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En répondant à une question, Betoule
Fekkar-Lambiotte, auteur des «Deux présences», hôte de l'IDRH dans la matinée
d'hier, se défend que son livre soit une œuvre autobiographique. Elle a
expliqué les conditions qui l'ont amenée à le rédiger. Il est le produit «d'une
expérience douloureuse», soulignera-t-elle. Et d'évoquer son adhésion au CFCM
(Conseil français du culte musulman) mis en place par Pierre Chevènement quand
il était ministre de l'Intérieur. «Je croyais que je pouvais défendre la
condition de la femme et les valeurs de l'Islam». Dépitée, elle décidera de
claquer la porte de cet organisme. Mais Sarkozy, quand il reprend le
portefeuille de l'Intérieur, essayera de la ramener à reconsidérer sa
démission. Mais il ne réussira pas à la persuader de rejoindre le CFCM,
expliquera-t-elle. Pour elle, et à ce niveau ses propos ne souffrent aucune
ambiguïté, «Deux présences» est un livre témoignage, adressé en premier lieu à
ses deux enfants Hamdane et Salima.
Auparavant, elle signalera que son livre renvoie à l'œuvre de Abdelmalek Sayyad, le pionnier de la sociologie de l'immigration, intitulé «Les deux absences» et avec qui l'invitée de l'IDRH avaient de longues discussions, confiera-t-elle. Cette double présence que Mme Betoule-Fekkar-Lambiotte revendique concerne sa présence aussi bien en Algérie qu'en France; et au-delà sur un autre double registre, en l'occurrence l'Islam et les valeurs universelles de la modernité. L'auteur se revendique comme algérienne, plutôt comme fille de Saïda. L'auteur survolera sa trajectoire personnelle pour expliquer son attachement à sa ville, et par extension à son pays. A 12 ans, elle découvrira, grâce à son frère, son aîné de trois ans, le racisme imposé aux Algériens dans leur propre patrie. «C'est pourquoi la notion de citoyenneté m'a beaucoup interpellée», signale-t-elle. Sans fournir de date, elle dira qu'elle a été «la première bachelière de toute l'Oranie». Reprenant une thèse développée il y a longtemps et qui s'inscrit en faux par rapport à celle de «la mission civilisatrice de la France en Algérie», elle lancera: «C'était une victoire d'accéder aux études». Par la suite, elle a rejoint le mouvement de libération en marche, dira-t-elle. «J'ai appartenu à la résistance dès février 1956». Elle participera à la grève des enseignants qui fera suite à celle des étudiants, décidée par le FLN en 1956. S'en suivit une arrestation par les services de police. Concernant cette période, elle raconte une anecdote qui pèsera lourdement dans sa trajectoire personnelle à venir: un militant arrêté et torturé lui balance «j'ai pas livré de secrets à mes bourreaux». Cet aveu d'un inconnu la persuadera de «rester fidèle à l'Islam et aux valeurs de l'Islam», reconnaîtra-t-elle. Pour conclure ce volet, elle balancera une assertion toujours d'actualité et qui n'a jamais été admise par «les rentiers de l'Istiqlal» en disant: «Notre victoire était beaucoup plus de nature politique que de nature guerrière». Rentrée le 6 juillet 1962 de sa résidence surveillée, elle sera nommée par Ben Bella comme «directrice de l'Ecole normale d'Oran». Dommage qu'elle ne s'étalera pas sur «les 400 internes» qu'elle devait prendre en charge et qui «n'avaient même pas un trousseau pour l'internat». Elle sera nommée au niveau d'une ambassade et entamera une carrière internationale qui la mènera un peu partout dans le monde. De cette période de sa vie, elle dira: «Mon nationalisme est un nationalisme d'orgueil». Revenant sur son engagement, elle le qualifie de «spirituel». Pour elle, en plus des cinq fondements de l'Islam, cette religion est aussi basée sur «la foi et l'excellence» (Al Ihssane). «C'est vers cette dernière que chaque musulman doit aspirer», estimera-t-elle. Remarquons que cette dame a commencé son intervention par la formule coranique ?Au nom de Dieu Clément et Miséricordieux') avant de remercier ses hôtes, dont le directeur de publication du Quotidien d'Oran, M. Abdou Benabbou. Mohamed Bahloul, dans la présentation de son invitée, parlera de sa réussite de restituer «la chaleur, les formes et les couleurs du terroir dans son livre». Et pour cause, elle a répété plus d'une fois «j'étais saïdéenne, saïdéenne je le suis encore et saïdéenne je le serai toujours». |
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