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Dans quelles
conditions est né le Festival International du Film de Cannes ? Petite histoire
en forme de feuilleton (3/4).
Tout était prêt pour que le premier Festival de Cannes voit le jour le 1er septembre 1939, mais la guerre éclate à peine quelques jours avant l'ouverture, la manifestation est bien entendu annulée. Il faudra attendre la fin de la Deuxième guerre mondiale pour que le 1er Festival International du Film ait réellement lieu du 20 septembre au 5 octobre 1946. Le grand écrivain et cinéaste Jean Cocteau -qui n'était pourtant pas un grand résistant- présidera le jury des deux premières éditions. «Le cinéma est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière», dira-t-il en préambule de sa première conférence de presse. Le palais, ses marches et le fameux tapis rouge n'existeront que l'année d'après, en 1947. En cette première édition de 1946, c'est le Casino de Cannes qui sert de QG aux festivaliers. Un certain Robert Lacoste, alors ministre de la Production industrielle ouvre officiellement la première édition par un lapsus qui fera tordre de rire les 900 invités : «Je déclare ouvert le premier Festival de l'Agriculture». Dix ans plus tard, ce même Lacoste sera nommé en pleine guerre d'indépendance gouverneur général de l'Algérie, là où le héros résistant d'hier y laissera son honneur et son âme. Mais revenons à l'année 1946, et au premier festival de Cannes où l'ouverture est assurée par la star Grace Moore, ancienne héroïne des films de Joseph von Sternberg et Abel Gance, qui se fend d'une Marseillaise avec accent et trémolos... Les Américains sont venus en force. En tête d'affiche Alfred Hitchcock, simplement accompagné de ses deux stars «enchaînées», Cary Grant et Ingrid Bergman. Avec ces grosses étoiles américaines qui se pavanent, personne ne fait attention au rital affamé qui drague en douce la belle suédoise d'Hollywood, un certain Roberto Rossellini. La veille de l'ouverture, ce fut à bord d'un gros hydravion à six hélices qu'arrivèrent les stars d'Hollywood. Ce premier Festival de Cannes est surveillé avec attention par les marines du porte-avion US le Colosseus, venu là tout à la fois pour protéger les ressortissants du Nouveau Monde et montrer à l'ancien sa toute puissance de vainqueur du IIIème Reich. Après les projections, on se bouscule vers les buffets offerts par les 20 nations représentées. Et le mot bousculer est à prendre au premier degré car on continue à avoir faim en cette époque de tickets de rationnement. On se jette aussi bien sur le buffet soviétique où la vodka coule à flots et le caviar est servi à la louche, les amerloques répliquent avec du Whisky à gogo et des hamburgers XXL en veux-tu en-voilà. La bataille des buffets annonce la guerre froide, Cannes miroir de l'état du monde forever. Mais bon, la Grande guerre est finie, l'Europe se lance dans la reconstruction et le cinéma sera un des moteurs de la renaissance de ce continent en lambeaux. Le 1er Festival de Cannes a réussi son pari, avoir de bons films, des stars célèbres et des soirées bien arrosées. Pourtant, c'est un autre événement, en dehors du cinéma, qui va faire connaître mondialement et à jamais ce Festival. On en parle lors du prochain et dernier épisode... (à suivre donc). |
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