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Cannes 2016 avec son matricule 16 et ses tendances balaises Puisque la tradition veut que le dernier jour du Festival doit servir à dresser l'inventaire des tendances lourdes et des thèmes récurrents, on peut noter en premier la critique de l'ultralibéralisme qui a traversé toutes les sélections de cette 69e édition. Mais le paradoxe est le suivant : ce sont les pays riches, les Etats-Unis en tête, qui ont abordé ce thème pour fustiger dans des films percutants (pour la plupart) les conséquences désastreuses de l'économie du marché telle qu'elle s'impose aujourd'hui. Les pays développés montrent toute la misère qui les frappe et précarise leurs sociétés quand les pays pauvres -qui ne veulent plus être vus comme tels- proposent des films de fiction qui tiennent à distance, pour ne pas dire hors champ, les conditions inégalitaires imposées par le Nouvel Ordre Mondial. De la Palestine occupée nous est arrivé un film propret et bergmanien au diable, «Oumour Shakhssiya» de Maha Haj. De l'Algérie en plein naufrage politico-économique, un moyen métrage qui barbotte dans le fantastique «Kindil Al Bahr» de Damien Ounouri. Du Liban sous la neige, nous tombe un film burlesque signé Wissam Charaf, «Tombé du ciel» où le héros principal revient s'éclater au Liban après 20 ans d'absence et alors que tout le monde croyait qu'il était mort. Dans ce film, il est même dit que Haïfa Wahbi ou Oussama Ben Laden, c'est kif-kif... C'est le monde à l'envers ou alors on n'a rien compris. Par ailleurs et dans un tout autre registre, la mode vintage qui fait rage en ce moment (voir les affiches du Festival de Cannes, et celle du film de «Kindil Al Bahr») n'est peut-être pas seulement un phénomène de mode. La société Kodak qu'on croyait coulée depuis des lustres était présente en force à Cannes. Non, le 35 mm n'est pas tout à fait mort, nous rappelle Kodak, qui a bien raison de souligner que la pellicule est au cinéma ce qu'est le vinyle pour la musique. La preuve la plus éclatante, J. J. Abrams a décidé de tourner le dos au numérique pour tourner «Stars Wars, le réveil de la force» en 35 mm, à l'ancienne, un comble pour un film de ce genre. L'argentique revient à la mode, et pas seulement pour des raisons artistiques; économiquement, il semblerait qu'au stade final du montage et mixage, il est plus avantageux d'utiliser le 35mm que les caméras numériques. Face à la demande, Kodak relance le format. On ne terminera pas ce bilan sans mettre en valeur un événement heureux. Pour la première fois, on a été ravi de rencontrer des Algériens à Cannes. Il faut dire qu'il n'y avait que des jeunes gens sympathiques : les comédiens Adila Bendimerad, Nabil Asli, Aziz Boukerouni, le chef op' Mohamed Tayeb Laggoune et Damien Ounouri (ce dernier accompagné de toute sa famille), pour un film sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, mais aussi le producteur Yacine Bouaziz de Thala Films avec son ami le réalisateur Amine Sidi Boumediene pour leur projet de long métrage sélectionné par la Fabrique des réalisateurs de Cannes. Dans la délicieuse et très fraternelle fête de clôture de la Quinzaine des Réalisateurs, ils étaient tous là et en toute objectivité, c'était eux les meilleurs danseurs de la soirée. Les tubes joués par le D. J. de la plage remontaient aux années 80 et 90, c'était tendance-tendance comme on dit, mais qu'est-ce que c'était bien ! |
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