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Le dispositif électoral mis en place pour la tenue des élections
législatives du 10 mai 2012 est, il faut le reconnaître, bien construit. Il a été
bien étudié et bien testé, depuis un bon bout de temps, certainement en
«laboratoire» et avec des «experts» d'une toute autre trempe que ceux auxquels
les pouvoirs successifs nous avaient habitués, spécialistes du «copier-coller»
ou, soucieux de plaire aux maîtres de l'heure. Puis, assurément, avec des
«consignes» précises données aux «élus», au Parlement (les députés de l'APN,
bien plus que les conseillers du CN, toujours soucieux, de plus, dans les
derniers cent mètres, de «prouver» au peuple d'électeurs, longtemps ignoré,
leur «intelligence») . Au final, donc, le dispositif est «verouillé» de toutes
parts ne laissant que peu de place, sinon aucune, aux critiques objectives.
Ainsi, les demandes de «révision» de certaines procédures, émises par des parties
de la Commission de surveillance n'ont pas tenu la route très longtemps face
aux arguments de l'Administration qui, d'ailleurs, se réfugie derrière une loi
discutée et adoptée par le Parlement et dont certains membres de la dite
commission sont membres. Des demandes qui n'étonnent guère connaissant nos
«politiques» se mettent facilement dans la peau de contestataires chaque fois
qu'une réglementation risque de déranger ou n'arrange pas leurs intérêts ?bien
souvent, hélas, plus personnels et matériels que partisans et politiques. Bien
sûr, on aurait aimé avoir les CV détaillés de chacun des candidats, réservés
pour l'heure aux services de police et aux magistrats contrôleurs?mais, il faut
se suffire du peu qui nous est fourni pour l'instant ! Plus tard, peut-être. Il
est évident que, cette fois-ci, le pouvoir s'est trouvé acculé à ouvrir le
champ politique, à réussir des élections «honnêtes, propres et transparentes»,
tout ceci sous la pression des réalités internationales, régionales et
«printanières», à tout accepter jusqu'à solliciter de multiples supervisions
pour éliminer tout risque de fraude et de critiques? Réussir (au moins, pour
partir la «tête haute» et par la grande porte) ou périr (comme bien d'autres,
sous d'autres cieux, ces derniers temps) en laissant le pays plongé dans on ne
sait quels troubles, that is the question de l'heure ! Elémentaire ! La recette
est donc presque parfaite...et, le cuisinier, un grand «Chef». Mais, le plat
sera-t-il réussi et, surtout, sera-t-il apprécié par tous, d'abord et avant
tout dans notre pays, en tout cas par la grande majorité des citoyens ? Rien
n'est moins sûr. Pour quelles raisons?
La quantité impressionnante de partis politiques, dont plus de la moitié sont des nouveau-nés, à l'expérience partisane limitée et dont la plupart n'ont aucun programme politique et économique à proposer? sinon des lambeaux de discours déjà entendus ici et là. - Des candidats à l'Assemblée nationale attirés, pour une bonne partie, bien plus par les avantages matériels et immatériels directs ou indirects de la fonction à décrocher que par le souci de «bien faire» dans l'intérêt général? Candidats dont on aimerait bien connaître, publiquement, leurs «avoirs» et leur morale, leur(s) fortune (s) et infortune (s) onjugales y compris. -Des candidats au niveau de réflexion et d'action politiques pour le moins contestable, un diplôme universitaire ne faisant pas toujours un homme politique «capable» et une longue expérience sur le terrain («chez nous») n'étant pas une assurance de réussite toujours efficace ; la jeunesse, si elle est un gage d'engagement, n'étant pas toujours un état de bonne «conscientisation»? Quant à la femme, qui a largement mérité sa place, elle reste encore limitée dans son libre-arbitre, «coincée» par les tabous et les interdits sociaux qu'on lui a imposés depuis des décennies. Le poids de plus en plus important des lobbies (de toutes sortes, avec l'émergence, ces dernières années, du lobby «émeutier populaire»)? ce qui amènera les futurs députés, soit à être très terre-à-terre, à l'écoute permanente et «dictatoriale» de leurs électeurs, soit à les fuir, plus que par le passé. Une société qui, tirée vers le bas depuis des décennies, n'est plus, hélas, dans son entier, qu'une masse informe, remuante,incompréhensible car insaisissable (L. Addi, le sociologue, plus prude, parle de «Nation encore plus plurielle que jamais»), à la «culture» et aux discours parsemés de préjugés et d'interdits, quand ce n'est pas de «haramates», sur tout et sur tous, chez les hommes bien plus que chez les femmes, chez les jeunes bien plus que chez les «vieux». Une société qui, aussi, fait fi des valeurs les plus nécessaires, mais, à son sens, les moins payantes (croit-on) sur le court terme, comme le travail, l'effort, la tolérance?.Une société ayant de nouveaux credo plus faciles à énoncer qu'à réaliser, concrètement. Une société qui accepte difficilement ses échecs, essuyant la plupart de temps «le couteau sur le dos des autres» et cherchant toujours à trouver des excuses à ses propres échecs ou faiblesses. Au final, donc, une bonne recette que le dispositif électoral. Un plat succulent en perspective. Mais, qui sera autour de la table pour l'apprécier ? Des gourmands ou des gourmets ? Des gloutons ou des gastronomes ? Et, après avoir fini le plat, qu'y aura-t-il comme autres recettes : du moderne ou du classique ? Du traditionnel ou du «fast-food»? Ou, alors, un infect brouet, un mélange indigeste comme on a l'habitude de nous en servir à chacune de nos faims? Que faire? La réponse ne se trouve pas, de toute évidence, dans la répétition d'une certaine expérience du passé, malheureuse et catastrophique, en raison surtout de l'abstention massive de ceux-là mêmes qui avaient déserté les bureaux de vote laissant la place libre au Fis?Tout cela pour des raisons plus épidermiques que raisonnées («être contre le pouvoir en place !»). La réponse se trouve dans une participation massive, non pour élire le meilleur des candidats ou des partis ou des programmes (c'est encore bien difficile, hélas !), mais bien pour faire barrage à tous les escrocs et autres carriéristes de la politique, à tous les ennemis de l'intérêt général, du droit et de la justice, à tous les affairistes et les corrompus, à tous les chercheurs d?immunité?et, surtout, à tous les extrémismes. Elections législatives : Il faut, malgré tout, y croire. Le pari de Pascal, le religieux qui ne voulait pas ne pas croire en l'existence de Dieu, vous connaissez ? Tout (ou presque tout ou un peu) à gagner et rien à perdre ! Alain, un philosophe-essayiste, conservateur humaniste, vous connaissez ? «Nul ne peut vouloir sans faire» disait-il. Il faut seulement mettre en marche son état permanent d'«indignation» donc de résistance. Ne serait-ce que pour préserver la République et consolider la Démocratie, la République démocratique et sociale tant rêvée par les «pères fondateurs» de la Révolution armée algérienne. Le reste viendra en son temps, plus rapidement qu'on ne se l'imagine, tant il est vrai que les fruits trop mûrs ou mal-formés ou «touchés» tombent (ou «dégagent») plus facilement d'un cocotier secoué constamment, violemment ou même en douceur. |
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