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Les valeurs sûres
et les cinéastes déjà primés reviennent en force cette année. A commencer par
le New-yorkais Woody Allen, 80 ans, qui ouvrira ce soir la 69ème édition du
Festival International du Film avec son dernier opus «Café Society». Dans la catégorie «jeunes et inattendus», les Algériens Damien Ounouri (réalisateur) et Adila Bendimerad (co-scénariste et
comédienne) viendront dévoiler en fin de festival
«Kindil Al Bahr», leur court-métrage sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs. La sélection officielle Que du lourd. Woody Allen (E-U), Ashgar Farhadi (Iran), Jim Jarmusch (E-U), Ken Loach (GBR), Steven Spielberg (E-U), Pedro Almodovar (Espagne), Sean Penn (E-U), Xavier Dolan (Canada), Park Chen-Wook (Corée du Sud), Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique) sont les principaux grands revenants de la 69ème édition de Cannes. Tous en sélection officielle bien sûr -où ils sont un peu chez eux- et la plupart en compétition. Les frères belges, par exemple, ont déjà obtenu deux palmes d'or et à peu près tous les prix disponibles dans le palmarès de la compétition. Les revoilà en lice pour tenter d'être les premiers à décrocher une troisième palme d'or... Ces prestigieux habitués du Festival de Cannes forment-ils une famille ? Si oui, de quelle famille s'agit-il ? Grands cinéastes contemporains ou auteurs privilégiés par le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémeaux ? Des «Encartés» pour reprendre la formule assassine de leurs nombreux détracteurs qui eux bavent de ne pas l'avoir, la fameuse « carte». «Revenants» est peut-être le terme le plus adéquat, et pour désigner les heureux habitués de la compétition et pour esquiver la question... Toujours en compétition officielle cette année, dans la short-list des nouveaux membres du cercle fermé, on retrouve les deux Roumains découverts et primés par le Festival : Cristian Mungiu et Cristi Puiu, et le Danois Nicolas Winding Refn. Le quota femmes permet à l'Allemande Maren Ade de prendre part à la compétition et à la Britannique Andréa Arnold de revenir tenter sa chance et à l'Oranaise Nicole Garcia de représenter la France. Les autres films hexagonaux en lice sont signés par deux habitués de la Croisette, Olivier Assayas et Bruno Dumont, et par un abonné des sections parallèles, Alain Guiraudie, qui fait son entrée à ses risques et périls dans la cour des grands... Le Philippin Brillante Mendoza et le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun sont de retour, le premier en compétition mais pas le second qui présente un documentaire sur Hissien Habré. Programme riche donc, mais qui manque de surprises. Automatiquement ce sont les inattendus de la sélection qu'on attend le plus : l'Américain Jeff Nichols, le Néerlandais Paul Verhoeven et le Brésilien Filho Kleber Mendonça. Aucun premier film ne figure dans la compétition officielle, du coup «Un Certain Regard», le second collège de la sélection officielle, en est rempli. Pas moins de 7 premiers films de 6 pays où l'on en fabrique encore : la France, les Pays-Bas, Israël, l'Argentine, la Finlande, les USA... Attendez, reprenons : 7 films provenant de 6 pays, il y a donc un pays doublement représenté, lequel au juste ? Sans doute les USA, entre produits d'Hollywood et ciné indé c'est sans doute le pays qui produit le plus de films. Pas du tout, justement. Alors la France, autre gros producteur de films, leader en Europe et organisateur de la manifestation, normal. Pas du tout non plus. Bon, bref c'est le plus petit pays du monde qui est représenté deux fois : Israël. Et voilà, le premier scandale du Festival de Cannes 2016 ! Oui, c'est un scandale, mais peut-être pas pour les raisons que vous croyez. Le Festival de Cannes a très bien fait de prendre deux films plutôt qu'un de cette région triple fois sacrée, et on va vite comprendre pourquoi. En réalité, il n'y a qu'un seul film israélien, celui de Eran Kolirin. L'autre film est de la Palestinienne Maha Haj, décoratrice de «Le Temps qu'il reste» de Elia Suleiman et de «L'Attentat» de Ziad Doueri d'après Khadra, réalisatrice d'un court métrage: Burtuqal. Son premier long-métrage a pour titre, en