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Je m’appelle Islem Meghiref, j’ai 21 ans, et je vais vous raconter mon festival de Cannes vu d’Alger.
Il fait chaud. Depuis ma fenêtre, j’observe la ville, vivante et colérique. A l’approche des premières chaleurs, Alger gronde et nous avec. Aujourd’hui, et cela depuis quelques jours, je suis le festival de Cannes via le net. Je tire sur ma cigarette et clique sur un lien. Dans la sélection «Quinzaine des réalisateurs», une affiche attire mon attention. Elle montre une fille visiblement heureuse en train de tendre les mains vers un cerisier en fleurs. Le trait du dessin est reconnaissable entre milles. Et comme la nostalgie n’a pas d’âge, je me revois tout petit devant Arte entrain de regarder«Le tombeau des Lucioles». Ah nostalgia ! Considéré comme l’un des piliers de l’animation japonaise, Isao Takahata âgé de 78 ans s’invite à la croisette pour, dit-il, son ultime révérence, j’espère pas, et ce quelques mois après les adieux de son ami Hayao Miyazaki avec «Le vent se lève». Inspiré d’une légende Japonaise, son film «Le conte de la princesse Kaguya». L’histoire est celle d’un jeune bucheron qui découvre un jour à l’intérieur d’un tube de bambou une petite fille miniature se révélant être une princesse. Une fois en âge de se marier, ses deux parents adoptifs s’acharnent à lui trouver le bon parti sauf que la jeune Kaguya se refuse à toute liaison. Sorti en Novembre 2013 dans les salles Japonaise, le film ne connait pas le succès escompté. Les critiques lui reprochaient son scénario plat, son déroulement linéaire et son univers graphique déroutant. Nonobstant cet échec commercial, Takahata garde le sourire et affirme que son long-métrage est «l’aboutissement artistique» de sa carrière. Quant à moi, je demeure convaincu que «Le conte de la princesse Kaguya», charrie son lot de magie que seul un œil tendre et amoureux pourrait déceler. A côté de Takahata, en compétition officielle pour la palme d’or, Naomi Kawase, Grand prix du Jury de Cannes en 2007, revient avec «Deux fenêtres», l’histoire d’un jeune couple qui tente de dissiper le mystère entourant un cadavre trouvé dans la mer, un soir de pleine lune. Si le trailer est conforme au film, on a affaire plus à un thriller poétique qu’à un film d’action Et enfin dans sa sélections «Cannes Classics», le festival rend hommage à un pionnier du cinéma nippon, Nagisa Oshima, en projetant en version remasterisée ses «Contes cruelles de la jeunesse», long métrage placé sous le signe de l’érotisme qui raconte dans le Japon des années 60 une passion brûlante entre une jeune fille aussi belle que paumée et un jeune étudiant rebelle à la personnalité complexe. Depuis toujours les films japonais ont été les plus proches de mes envies, de mes rêves et fantasmes, de mes failles aussi... D’ailleurs à chaque fois que la terre tremble à Alger, quand tout le monde pense à la fin du monde, moi je pense au Japon et à tous ces personnages de fiction qui sont devenus avec le temps comme des amis... Il fait encore chaud à Alger, et je n’ai plus de cigarette. Il est temps de sortir dehors pour revenir en Algérie. |
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