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Un réveil brutal
aurait pu être un lendemain qui déchante. Une élection perdue. Mais tel ne fut
pas le cas et l'espérance des Français les plus humbles s'est finalement
accomplie. Et le rideau est tombé sur une élection présidentielle française
dont l'issue aura finalement tenu en haleine bien au-delà des frontières de
l'Hexagone.
C'est que l'enjeu était de taille, tant les débats auront été passionnants, parfois à la limite du politiquement correct, et les enjeux importants. Le résultat du second tour n'a pas révélé les écarts attendus entre les deux candidats mais l'alternance a bien eu lieu. L'ancien président français quitte l'arène politique non sans avoir souhaité bonne chance à son successeur. La liberté de choisir aura eu finalement le dernier mot. Le candidat de la gauche a finalement imposé sa stature de président et devra affronter les défis majeurs qui s'annoncent dans un environnement économique mondial en plein turbulence et une crise financière dont les fortes répliques sont encore à venir. La tâche sera rude. Mais pour réussir une nouvelle politique et initier le changement, il faudra avoir les coudées franches et les prochaines élections législatives françaises ainsi que les luttes qu'elles articuleront, comme par exemple une probable recomposition de la droite parlementaire autour de l'extrême droite, comme cela se profile déjà en Grèce, et la nécessité pour la gauche d'obtenir la majorité absolue, seront déterminantes pour la suite. La mère des batailles, celle des législatives françaises, a déjà commencé et la droite, battue, promet un équilibrage des pouvoirs et enfourche déjà le cheval de bataille de La Bastille. Mais la présence sur cette mythique place parisienne de drapeaux marocains, tunisiens, algériens, mauritaniens, ivoiriens et autres, qui constitue plus l'expression d'une joie partagée qu'un rappel de cette promesse de la possibilité de la participation des résidents étrangers aux élections municipales, ne pourra constituer, comme l'aura été l'épisode du Fouquet's, l'acte fondateur d'une nouvelle mandature qui commence. Et cette promesse vient de bénéficier du précieux soutien de l'avocat Robert Badinter, ancien Garde des Sceaux français, célèbre ténor du barreau parisien et abolitionniste de la peine de mort. Autre conjoncture. Une institution qui ne nous veut que du bien sollicite notre aide et notre générosité, et ce bien qu'au cours d'une émission diffusée sur la télévision algérienne, il y a déjà de cela quelque temps, un éminent professeur de finances internationales, secrétaire d'Etat aux statistiques, dans une posture d'excellent pédagogue, face à un auditoire composé de jeunes étudiants d'écoles de commerce et de banque, a énoncé à propos des réserves de change de l'Algérie que « Cet argent ne nous appartient pas, il appartient aux générations futures. Il ne peut être utilisé dans un contexte d'absence d'économie réelle. Cette vérité devrait sans doute nous inspirer, notamment par rapport à la conduite à tenir face aux sollicitations récurrentes du Fonds monétaire international quant à l'éventuelle contribution, qui serait la nôtre, pour donner à cette vénérable institution les moyens financiers qui lui sont indispensables pour faire face, selon elle, aux demandes de pays de plus en plus vulnérables et si fragiles du fait de colossaux endettements et surtout de nauséabondes spéculations de marchés financiers devenus insatiables. Mais recourir à cet argent, dont finalement les générations futures sont les seules dépositaires, ouvrirait une brèche par laquelle s'engouffreraient tous ceux, en Algérie et ailleurs, que les réserves de change de l'Algérie font saliver et qui avancent mille et un arguments pour que cet argent soit vite utilisé. Et si le remboursement de notre dette extérieure a constitué un acte patriotique majeur, la préservation absolue, et en l'état actuel, de nos réserves de change constitue un devoir national et un engagement solidaire à l'égard des générations futures. Ne pas répondre aux sollicitations du FMI ne saurait être assimilé à un camouflet infligé à une honorable institution qui dispose déjà, et par ailleurs, des moyens et des leviers qui lui sont nécessaires pour lever les fonds supplémentaires indispensables à son redéploiement dans un contexte économique et financier international en crise. Ne pouvoir répondre positivement à cette demande ne serait-il pas tout simplement que l'expression d'un choix souverain d'un pays libre, qui préfère préserver ses réserves financières afin de pouvoir mieux les utiliser à l'avenir, notamment lorsque l'émergence d'une économie réelle, diversifiée et qui produit de la véritable valeur ajoutée, sera acquise et que le processus démocratique d'assainissement de notre environnement politique, économique et social conduit à terme ? De plus, l'institution de Breton Woods, qui vient de solliciter en priorité le groupe du G20, dont l'Algérie ne fait pas partie, peut mobiliser les ressources nécessaires et reconstituer sa force de frappe. Mais la sollicitation de l'Algérie par le FMI apparaît plus, nous semble-t-il, comme une volonté d'atteindre deux objectifs : le premier est de sonder auprès d'un pays, qui inéluctablement se remet en ordre et finira pas émerger, la crédibilité d'une institution qui ne jouit plus véritablement d'une excellente réputation auprès de peuples auxquels elle aura fait subir les pires humiliations et qui est remise en cause, en tant qu'institution unique, par le bouleversement des rapports de force qui régissent le monde et par les puissances émergentes qui envisagent sérieusement l'opportunité de