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La privatisation
de Maroc Telecom en 2000 est une réussite. Douze ans plus tard, l'entreprise où
le groupe français Vivendi est majoritaire marche si bien que l'idée de céder
une partie des 30% encore détenus par l'Etat suscite des levées de boucliers.
La privatisation a rendu Maroc Telecom tellement rentable qu'une cession des parts qu'y détient encore l'Etat est devenue indéfendable au plan économique. La cession de 35% du capital de Maroc Telecom au groupe multimédia français Vivendi en février 2000 pour 2,2 milliards de dirhams a permis à l'opérateur marocain de moderniser ses équipements, de s'ouvrir aux nouvelles technologies de l'information et de la communication et de former son personnel. Une décennie plus tard, l'affaire est indéniablement rentable et le Maroc pointe parmi les premiers pays avec une forte pénétration de l'Internet haut débit. En 2004, Vivendi, encouragé par les autorités marocaines qui voulaient accélérer la privatisation du secteur des télécommunications, augmente ses parts dans l'opérateur marocain. Il devient actionnaire majoritaire en rachetant 16% du capital d'Ittissalat Al Maghrib (IAM), dénomination officielle de Maroc Telecom, pour une somme de 12,4 milliards de dirhams (environ 1,45 milliard de dollars). Dans la foulée, la valorisation d'IAM passe à 66,8 Mds de DH, alors que Vivendi a introduit 14,9% du capital de Maroc Telecom à la Bourse de Casablanca, puis dans une seconde phase le reste de son capital sur le premier marché boursier européen ''Euronext'' à la bourse des valeurs de Paris. Fin mars dernier, l'action Maroc Telecom cotait 134,90 DH, alors que la valorisation du groupe est de 10,6 milliards d'euros. UNE DECENNIE D'AVANCE Les bons résultats de cette ''success story'' se succèdent. Présent en Afrique avec quatre filiales (Mali, Sénégal, Gabon et Burkina Faso), Maroc Telecom affiche un chiffre d'affaires consolidé en 2011 de plus de 3,08 milliards d'euros, même s'il est en baisse de 2,5% par rapport à 2010. Les bonnes performances de l'opérateur historique marocain, qui s'est bien implanté en Afrique, se répercutent à la Bourse de Paris où le cours de l'action d'IAM a bondi de plus de 12% entre janvier et décembre 2010. Une performance quand on sait que l'indice vedette de la Bourse de Paris, le CAC 40, a dégringolé de 7,6% durant cette même période. De fait, Ittissalat Al Maghrib fournit plus de 20% du bénéfice net de Vivendi mais ne représente que 10% du chiffre d'affaires global du groupe français. La privatisation de Maroc Telecom, menée notamment par son premier responsable Abdeslam Ahizoune, ancien ministre de la Poste et des Télécoms, a donné une avance d'au moins dix ans sur les autres pays maghrébins. Et l'Etat marocain ne s'est pas totalement désengagé d'IAM où il conserve 30% de parts contre 53% à Vivendi et 17% constituant le flottant en Bourse de Casablanca et Euronext-Paris détenus par les employés du groupe et le public. UNE SOCIETE «STRATEGIQUE» L'affaire marche si bien que ces 30% détenus par l'Etat sont désormais considérés comme un actif précieux qu'il ne faut en aucun cas céder. L'ancien ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar qui avait lancé un appel d'offres pour la privatisation de 7% du capital de Maroc Telecom afin de financer le déficit budgétaire, a dû reculer face à la levée de boucliers au sein de l'opposition parlementaire. Lahcen Daoudi du PJD (islamiste) avait dénoncé, dans le pur style de la gauche, le bradage d'un «fleuron de l'économie nationale» et «un crime contre les Marocains». Un autre membre du PJD, Mohammed Najib Boulif, a tempéré en indiquant que son mouvement n'est pas en principe contre la privatisation, mais que dans le cas de Maroc Telecom on est devant une «société stratégique, l'une des plus grandes du Maroc, et ses recettes ne sont pas négligeables». La cession de 7% n'aurait en effet rapporté au mieux entre 8 et 9 milliards DH alors que Maroc Telecom est déjà le premier contributeur au budget de l'Etat. Pour la seule année 2009, Maroc Telecom a versé, selon les chiffres officiels, 6,1 milliards de DH dans différentes caisses de l'Etat dont 2,57 milliards de DH sous forme de dividendes, 100 millions de DH au titre de la redevance domaniale et 3,54 milliards de DH sous forme d'impôt sur les sociétés. Les 30% de l'Etat au sein de Maroc Telecom sont devenus un «actif précieux» à ne pas céder sous l'effet des contraintes budgétaires. Plus de 22 millions d'abonnés au mobile, un monopole sur l'Internet à très haut débit, un passage annoncé à la 4G et un dynamisme certain en Afrique, la privatisation de Maroc Telecom a été une réussite. Au point où la cession des parts de l'Etat n'est plus acceptable, arguments économiques et financiers à l'appui. Et sans doute pour longtemps. |
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