Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Après "Rengaine", un premier long-métrage remarquable, Rachid Djaïdani, le réalisateur français d'origine algérienne revient à la Quinzaine des Réalisateurs avec "Tour de France", un récit initiatique qui tombe à pic pour prendre la température d'un pays et qui met en scène un jeune d'origine maghrébine et un vieux prolo Front National. Bonne idée, mais pas aboutie. Il s'appelle Farouk, mais son nom d'artiste est Far-Hook. C'est un rappeur, mais un pur, un dur, un vrai de vrai quoi, un poète de la contestation pas un chanteur de variétés ! Dès le début du film, suite à une embrouille avec des rappeurs d'une cité rivale, Farouk est obligé de quitter précipitamment le quartier. Son manager, un Français de souche converti à l'Islam, lui propose de se faire oublier un certain temps. Et, d'une pierre deux coups, lui propose de le remplacer en tant que chauffeur dans un périple promis à son père. Ce père qui rêve de faire un pèlerinage sur les traces du peintre de marines du 18ème siècle Joseph Vernet, pour reproduire ses toiles, est joué par Gérard Depardieu, totalement crédible dans le rôle du vieux maçon à la retraite, prolo discriminé dans sa cité en tant que seul blanc, et donc sympathisant des idées du Front National. Voilà donc un jeune Français d'origine maghrébine, Kabyle, précise-t-il, en train de faire le tour de France avec un sexagénaire limite facho. D'Arras à Marseille, Rachid Djaïdani laisse ses deux protagonistes dresser l'inventaire de leurs rancunes. Bien entendu, une histoire d'amitié va se nouer entre les deux exclus du système. On voit bien, dès le début du film, où veut en venir Rachid Djaïdani, et c'est tout le problème de "Tour de France". Dans le rôle de Farouk ou Far-Hook, le rappeur Sadek qui, parait-il, fait fureur sur Youtube, chacun de ses clips totalise pas moins de 5 millions de vues, est assez touchant, ce qui n'est pas tout a fait un compliment... Néanmoins, quand on se réveille de bon matin avec comme nouvelles du jour à la radio l'interdiction d'un concert de rap dans une ville dirigée par Robert Menard ( FN) et, plus proche de Cannes, près de Saint Tropez, le retrait de la chanson "Aïcha" de Khaled du gala de fin d'année scolaire dans une petite ville administrée par le même parti, on n'a pas trop envie de critiquer "Tour de France" qui tombe à pic. Même si de toute évidence le film de Rachid Djaïdani, hors actu, est plutôt à ranger dans la catégorie des bons scénarios filmés plutôt que celle des bons films tout court. |
|