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«Les plus grandes vertus peuvent avoir des conséquences funestes, et le contraire est tout aussi vrai.» (Boubegra Funès) : DU SEXE, EN ARABE DANS LE TEXTE
par T. H.
Quelques
journalistes algériens de la presse arabophone étaient accrédités à Cannes
cette année. La dernière chronique leur est dédiée...
Premier Festival
de Cannes pour Hamza Bouhara, le très sympathique et jeune (27 ans) journaliste
d'El Djemhouria. Comme c'est sa première venue, son accréditation est un peu
naze. Carte bleue. «J'attends au minimum une heure dans les files d'attente et
on nous laisse rentrer que s'il reste des places après tous les autres
accrédités et invités». Pourtant à force de persévérance le journaliste et
photographe oranais a fini par voir «Carol» de Todd Haynes, «Marguerite et
Julien» de Valérie Donzelli et «So much Loved» de Nabil Ayouche. Soit, pour
résumer les films, une histoire d'amour de deux lesbiennes américaines dans le
New York des fifties, une histoire d'inceste entre frère et sœur dans la France
de l'époque des rois, et enfin un film sur la débauche des prostituées
marocaines dans le Marrakech d'aujourd'hui. Quel bon choix, mon petit cochon!
«Je te jure que je ne l'ai pas fait exprès, les autres films j'ai pas pu
rentrer» assure notre interlocuteur qui a l'air aussi sincère et crédible que
Louisa Hanoune en opposante politique. Mais comment en parle-t-il dans son
journal. «Voilà le problème» résume Hamza. En attendant de lire ses articles,
on peut trouver ceux de sa collègue consacrés à «l'hommage aux géants du cinéma
algérien» organisé par l'Aarc et aux cinq courts métrages algériens que
personne n'est allé voir au Short Film Corner. Hamza le wahrani sympa a dû
quitter Cannes pour rendre visite à son cousin de Montpellier. Dommage il a
donc raté le grand film de cul de Cannes cette année. «Love» de Gaspar Noé,
film pornographique en 3 D qui ne manque ni de poésie, ni d'audace. Mais bon,
venons en au puhim: la scène centrale de ce film sulfureux est une éjaculation
propulsée qui a douché les lunettes des spectateurs, entre éclat de rire et
stupéfaction. Mohamed Allel du journal «Al Khabar» pour son premier Cannes lui
aussi a vu ce film sensuel et pornographique en relief malgré sa carte jaune
qui est la dernière de toutes. « Je n'ai pas pu rentrer à la première séance de
presse, je suis revenu le lendemain pour la séance de rattrapage, et une heure
avant au moins pour être parmi les premiers de la catégorie de mon
accréditation et être sûr d'avoir une place». Comment s'est traduit en terme
d'article ce dévouement professionnel de notre cher collègue ? «Bien sûr je
n'ai pas pu raconter le film, je me suis contenté d'écrire que ce qui se passe
à l'écran n'a pas besoin d'être raconté dans le détail et les lecteurs sont
assez intelligents pour savoir de quoi il en retourne. Alors j'ai axé mon
papier sur la guerre que se livrent Américains et Français»... Ah, tiens, une
guerre entre alliés occidentaux se cache dans ce film de boules de luxe ? Mohamed
Allel persiste et signe. « Tout est politique, tu as remarqué que le
protagoniste est américain, c'est un message de la France à l'Amérique qui dit
en substance, nous sommes plus libres que vous, nous pouvons montrer ce que
nous voulons et pas vous ». Le prétexte politique pour aller voir des films
pornographiques remplacerait-il nos branlettes intellectuelles qui nous
servaient d'alibi ? Les temps changent mais le fond de la nature humaine reste
le même.
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