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Alors que l'otage suisse enlevée le 15 avril dernier à Tombouctou a été libérée hier et remise aux services de sécurité du Burkina, des tractations étaient en cours pour obtenir la libération des sept diplomates algériens détenus depuis le 5 avril dernier par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Iyad Ag Ghaly d'Ançar Eddine est au cœur de la démarche. Il est, de facto, tenu pour responsable du sort des Algériens. L'agence AFP cite un membre du Mujao qui indique que le mouvement djihadiste avait accepté de libérer le consul algérien à Gao et six de ses collaborateurs. «Nous avons donné notre accord pour la libération de sept personnes arrêtées sur le territoire algérien à Gao», a déclaré dans une brève conversation téléphonique ce membre du Mujao qui a pris l'initiative de joindre le journaliste de l'AFP à Bamako. La référence au «territoire algérien», c'est-à-dire le consulat algérien, paraît être une reconnaissance de l'argumentaire du groupe Ançar Eddine d'Iyad Ghaly, un rebelle connu des Algériens (il a vécu longtemps à Tamanrasset). Il était de facto tenu, par les autorités algériennes, comme personnellement responsable du sort des diplomates algériens. Le MNLA - dont les éléments n'étaient pas parvenus (ou n'ont pas voulu) à défendre le consulat face à un commando du Mujao - n'était pas la voie la plus appropriée pour exercer des pressions sur les ravisseurs. La collaboration effective sur le terrain entre les rebelles targuis islamistes Ançar Eddine et les groupes djihadistes, Aqmi et sa dissidence mauritano-malienne du Mujao, les rendait automatiquement comme co-responsables de l'enlèvement. Et à plus forte raison quand ils prétendent contrôler la région de Gao. Cela les rend responsables, même si cela n'est pas dit publiquement, aux yeux des autorités algériennes du sort des diplomates enlevés en «territoire algérien». «Nous avons donné l'accord à nos frères d'Ançar Eddine», a déclaré le membre du Mujao confirmant ainsi que le groupe rebelle islamiste a pris en charge la question de la libération des diplomates algériens. A Bamako, une source sécuritaire malienne a confirmé l'existence de tractations entre le groupe d'Iyad Ghaly et le Mujao. PRESSION CONTINUE Les autorités algériennes qui ont été économes de déclarations - ce qui est fort compréhensible - semblent plutôt optimistes. Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, a indiqué lundi que le consul et ses six collaborateurs étaient « en bonne santé » et que «les perspectives de leur libération sont réelles». «Nous avons bon espoir que les discussions qui se sont développées très rapidement après leur privation de liberté nous conduisent vers une fin heureuse», a-t-il indiqué. Mourad Medelci a déclaré que ces perspectives optimistes reposent sur «la foi en la qualité de nos rapports avec nos frères maliens et en la foi dans la qualité de nos rapports particuliers avec les frères touareg. L'Algérie a toujours été en position d'accompagnement des efforts des uns et des autres pour que les Touareg puissent vivre une vie digne dans un Mali uni». Un exercice d'équilibrisme diplomatique pour ne pas froisser les autorités de Bamako qui, pour l'instant et pour un certain temps encore, ont perdu toute autorité sur le nord du Mali. Iyad Ag Ghaly - il a vécu à Tamanrasset dans les années 70-80 et a été consul du Mali à Djeddah - sait qu'il n'a pas intérêt à s'aliéner les autorités algériennes. Il a de ce fait besoin que ses «amis» du Mujao libèrent les diplomates algériens et normalement il ne manque pas de moyens de persuasion à l'égard du groupe terroriste. Faut-il voir dans l'annonce de la libération de l'otage suisse par Ançar Eddine un gage de sérieux et un autre motif d'optimisme pour les otages algériens ? En tout cas, il est impératif de maintenir, par tous les canaux possibles, une pression sans relâche sur Iyad Ag Ghaly. |
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