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Chaque jour notre envoyé
spécial part d'un film présenté en sélection officielle pour imaginer son
équivalent en algérien et en Algérie. Chronique d'un film vu et d'un autre
imaginé. Aujourd'hui «Redoutable » (3/5).
Deux films français en sélection officielle ont fait chavirer le Palais des Festivals. «120 battements par minute» de Robin Campillo qui revient sur l'histoire d'Act-up, le mouvement des activiste anti-sida des années 90, est poignant, réussi sur tous les plans. Après le torrent de larmes provoqué par ce film le matin, ce fut une tempêtes de sarcasmes le soir à l'issue de la très mouvementée projection de «Le Redoutable» de Michel Hazanavicius, signé par l'auteur de «The Artist». «Le Redoutable». Là aussi c'est une reconstitution d'un passé proche, tellement proche que les deux sujets du film sont encore vivants, même si on les retrouve à une période qui remonte à mai 1968. Jean Luc Godard, le cinéaste le plus en vue de sa génération, vient de terminer «La Chinoise» avec la femme qu'il aime, Anne Wiazemsky, de 17 ans sa cadette. Heureux, amoureux, ils se marient. Néanmoins la réception mitigée du film «La chinoise» enclenche chez Godard une remise en question que les évènements de Mai 68 va amplifier. L'auteur d'A bout de Souffle va troquer sa position de cinéaste star en artiste maoiste anti- système, quitte à se faire détester par ses plus proches amis et se faire larguer par sa jeune et belle épouse. Les acteurs sont tous bien et Louis Garrel qui campe le rôle de Godard est dores et déjà pressenti pour le prix d'interprétation masculine, quant à Stacy Martinla comédienne qui joue Anne Wiazemsky, c'est simple elle est renversante de beauté et de justesse. «Le redoutable» tient plus du roman-photo que du film d'hommage ? So what ? Sous ses allures de comédie légère, le film excelle dans la reconstitution d'une époque charnière (les années 60), et de comment on peut la voir depuis le balcon de notre présent. Et si derrière la légèreté flashy se nichait la vraie audace de cette entreprise irrespectueuse? Evoquer l'époque JLG plutôt que JLG lui même ? On aimerait qu'un film algérien s'essaie à ce même exercice. Autours d'un cinéaste ou d'un film emblématique on peut effectivement raconter un pan de notre histoire avec la distance que permet la comédie. Prenez par exemple «La Bataille d'Alger» de Gillo Pontecorvo, que tout le monde connaît. Revenir sur le tournage de ce film culte permet de réunir tous les ingrédients qui racontent les premières années de l'indépendance algérienne: le coup d'Etat de Boumédienne et les premières désillusions, la difficulté de s'entendre pour écrire le Roman National et les choix imposés par l'ordre mondial de l'époque? Oui, mais qui aurait la bonne distance pour s'atteler à ce genre de film? Pardon ? C'est déjà en cours de production? On apprend à Cannes que le réalisateur Malik Bensmail travaille sur un projet de film autours de «La Bataille d'Alger», comment il fut conçu et tourné et dans quelles conditions nous étions à ce moment-là. Excellente idée !. L'auteur de «La Chine est encore loin» n'est pas le plus mauvais de nos metteurs en scène, loin de là. A l'exception notable de son dernier documentaire sur le quotidien El Watan, il a plutôt réussi ses autres films qui questionnent notre histoire. On lui suggère de voir «Le Redoutable», pour qu'il se persuade une bonne fois pour toutes qu'un peu d'humour ne peut pas nuire à son approche de documentariste. Bien au contraire. |
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