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La crainte des partis traditionnels, c’est que la Tea Party aux Etats-Unis et des mouvements xénophobes en Europe trouvent un appui populaire important leur permettant d’accéder au pouvoir démocratiquement en s’adressant à ceux qui souffrent de la mondialisation, de la compétition économique et de la crise et aux xénophobes, donc aux populations les plus fragiles et les plus à même à croire à tout message providentiel du type « il n’y a qu’à ». Le populisme peut être vu comme le symptôme d’une crise de la démocratie, comme démagogique ou comme utile à la démocratie.
LE POPULISME EST LE SYMPTOME D’UNE CRISE DE LA DEMOCRATIE Pour le professeur de philosophie Benoît Schneckenburger, le populisme est « le symptôme d’une crise de la démocratie » dans la mesure où « … l’on ne confond pas les aspirations populaires avec la démagogie et la xénophobie ». Aujourd’hui, à la différence des Etats-Unis, en Europe, le mot « populiste » est devenu une insulte, disqualifié par les totalitarismes (communisme et fascismes) qui ont tué l’expression des peuples et provoqué leur abaissement au profit des dictateurs, puis des élites. LE POPULISME EST L’EXPRESSION DE LA DEMAGOGIE ET SURTOUT DE LA XENOPHOBIE En Europe, il existe un national-populisme très fort, notamment en France et aux Pays-Bas où existe une droite xénophobe importante. Cette dernière reproche à l’Europe son impuissance à protéger ses citoyens contre les effets négatifs de la mondialisation et le « laisser-aller » face à l’extension de la religion musulmane sur son sol. D’autres sont tentés par un repli sur eux-mêmes malgré l’adhésion à l’Union européenne. En effet, à l’Ouest de l’Europe, Marine Le Pen ou le Néerlandais Geert Wilders veulent défendre l’identité culturelle et luttent contre « l’islamisation » de la société. Marine Le Pen a rapproché son parti des mouvements néopopulistes d’Europe du Nord dont la base idéologique est identitaire et antimusulman. A l’Est, certains parlent « épuration ethnique ». Il existe notamment des nostalgiques de la « Grande Hongrie ». Le philosophe Tzvetan Todorov, pour qui le populisme est l’un des ennemis de la démocratie, tend à réduire le populisme à la xénophobie contre ceux d’en face, qui peut s’ajouter à l’hostilité contre ceux d’en haut. En effet, il n’y a pas que la xénophobie contre les étrangers, il y a aussi la « xénophobie » contre les élites culturelles, intellectuelles et gouvernementales accusées de ne pas prendre en considération les aspirations de « la France d’en bas », selon la célèbre expression de notre ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et accusées de ne pas vouloir partager le pouvoir. LE POPULISME EST NECESSAIRE A LA DEMOCRATIE Le peuple doit avoir la possibilité de pouvoir exprimer directement ses opinions, dans le respect des lois, et être une force de proposition, en plus des élus de la représentation nationale souvent trop sensibles à leur réélection. Si l’Europe est rejetée par les habitants des pays membres, c’est souvent parce que le peuple n’est pas consulté au détriment des parlements nationaux. En démocratie, toutes les opinions sont utiles et surtout tout le monde doit pouvoir s’exprimer directement, via des partis politiques ou via des référendums. Notons qu’en ce moment, les candidats à l’élection présidentielle française n’ont jamais autant parlé du recours au référendum pour consulter et faire trancher le peuple, même si nous savons qu’en France le référendum a toujours été détourné de sa fonction initiale pour devenir un plébiscite ou pas pour les dirigeants en place. Ce terme « populisme » est souvent synonyme de démagogie. Pour nous, il faut le voir sous un angle positif, en ce sens que c’est une critique bénéfique de la démocratie et une exigence de la démocratie. La démocratie est inconcevable aujourd’hui sans une certaine dose de populisme non xénophobe. *Enseignant-chercheur, Sciences Po Aix (France) Professeur à l’ESAA (Algérie) |
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