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Abdelaziz Belkhadem a des ennuis avec une majorité
des membres du Comité central du FLN. Ils sont 220 membres sur 351 à lui avoir
retiré leur confiance et à demander une session extraordinaire du Comité
central afin de le pousser vers la sortie. Formellement, il reste aux
contestataires majoritaires de convaincre encore quatorze membres du Comité
central pour se conformer à l'article 60 des statuts du parti. Celui-ci dispose
que la convocation d'une session extraordinaire se fait à la «demande du
secrétaire général après consultation du président du parti ou à la demande des
2/3 de ses membres». Calculette à la main, il faudra exactement 234 signatures
pour convoquer cette session extraordinaire.
Belkhadem est donc à 14 signatures de la sortie. Le FLN n'étant pas à une situation bizarre près, le secrétaire général et le Bureau politique peuvent continuer à faire dans le juridisme tant que ces 14 signatures n'ont pas été obtenues par la majorité contestataire. Mais cela n'empêchera pas l'opinion et les militants de ce parti de constater que la direction est contestée par la «majorité». Et que Belkhadem et ses pairs du BP dirigent le parti alors qu'ils sont très largement mis en minorité. Dans la vie politique plus que fade imposée aux Algériens depuis près de deux décennies, cette mise sur la voie de sortie de Belkhadem est un petit événement. Il n'est pas certain que cette péripétie de plus dans les interminables disputes au sein du FLN rehausse la vie politique et partisane. Car la bataille en cours n'a pas pour seul et unique objet la contestation des listes des candidats aux législatives. Et il est illusoire d'y chercher, malgré la barbe trop facilement invoquée de Belkhadem, une quelconque bataille pour des idées ou des programmes. Il n'y en a pas. Depuis la mise à l'écart brutal de feu Abdelhamid Mehri à la suite «d'une intrusion musclée du pouvoir», le FLN est revenu dans la «maison de l'obéissance». Il est redevenu ce qu'il était, une SPA du pouvoir avec des actionnaires multiples. Il est donc justifié de voir dans la volonté de pousser Abdelaziz Belkhadem vers la porte de sortie, la fin du consensus des «actionnaires» au pouvoir. C'est la seule lecture politique raisonnable tant que l'indépendance ou l'autonomie du FLN n'est pas affirmée. Dans cette lecture par jeu des actionnaires, on a un éventail de possibilités conformes à l'opacité générale du régime: Abdelaziz Bouteflika, président d'honneur du FLN, a décidé de ne plus compter sur Belkhadem, ou bien il a choisi de se désintéresser du sort du FLN. Mais on peut tout aussi bien y voir le signe que d'autres forces du régime ont décidé, sans attendre les futures tractations pour la présidentielle, de lancer l'offensive et de débarquer Belkhadem, «l'homme du président». On peut multiplier les hypothèses sur ces jeux du pouvoir, elles sont déterminantes. La question des listes est très clairement un instrument dans ce jeu des actionnaires. Car, et cela vaut aussi pour les autres partis, même ceux de l'opposition, la grande hibernation politique à laquelle l'Algérie a été contrainte n'a pas permis l'émergence des personnalités militantes ayant le charisme et les idées pour faire des candidats incontestables. Dans ces conditions, il est aisé de contester les candidatures et il est facile d'invoquer le rejet du «népotisme, des allégeances et de l'influence de l'argent?». Les actionnaires masqués au sein du régime ont de quoi faire feu de tout bois. Ils ont tellement asséché la vie politique qu'ils peuvent jouer sur tous les registres. |
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