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Et si tous les films de la
sélection officielle étaient en fait réalisés par des cinéastes de chez nous ?
Chronique festivalière en forme de fièvre passagère.
Mohamed Lakhdar-Hamina revient enfin en compétition à Cannes après une éclipse qui a duré un paquet de siècles. Quelques survivants des temps anciens se souviennent que Lakhdar, comme on l'appelait à l'époque, avait alors obtenu la Palme d'Or à l'unanimité du Djury. Distinction suprême remise par la Kahina elle même, reine du Djury qui djura que c'était le meilleur film de tous les temps. Avec "Algerian Honey" présenté en compétition officielle, Mohamed Lakhdar Hamina a tout fait pour séduire le jury présidé par Mad-Max Miller. On retrouve dans ce film tout ce qui a fait la force du "Vent des Aussarès" ou de "Chroniques des années Boum" : les grands espaces, le lyrisme, l'art des plans qui durent trois plombent pour ne rien dire. Cette fois le réalisateur embarque une bande de jeunes Algériens pour une traversée du pays très instructive. Les jeunes fauchés du film doivent sillonner le pays pour vendre des abonnements de journaux. A travers ce road-movie social où la musique bat son plein, Lakhdar-Hamina esquisse une histoire moderne de la jeunesse algérienne tout en montrant la géographie de leur pays déstructuré. De Zaouiya en Zaouiya, les jeunes vont devoir fourguer un max d'abonnements s'ils ne veulent pas être punis sévèrement par leur jeune patronnesse tout aussi paumée qu'eux. S'il filme la nature sidérante du profond pays avec une sensualité inouïe, Lakhdar-Hamina rate son casting pour des raisons qui nous échappent encore. On ne pourra pas dire que du bien des comédiennes et comédiens du film : Malik Lakhdar-Hamina, Sofiane Lakhdar-Hamina, Selma Lakhdar-Hamina , Kamel Lakhdar-Hamina, Zineb Lakhdar-Hamina, Samra Lakhdar-Hamina. Mais la faute n'incombe pas au réalisateur qui a tenu lui même à préciser qu'il n'aurait jamais dû laisser son frère Smail Lakhdar-Hamina s'occuper du casting, de la photo, et de la régie. La veille de la première deux événements sont venus contrarier la chronique du retour annoncé du vieux cinéaste. D'abord l'arrivée de Chakib Khellil résolument décidé à prendre une photo avec toute l'équipe du film pour sa nouvelle page facebook "Devinez qui sera bientôt président de la République pétrolière algérienne". Du coup, la direction du Festival a décidé de délocaliser la smala Hamina dans le très vide et néanmoins sympathique stand "Algérien y a rien" et de la remplacer vite fait par une brochette appétissante de jeunes comédiens américains complètement toxicos, dont Shia LaBeaouf et la nouvelle et jolie Sasha Lane. A la dernière minute donc "Algerian Honey" s'est transformé en "American Honey" et c'est la réalisatrice britannique Andréa Arnold qui a remporté la mise. Pas de regrets pour autant, le film a été sifflé comme si c'était un vrai film de Lakhdra-Hamina. Le soir à la fête des amis de Donald Trump, Chakib Khellil se plaignait des Français qui faisaient tout pour saboter sa nouvelle vie de jeune mystique patriote tout en dénonçant avec véhémence le généreux Tewfik, reb d'zayer, de la critique cinématographique algérienne, pourtant à la retraite. Mais personne ne semblait lui prêter attention, chacun essayant plutôt de retrouver son portefeuille "égaré"... # Alaâ Mentag. |
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