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Les premières images du film «L'Algérie vue d'en haut» de Yann Arthus
Bertrand et Yazid Tizi dévoilées au Stand de l'Aarc à Cannes
Les images sont d'une beauté à couper le souffle. Une fantasia dans les hauts plateaux, le Djurdjura enneigé, Timgad et ses ruines majestueuses, Alger et ses embouteillages arty, et l'immensité du Sahara avec ses vagues de dunes qu'on dirait peintes par le plus grand artiste de l'univers. Bref, l'Algérie comme vous ne l'avez jamais vue. L'effet est saisissant et dépasse de loin celui obtenu côté mer avec l'émission Thalassa. Ah, comme l'Algérie est belle quand elle vue du ciel, avec les caméras de Yann Arthus Bertrand et les hélicoptères de l'Armée algérienne. Rencontre avec le réalisateur, invité d'honneur du déjeuner organisé (il faut le souligner d'une manière pro) par l'équipe de marketing de l'Agence Artistique pour le Rayonnement Culturel. - YANN ARTHUS BERTRAND: Je suis tombé follement amoureux de ce pays. D'abord parce que ce pays est gigantesque et possède une diversité de paysages incroyable. En plus ce qui est formidable c'est que l'Algérie est un pays inconnu, à l'extérieur mais aussi à l'intérieur de ses propres frontières. Je n'ai pas l'impression que les Algériens connaissent leur pays. Je ne crois pas, par exemple, que les Algérois savent à quoi ressemble Tamanrasset et je ne pense pas non plus que les habitants de Tam aient une idée de ce qu'est Oran... - LE QUOTIDIEN D'ORAN: Pour parler clairement est-ce un film de commande de l'Etat algérien ? - YANN ARTHUS BERTRAND: Non. Quand j'ai fait le livre «L'Algérie vue du ciel» qui a été un très gros succès j'ai toute de suite voulu faire le film, et depuis 10 ans j'essaye... Après 7 ans d'attente on a commencé par petits bouts le tournage. Pour obtenir les images aussi nettes que vous le voyez, il faut utiliser une caméra très particulière, très sophistiquée, une technologie de pointe conçue par l'armée américaine, et ce matériel pèse 500 kilos. Donc malgré la bonne volonté des excellents pilotes de Tassili, on avait besoin du concours de l'Armée algérienne qui a mis à notre disposition un hélicoptère. - LE QUOTIDIEN D'ORAN: Quels problèmes avez-vous rencontrés lors de votre tournage ? - YANN ARTHUS BERTRAND: Ce n'est jamais vraiment simple ce genre de tournage, dans le monde entier d'ailleurs. Mais je peux dire que la bureaucratie algérienne est plus compliquée qu'ailleurs, disons que c'est très particulier cette lenteur à tous les niveaux des décisionnaires. Là, par exemple, le film est programmé sur France Télévision dans un mois et on n'a pas terminé le tournage, on attend toujours les autorisations pour tourner d'Oran à Annaba, tout le nord de l'Algérie qu'on n'a pas encore été filmer. Et je pleure, je pleure et je lance un appel de détresse: « Monsieur le Ministre de la Défense, s'il vous plaît, aidez-nous à terminer ce film génial!» Je supplie que l'on fasse toute de suite pour pouvoir le montrer, on a besoin d'une semaine de tournage. L'Algérie du Sud, à partir de Ghradaïa, c'est déjà fait et c'est formidable déjà. Mais il nous manque encore Oran, qu'on n'a pas pu filmer encore à cause des sites stratégiques comme Mers El Kebir, mais aussi Tlemecen, Blida, Alger, qu'on n'a pas encore bien filmés sans doute pour les mêmes raisons, bref il nous manque le nord de l'Algérie. C'est un film d'amour que je réalise, j'insiste là-dessus car j'aime ce pays. Et même si les Algériens n'aiment pas le mot «réconciliation», moi j'ai envie avec ce film de réconcilier les deux pays. Quand je suis en Algérie je sens que les gens qui me reçoivent bien ont un véritable intérêt pour la France, les Algériens connaissent mes émissions, s'intéressent à la France alors que les Français sont encore frileux. Si ce film pouvait réunir nos deux pays qui ont de forts liens, je serai ravi et on va réussir à le faire! Par exemple, Yazid Tizi, mon coréalisateur né en France de parents algériens, a travaillé près de 30 ans avec Nicolas Hulot, il a fait plusieurs fois le tour du monde mais ne connaissait pas l'Algérie, c'est extraordinaire! Son rapport a été capital pour la réalisation de «L'Algérie vue d'en haut», car outre ses qualités techniques, c'était pour lui un voyage initiatique dans le pays de ses racines et donc une forme de réconciliation. - LE QUOTIDIEN D'ORAN: Et vous même avez-vous des liens avec l'Algérie ? - YANN ARTHUS BERTRAND: Non, ni moi, ni ma famille n'avons connu ou eu des liens avec la guerre d'Algérie. Mon histoire avec l'Algérie a commencé quand mon livre «Le Monde vu du ciel» est sorti. Quelques semaines à peine après la sortie du livre j'ai reçu un coup de téléphone d'Alger. C'était Chérif Rahmani, le ministre de l'Environnement de l'époque, qui m'appelait en plein Conseil des ministres pour me demander si je voulais faire sur le même modèle un beau livre sur l'Algérie. J'ai répondu je veux bien à condition d'être complètement libre, il m'a dit ne coupez pas je vais en parler directement au président, je l'ai entendu dialoguer avec M. Bouteflika, puis il est revenu vers moi en disant, Ok le président donne son feu vert. J'ai effectivement pu faire le livre comme je le voulais et cela a plu à tout le monde. L'idée de prolonger cette aventure avec un film est née à ce moment-là... |
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