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Déçu par les résultats obtenus par son parti (4 sièges) et encore plus
par la manière dont se sont déroulées les législatives de jeudi dernier,
Abdelmadjid Menasra, le chef du Front du changement (FC), s'est livré, hier, à
un réquisitoire à l'encontre des organisateurs de cette élection qu'il a
qualifiée de «fraude à grande échelle».
Dans une conférence de presse donnée, hier, au siège de son parti à Draria, Alger, le transfuge du MSP dira que le changement démocratique et les réformes prônées dans le discours officiel ne sont rien qu'un «leurre» puisque, selon lui, l'on assiste encore une fois à une régénération du même système pourtant «décrié» par ceux-là mêmes qui aujourd'hui raflent la majorité des sièges du futur parlement. Le chef du Front du changement s'interroge sur ces résultats et comment ont-ils été rendus possibles ? Sans aucun doute, affirme le conférencier, que la fraude était à grande échelle, à commencer d'ailleurs par le taux de participation donné par le ministère de l'Intérieur qui selon lui, se situe entre 20 et 25 % et non 42,90%. «Et le mot fraude n'est pas asez expressif pour qualifier ces élections qui, ajoutera Menasra, ne vont en rien faire taire la contestation du citoyen». Pour le conférencier, tous les moyens de fraude étaient là et ont été utilisés. Il cite à titre d'exemple «le double vote des militaires» dans leur lieu d'exercice et dans celui de leur résidence en se posant la question: «Combien étaient-ils ?». En ajoutant que les procurations se comptaient par milliers. Aussi, il s'élève contre le fait que les bureaux de vote ont fonctionné sans que le moindre contrôle ne soit opéré par les partis, laissant place à toutes les fraudes sous l'œil d'une administration partiale. Menasra estime que seuls 8% des bureaux de vote ont connu un contrôle de la part des membres de partis en lice. «L'encadrement des élections par une administration partiale et le refus par cette même administration d'assainir le fichier électoral sont également de redoutables moyens utilisés et ayant concouru à ces résultats», ajoute le responsable du FC. Quant aux observateurs étrangers, le président du Front pour le changement confiera en ironisant que «Ils ne pouvaient de toute évidence être présents partout, et là où ils étaient, ils ne pouvaient pas non plus constater quoi que ce soit. Leur mission, ajoutera-t-il, s'est résumée à faire du tourisme pendant quelque temps». Pour lui, l'Algérie se trouve dans le sens opposé par rapport à ce qui s'est passé dans les pays arabes (Maroc, Tunisie mais aussi en Egypte et en Libye) où le choix du peuple a été respecté. «C'est la crédibilité de notre pays qui en pâtira», a-t-il asséné. Evoquant les propos du ministre de l'Intérieur qui, lors de la conférence de presse le vendredi dernier, avait parlé «de vote refuge», le conférencier fera remarquer «qu'il n'avait pas à faire ce commentaire. Il n'est pas censé le faire et sa fonction de commis de l'Etat le lui interdit», selon Menasra. Ce dernier est revenu sur des dépassements verbaux du genre «si vous ne votez pas, c'est l'intervention étrangère qui vous attend» ou «votez pour conjurer le péril islamiste (entendre: votez pour un certain parti)» ou encore «celui qui ne votera pas est soit un mécréant ou un ennemi de la nation»?. Et de conclure que «La confiance ne se construit pas sur la peur.» Dans la même veine, Menasra s'est élevé contre le propos du ministre qui a qualifié ces élections comme étant le bon choix garant de la «stabilité». |
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