arabe, «Omour Chakhssiya». «Personal Affairs» précise le sous-titre. Maha Haj n'habite ni Tel-Aviv ni Jérusalem Ouest, mais à Nazareth, en Palestine occupée -pour peu qu'on soit d'accord avec les frontières de 1967 qui consacrent la légitimité de deux Etats, une sage résolution de l'ONU jamais appliquée devenue au fil des occupations, des guerres et des désolations une utopie dépassée. Le vrai scandale est qu'Israël interdit désormais aux Palestiniens de l'intérieur, qu'on appelle ailleurs les «Arabes israéliens», de présenter leurs œuvres en tant que films palestiniens. Ce qui était encore toléré à l'époque d'Elia Suleiman ne l'est plus...encore une bonne nouvelle de là-bas ! On regrette au passage qu'Elia Suleiman ne fasse plus de films. Depuis qu'il a quitté son pays pour une autre terre promise, Paris, le Palestinien de Cannes semble en panne d'inspiration. Qu'est-ce qui est le plus dur, la colonisation ou l'exil ? Sinon le grand absent de Cannes cette année est le cinéma algérien. Non, c'est un gag, runing-joke de circonstance ! Plus sérieusement, l'Italie est la grande absente de cette édition : aucun film en compétition, à peine un à «Un Certain Regard !» On peut aussi regretter en tant qu'ancien fan du MNA, feu le Mouvement des (pays) non-alignés, l'absence de la Russie et de la Chine, du Japon et de l'Argentine, de l'Inde et d'Emir Kusturica. La quinzaine des réalisateurs De son côté «La Quinzaine des Réalisateurs» donne l'impression d'avoir recueilli tous les recalés de la sélection officielle. Et les films promettent ni plus ni moins que de raconter toute la misère du monde d'aujourd'hui. C'est un peu Lampedusa et un peu Lesbos, la Quinzaine cette année. Mais c'est moins loin : juste à l'autre bout de la Croisette. Encore faudra-il traverser des marrées humaines et des barrages multiples avant d'y arriver. Tout cela pour espérer voir les derniers films de Marco Bellochio et Paolo Virzi. Et ceux très attendus de Paul Schrader et de Joachim Lafosse...La sélection parallèle a aussi ses propres habitués, du grand Alejandro Jodorowsky au turbulent Rachid Djaïdani, on ne devrait pas trop s'ennuyer. Ah, on allait oublier l'essentiel ! C'est dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs également que sera projeté le seul film algérien retenu cette année par le Festival de Cannes. Il s'agit de «Kindil El Bahr» de Damien Ounouri avec Adila Bendimerad. Hélas, ce n'est pas un long-métrage, mais comme dit l'adage blidéen «la baraka est dans le peu». De ce court film de Damien Ounouri, on ne sait pratiquement rien, mais les premières images postées par le cinéaste laissent espérer qu'à travers le drame socioculturel qui nous pend au nez, on peut espérer se rincer l'œil avec des scènes sea, sex and sun. Cannes 69, année érotique algérienne ? Tapis rouge Depuis Samson et Dalila jusqu'à Damien et Adila, Cannes a toujours célébré les icônes -d'où qu'elles viennent. Le couple glamour du nouveau ciné indé-DZ va-t-il faire briller la petite Nedjma d'Alger si souvent voilée dans le ciel cannois ? La concurrence est rude et la guerre des étoiles sans pitié : Robert De Niro, Georges Clooney, Julia Roberts, Kristen Stewart, Jesse Eisenberg, Russel Crowe, Kim Bassinger, Sean Penn, Charlize Theron, Jodie Foster, Mel Gibson, Viggo Mortensen, Blake Lively, Ryan Gosling, Iggy Pop...La constellation de cette 69ème édition n'est qu'une immense bannière étoilée. Même des stars comme Diego Luna, Marion Cotillard et Javier Bardem auront du mal à capter l'attention face à ce débarquement américain ! Tapis rouge garni et premières super-étoilées assurés, néanmoins, il y aura moins de fêtes la nuit, c'est officiel. A quoi va ressembler le Festival de Cannes sous état d'urgence et sans Canal Plus ? En tant qu'accrédités nous voilà prévenus, il va falloir se pointer aux projections longtemps en avance et accepter de se faire palper/scanner plusieurs fois par jour. «Mesures draconiennes», assurent les responsables de la sécurité. Quel cinéma va nous jouer le Festival cette année ? Quels mauvais esprits, joyeux bordels, divines surprises viendront faire passer l'affreux goût du regret d'y être revenu ? |
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