créer une autre structure financière internationale, dédiée aux pays du Sud. Ces derniers, notamment les plus émergents et les plus prospères d'entre eux, peuvent aider qui ils veulent et sans nécessairement passer par le FMI et sans craindre les éventuelles représailles de Wall Street où de la City de Londres. Et même ceux qui invoquent les éventuels droits de vote à acquérir à l'avenir au sein du comité dirigeant de cette institution peuvent se tromper, d'autant plus que le partage des pouvoirs est déjà tranché depuis très longtemps : aux Etats-Unis la Banque mondiale et à l'Europe le FMI. Et même les pays composant le B.R.I.CS, lorsqu'il a fallu nommer, par exemple, un nouveau Directeur général, n'ont pu imposer leur candidat tant les rouages du système de répartition des quotas de vote est subtil et compliqué. Le second objectif obéit à des considérations d'ordre stratégique et géopolitique. Il s'agit d'induire en Algérie une dynamique d'accès à court terme à nos réserves de change et de peser sur le rapport de force interne entre ceux qui adoptent le principe de précaution et ceux qui veulent solliciter ce véritable trésor et probablement l'épuiser sans tenir compte du risque de voir notre pays de nouveau happé par l'œil du cyclone et sombrer, encore une fois de plus, dans le désespoir et la pauvreté. Les arguments de ceux qui prédisent un futur retour de flamme, en cas de refus de l'Algérie de répondre aux sollicitations du FMI et de renversement du cours des prix du brut, ne sont pas cohérents et oublient vite que l'Algérie, du fait d'un recours considérable à l'emprunt, du gaspillage et de la corruption, a déjà eu à subir la thérapie de choc de cette institution qui a appauvri notre peuple, nous a imposé un service de la dette éprouvant et des échéanciers de remboursement draconiens qui ont failli provoquer la dislocation pure et simple de notre pays. La philosophie du FMI n'a jamais changé. Les stratégies non plus. L'Algérie ne peut, hélas, participer au sauvetage d'une économie occidentale en pleine déliquescence et réparer les dégâts causés par les seuls marchés financiers ! Et surtout, ne l'oublions pas, les soubresauts actuels de l'économie mondiale dont les signes de résurgence sont en cours, après une relative accalmie, risquent de provoquer l'effondrement de nombreux pays européens. Et cette implosion annoncée induira de fait une réorganisation des structures supranationales qui, jusqu'à présent, ont régi d'une main de fer et avec l'arrogance du plus fort le système financier international. D'autres institutions internationales verront peut-être le jour, puisque cela fait désormais partie des exigences de pays comme la Chine et le Brésil dont la montée en puissance bouscule le classement des puissances économiques mondiales. Mais cette sollicitation du FMI, à laquelle l'Algérie apportera, semble-t-il, une réponse d'ici le mois d'octobre prochain, ne nous fera pas oublier le spectre de l'abstention et du faible taux de participation qui plane sur les élections législatives qui seront les nôtres le 10 mai 2012. La campagne électorale des législatives algériennes vient de finir et tout n'a pas été suffisamment dit. Ainsi, programmes politiques, économiques, culturels, projets d'alliances, perspectives stratégiques, débats d'idées auront cruellement manqué ! Mais peut-on tout demander à un processus démocratique qui nous est devenu, depuis de nombreuses années et du fait de nombreuses circonstances que tout le monde connaît ou devine, étranger, inconnu et si difficile à pratiquer ? Après 50 ans de privations et d'abstinence démocratique, il devient difficile d'acquérir de nouvelles mœurs politiques et de s'approprier de nouveaux comportements. Des milliers de candidats et de candidates aspirent à siéger dans l'hémicycle du boulevard Zighoud Youcef et le taux de participation à ces élections sera analysé, décrypté et interprété sans complaisance aussi bien ici qu'ailleurs sous d'autres cieux. Si la participation venait, du fait non pas d'une quelconque consigne d'abstention mais plus de celui d'une lassitude ambiante qui rend toute initiative suspecte aux yeux d'une opinion désabusée, à être faible, voire très faible, cela pourrait remettre en cause la crédibilité des réformes politiques en cours et provoquerait un retour à la case départ. La participation à ces élections est perçue, par les nombreux Algériens dont la seule ambition est de servir leur pays, comme une nouvelle chance à donner à une perspective pacifique et démocratique de sortie de crise, à un nouveau départ et à la fondation d'une deuxième République. La théorie du chaos ne doit pas se déployer, le droit devra enfin primer sur la force et la transparence de l'élection devra être absolue. Le 12 juin 1945, dans une notre adressée au Foreing Office, John Carvell, Consul britannique en Algérie, écrivit : La destruction impitoyable de villages et le massacre sans discernement de femmes et d'enfants ne seront jamais oubliés (1). En cette célébration du souvenir des milliers de victimes algériennes des massacres du 8 Mai 1945 commis par l'armée française et la police de Maurice Papon, souhaitons que la hantise du faible taux de participation ne soit qu'une lubie, qu'elle ne devienne jamais un cauchemar et que, pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie indépendante, les meilleurs enfants de ce pays puissent enfin accéder, comme cela se fait le plus normalement sous d'autres latitudes, à l'Assemblée nationale ! (1) http://www.dna-algerie.com/enquete/massacre-du-8-mai-1945-en-algerie-les-archives-inedites-du-consul-britannique-a-alger-2 |
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