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Le plan de paix de KofiAnnan pour la Syrie dispose
effectivement que l'armée du régime cesse le feu contre les villes insurgées et
s'en retire. Mais il dispose également que les insurgés doivent de leur côté
mettre un terme aux attaques et harcèlement des troupes gouvernementales. Si
Bachar El-Assad a donné son accord pour un retrait de son armée et a eu
peut-être l'intention de le respecter, il s'est à coup sûr ravisé en constatant
que les alliés étrangers de l'insurrection anti-régime s'en tenaient à une
lecture « unilatéraliste » de cette disposition du plan de Kofi Annan, par
laquelle ils ont exigé de lui qu'il se rende à la condition posée par
l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe sans engagement de l'autre partie
belligérante à respecter la clause.
Faut-il alors, comme le font les alliés étrangers de l'insurrection syrienne, imputer au seul régime que les affrontements et la violence n'ont pas cessé à la date butoir du 10 avril fixée par l'émissaire international ? C'est ce que les diplomates et médias des « amis de la Syrie » veulent imposer en martelant sur tous les tons qu'El-Assad et son régime n'ont pas tenu leur engagement. Sans admettre que la logique d'un cessez-le-feu et l'arrêt de la violence suppose que les deux parties protagonistes font taire les armes. Au contraire, tout en exigeant du régime qu'il s'y conforme, les alliés étrangers de l'insurrection ont encouragé celle-ci à poursuivre sa lutte et lui procurent l'argent et l'armement dont elle a besoin. Ce qu'ils visent en somme c'est que le régime dépose les armes, de se faire hara-kiri et céder le pouvoir sans négociation à leurs protégés syriens. Ces mêmes alliés de l'insurrection syrienne savent pourtant que le rapport de force entre le pouvoir et elle est loin d'avoir tourné à son avantage, ce qui exclut la perspective de l'effondrement imminent du premier. Le plan de paix de Kofi Annan s'avère impossible à mettre en œuvre. Nous l'avions prédit avant que ne survienne la date butoir du 10 avril. Parce qu'il nous apparaissait en toute évidence que son processus et ses dispositions n'étaient pas ceux que veulent l'insurrection syrienne et ses « amis étrangers ». Bien que certains d'entre ces derniers aient publiquement fait mine de cautionner la médiation de l'ex-secrétaire général, leurs initiatives diplomatiques officielles ou souterraines ont visé à la torpiller, tout en menant campagne pour présenter le régime syrien comme seul à cause de qui l'échec du plan de paix était prévisible. Fausse vérité dont ils cherchent à faire l'argument de la relance par eux de la nécessité d'en revenir au Conseil de sécurité de l'ONU duquel ils ne désespèrent pas d'obtenir l'aval à une intervention étrangère en Syrie. Ils vont faire le forcing à cet effet en instrumentalisant la situation sur le terrain dramatique, insoutenable en effet, mais que leurs médias mettent sur le compte du régime et de son armée. Sauf qu'ils ont perdu de leur crédibilité à se présenter comme les défenseurs des libertés des peuples et de la légalité internationale après les précédents dont ils ont été les acteurs en Afghanistan, en Irak et plus récemment en Libye. Qu'y a-t-il de commun entre les Etats-Unis, la France ou la Grande-Bretagne et l'Arabie Saoudite et le Qatar pour qu'ils soient sur la même ligne contre le régime syrien ? Certainement pas le projet de contribuer à l'avènement d'une Syrie libre et démocratique. L'Arabie Saoudite et le Qatar ne sont pas anti-régime syrien mus par cette cause. Les desseins des Etats occidentaux cités travaillent à des objectifs qui sont tout aussi éloignés de cette cause. La guerre civile qu'ils entretiennent en Syrie va par leur détermination se poursuivre avec pour victime innocente et ignorée le peuple syrien. |
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