de cette résistance et de certains préjugés et constantes en vigueur. -D'abord concernant les résistances, Celles-ci avaient trait à l'exigence du baccalauréat pour l'accès à la formation et à l'intégration à la carte universitaire (orientation). Cette réalité nouvelle, gage de qualité de la formation, s'inscrivait en porte-à-faux pour les tenants de l'orthodoxie de l'animation vocation (Considérant l'animation de la jeunesse comme une vocation plus qu'un métier). J'avais eu à constater, à cet effet, que les concours d'accès aux écoles de cadres prenaient en considération, en priorité, les connaissances artistiques des candidats comme si les futurs étudiants étaient destinés à devenir des artistes. Sur le plan de l'évaluation, les matières artistiques prenaient le pas sur les autres matières dites générales par l'affectation de coefficients de pondération très élevés. A titre d'illustration, la matière arts lyriques est affectée d'un coefficient 12, alors que la psychologie d'un coefficient 3. Le volume horaire est aussi beaucoup plus important quand on passe d'une matière artistique à une matière générale. C'est ainsi qu'une matière artistique à l'exemple des arts lyriques peut prendre 8 heures alors que la psychologie, seulement 2 heures hebdomadaires. La matière étant segmentée en unités : atelier, instruments, culture artistique affectés chacune d'un coefficient. -Sur le plan des préjugés Pour les responsables de la formation à tous les échelons de la hiérarchie, seul était considéré un bon animateur celui qui avait des talents artistiques avérés. Les activités dites scientifiques, (électronique informatique, environnement) introduites dans les programmes à la faveur de la tutelle pédagogique de l'enseignement supérieure, ont eu du mal à capter l'intérêt des responsables malgré l'engouement des étudiants et de la jeunesse en général vis-à-vis de ces domaines modernes. -Sur le plan des constantes, Sur le terrain, les éducateurs ainsi formés étaient affectés selon leurs spécialités respectives (éducateur en arts lyriques, en arts dramatiques,?). Il arrive ainsi qu'un éducateur formé en arts dramatiques, ne trouvant pas d'adhérents souhaitant pratiquer cette activité, se retrouve marginalisé, sous évalué et donc en situation d'échec professionnel. Ces quelques éléments diagnostiqués ont eu pour conséquences : -Un manque d'attrait vers la maison de jeunes considérée à juste titre par les jeunes en décalage avec l'évolution des intérêts de la jeunesse en matière d'activités de loisirs. Selon des statistiques officielles, seulement 2% des jeunes de la tranche d'âge 15/29 ans fréquentent les établissements de jeunesse. (CENEAP/MJS Indicateurs principaux du secteur de la jeunesse, février 1997) -Une dévaluation de la formation et une stigmatisation de l'éducateur lui-même, accusé par les intervenants sur le terrain (responsables pédagogiques et administratifs, inspecteurs?), d'inefficacité et d'insuffisances multiples. Les initiatives Afin de dépasser cette situation, nous avions pris l'initiative, avec l'accord de la tutelle, d'intégrer les acteurs du terrain (inspecteurs, associations d'animation de la jeunesse, administration) dans l'activité de formation. C'est ainsi qu'une entité juridique a été créée à cet effet, la commissions régionale de suivi et d'évaluation de la formation créée par arrêté n°1475 du 12/11/1994, regroupant les inspecteurs et conseillers du terrain et les structures de formation de l'établissement de formation, dans l'objectif d'encadrer les stages et d'apporter les correctifs aux programmes de formation selon l'évolution des besoins du terrain. Une autre initiative a aussi couronné l'expérience des commissions régionales. Un séminaire national dédié à la promotion de la relation formation-terrain a été organisé au mois d'avril 1998 à l'INFS jeunesse de Constantine. Les conclusions du séminaire qui avait regroupé l'ensemble des acteurs de la formation et du terrain, ainsi que le monde associatif jeunesse, devaient projeter la formation vers des perspectives à même de contribuer plus efficacement à intégrer la prise en charge des jeunes. La consécration de l'échec Le MJS dans son programme de travail pour l'année 1999, en application des directives du gouvernement décidées lors de sa réunion du 04 décembre 1996, avait présenté un plan de restructuration des établissements de formation. Cette démarche concernait aussi d'autres segments de l'activité en rapport avec la jeunesse tels que l'animation, la formation continue et la recherche sectorielle notamment. En conséquence d'une batterie de textes pris le 09 mars 2000, une série de modifications ont été introduites sur les statuts des établissements de formation, dont la plus importante a été l'abandon de la tutelle pédagogique de l'enseignement supérieur. Les établissements ont gardé le statut d'INFS, lequel a été expurgé des dispositions ayant trait à la double tutelle. Dans le prolongement de ces modifications, le MJS a fait adopter conjointement avec la direction générale de la fonction publique, les programmes de formation des différents corps, par un arrêté du 13 avril 2004. Bien que la formation ait été encore domiciliée dans des INFS, le ministère avait fait fi de l'article 6 du décret 363/83 relatif à la tutelle pédagogique de l'enseignement supérieur, et a adopté l'article 10 du décret 96/92 du 3 mars 1996, lequel décret concerne la formation et le perfectionnement des fonctionnaires et les établissements spécialisés des différents secteurs à l'exception des INFS qui sont gérés par leur propre statut. Depuis, on peut considérer que cette formation a été abandonnée au profit du perfectionnement de l'encadrement existant. Les perspectives Devant ce constat et au vu des besoins de la société dans ce segment de la formation en rapport avec le développement humain, les départements de l'université sont invités à réfléchir, dans l'esprit du LMD, à pallier à ces échecs. Pour ce faire, on peut, dans le cadre de la loi d'orientation de l'enseignement supérieur, dont le principe directeur est l'adaptation de la formation aux besoins de la société, élaborer en concertation avec les secteurs utilisateurs, des profils de formation de psychologues en direction des diverses franges de la société. *Maître de conférences A - Faculté de Psychologie Université A. Mehri Constantine2 |
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