T aïaut ! Lâchez la meute et que la chasse commence. Sus
aux bougnoules, débusquez les bamboulas, tirez les niakoués et débusquez les
roms et les manouches. Le programme électoral de la fille à son père devra faire
des émules chez la droite sortie à la chasse aux voix lepénistes. Le FN,
version la Marine, se pose en troisième force politique de France après avoir
récolté près de 18% lors du premier tour de la présidentielle. Un score qui
fait saliver principalement le président-candidat, Sa Majesté de la Gaule,
Sarko 1er, qui a appelé le peuple de l'extrême droite à ne faire qu'un petit
pas pour le rejoindre. Si d'aventure, un tel appel du pied, lourdingue, comme
cela a été qualifié par l'état-major du Front national, venait à avoir des
échos, et que l'ersatz de Bonaparte venait à retrouver le Fouquet's, la France
changerait à coup sûr. Un rendu pour un prêté, le pouvoir en place délivrera,
par le biais de son ministre de la chasse aux étrangers et à la pureté de la
race, Claude Guéant, un permis pour reprendre les quotas d'expulsion de 25
mille peaux à exporter hors Hexagone. Ainsi, fidèle à sa politique
d'extermination des étrangers, la nouvelle France, où droite et extrême droite
se confondront, abolira les lignes rouges et lâchera la bride à tous les
dépassements, qu'on imagine aisément nombreux, accompagnant ces décisions de
chasse aux Arabes, aux noirs et aux asiatiques. Toutes les rues de France
ressembleront certainement à ces immenses terrains de chasse où le gibier est
victime de son seul faciès et de son envie de s'en sortir en venant se perdre
en pleine démocratie à la française. Les avis de recherche vont fleurir les
murs et les portraits-robots embouteilleront les pages des journaux de
Lagardère et des lobbys des finances. Le jité de TF1 et de Pujadas ouvriront le
20 heures sur le nombre de suspects appréhendés et de vols de charter
programmés, essayant chaque jour de battre le record de la veille de capture
des étrangers. Des émissions spéciales concernant la traque nocturne des
non-Français seront enregistrées pour faire exploser l'audimat. On offrira des
primes pour les collabos et un barème sera instauré pour chaque info bipée,
chaque adresse téléphonée, chaque coupable arrêté. Des battues seront organisées
les week-ends, dans les campagnes, et on invitera, pour la circonstance, les
cousins et les parents des DOM-TOM. On sortira les fusils, les nasses et les
appeaux. On appâtera les fugitifs par des promesses de régularisation et une
fois sortis de la clandestinité, on les choppera devant les caméras de
télévision et fissa vers l'aéroport le plus proche où un avion se tient
continuellement prêt, les moteurs en marche. Les âmes sensibles, désireuses de
cacher un étranger ou de le soustraire aux chiens policiers de Marine Le Pen,
alors Premier ministre de la VI République, seront exemplairement châtiées et
de lourdes peines d'emprisonnement seront le lot commun de ces défenseurs des
droits de l'homme. Les jours fériés et à l'occasion des dates symboles de la
République, on procédera à un lâcher d'étrangers entre arabes et asiatiques
-les noirs sont réputés pour être de très bons coureurs à pied- dans les rues
des villes de France pour la plus grande joie des petits blancs. On regardera
de plus près les nombreux décrets préfectoraux et on écoutera attentivement les
discours officiels pour s'éviter les mauvaises surprises et ne pas se faire
prendre dans des rafles improvisées. Les étrangers possédant la nationalité
locale devront signaler tous leurs déplacements au commissariat du coin et tout
rassemblement de plus de trois bronzés est perçu comme un début d'émeute et
sévèrement réprimé. Les banlieues seront quadrillées, les entrées filtrées et
la nuit venue, les miradors veilleront, les hélicoptères voleront et les
snipers tireront. Tous les quartiers à forte concentration basanée seront
encerclés jusqu'à la reddition du dernier étranger en situation irrégulière.
Sitôt la France débarrassée de ceux qui ne lui ressemblent pas, elle
s'attellera à un autre chantier. Celui de la blanchir à cent pour cent et de
redevenir un pays de flics et de blancs.