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Otages au Mali : Les tractations se poursuivent

par Yazid Alilat

A Gao, dans le Nord du Mali, où la plus grande confusion règne, les groupes terroristes semblent circuler en terrain conquis. Les chefs de factions rebelles touareg, passées dans l'opposition et alliées aux groupes terroristes d'Al-Qaïda, sont actuellement présents dans cette partie du Mali où seraient toujours détenus les 7 diplomates algériens enlevés dans cette ville malienne. Les tractations pour leur libération se poursuivent cependant dans la plus grande discrétion, alors que des informations font état de l'arrivée d'un responsable d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelkrim Taleb, dont le groupe détient deux otages français enlevés dans la région fin 2011. Abdelkrim Taleb, selon des sources sécuritaires maliennes, a rejoint à Gao le chef du groupe islamiste Ansar Dine samedi, un des tombeurs, avec le MNLA, des villes du Nord du Mali, dont Gao et Tombouctou. Responsable d'une cellule d'Aqmi, Abdelkrim Taleb, plus connu sous le nom de Amada Ag Hama, «est arrivé pour rejoindre (le chef d'Ansar Dine) Iyad Ag Ghaly à Gao. Nous l'avons reconnu», indique la même source sécuritaire malienne. ?'Abdelkrim est effectivement à Gao. Il est venu rejoindre Iyad. Il est avec plusieurs de ses combattants. Il a assisté à la rencontre avec les religieux de Gao», une rencontre organisée par le leader du groupe touareg d'Ansar Dine, en tournée «d'islamisation» dans la région, a confirmé de son côté l'entourage d'un imam de Gao. Le touareg Abdelkrim Taleb dirige une petite cellule de combattants essentiellement composée d'éléments de sa tribu, qui détient les otages français Philippe Verdon et Serge Lazarevic, enlevés le 24 novembre 2011 à Hombori, près de Gao. C'est toujours lui qui avait fait enlever au Niger en avril 2010 l'humanitaire français Michel Germaneau et serait l'auteur de son assassinat, annoncé en juillet 2010. Après une tournée «d'islamisation» dans les localités de Ansogo, Talataye et Tintachori, Iyad Ag Ghaly est depuis jeudi à Gao pour «consolider la base de Ansar Dine», selon Oumar Ag Ahmed, un proche du chef d'Ansar Dine.

AG GHALY NEGOCIERAIT LA LIBERATION DES OTAGES ALGERIENS

La présence aux côtés d'Ag Ghaly de Abdelkrim Taleb est diversement appréciée. Si, pour certains, elle serait le signe d'une probable allégeance de Taleb au chef du groupe d'Ansar Dine, très puissant et influent dans cette partie du pays, pour d'autres, elle serait également exploitée par Taleb pour négocier la libération des otages qu'il détient. D'autant qu'en arrivant vendredi à Gao, Ag Ghaly avait déclaré être venu rencontrer à Gao les responsables du groupe terroriste responsable de l'enlèvement des sept diplomates algériens. «Nous avons rencontré Iyad Ag Ghaly dans la nuit de jeudi à vendredi au sujet des otages algériens. Il nous a demandé de voir comment on peut les libérer», avait déclaré Moustapha Ould Tahel, membre du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). «Nous allons continuer les discussions», a-t-il poursuivi, sans autre détail. L'entourage de Iyad Ag Ghaly a confirmé la rencontre. Le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui a revendiqué l'enlèvement des 7 Algériens, dont le consul d'Algérie à Gao, a exigé une rançon de 15 millions d'euros et la libération de prisonniers pour les libérer. Adnan Abu Walid Sahraoui, qui serait le porte-parole du Mujao, a déclaré que ?'nos revendications pour libérer les otages algériens sont la libération de nos frères prisonniers en Algérie, plus une rançon de 15 millions d'euros». Il y a un peu plus de quinze jours, le Mujao avait affirmé que «la vie des otages est en danger» après l'échec de négociations avec l'Algérie. Le consul d'Algérie et ses six collaborateurs ont été enlevés le 5 avril à Gao, quelques jours après que cette ville est tombée sous le contrôle de divers groupes armés dont le Mujao, Ansar Dine, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg).

Les négociations pour la libération des otages algériens se poursuivent cependant, dans le calme et dans la discrétion de telles situations. Le Mujao détient ausi en otage trois humanitaires européens -deux Espagnols, dont une femme, et une Italienne -, enlevés le 23 octobre 2011 à Tindouf. Récemment, le chef de la diplomatie algérienne Mourad Medelci avait affirmé que les sept otages se portaient bien. Selon M. Medelci, tous les membres de cette mission «se portent bien». Il a ajouté que «les autorités compétentes en Algérie suivent en permanence l'état de santé» des diplomates enlevés. Les contacts «sont toujours en cours et nous nous attendons à ce qu'ils portent leurs fruits, dans les plus brefs délais», a ajouté M. Medelci.