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A peine quelques jours après l'enterrement de Mohamed Merah au cimetière
de Cornebarrieu à Toulouse, un feuilleton juridique est en train de se mettre
en place. Mohamed Benalal Merah, qui avait menacé de poursuivre le Raid en
justice après la mort de son fils, a mandaté une avocate algérienne, Me Zahia
Mokhtari, pour poursuivre le corps d'élite de la police française en justice
pour assassinat. Me Zahia Mokhtari est ainsi chargée de poursuivre les services
de sécurité français «pour n'avoir pas respecté la procédure pendant la
tentative d'interpellation» de Mohamed Merah et pour son «assassinat». Cette
menace avait soulevé un tollé d'indignation dans les milieux politiques
français au pouvoir, plus particulièrement chez le ministre des Affaires
étrangères Alain Juppé et celui de l'Intérieur, Claude Guéant. Quant à la
plainte déposée, M. Merah a expliqué qu'il n'a jamais pensé à «attaquer l'Etat
français». Tout en déniant aux responsables politiques le droit de lui
interdire de s'exprimer sur la mort de son fils, il a expliqué que ses propos
ont été déformés par un journaliste qui l'a joint par téléphone le jour de la
mort de Mohamed. Vendredi dernier, son avocate Me Mokhtari a précisé qu'elle
avait été mandatée pour poursuivre non pas la France, mais le Raid. L'avocate
algérienne a indiqué ce lundi, à l'AFP, qu'un collectif d'avocats représentera
le père de Mohamed Merah en France. Trois avocats français sont pressentis pour
représenter la partie civile dont un grand nom du barreau hexagonal, précisera
Me Mokhtari, sans dévoiler son identité. Mais on croit savoir qu'il s'agit
peut-être de Me Vergès, un habitué des plaidoiries «impossibles». «En principe,
j'obtiendrai mon visa jeudi. Je partirai aussitôt en France. Je vais déposer la
plainte contre le Raid à Paris», a-t-elle encore ajouté. «Je n'aurais pas
accepté une telle affaire s'il n'y avait pas assez de preuves que la procédure
n'a pas été respectée par les services de sécurité français», avait-elle
expliqué dans un premier temps.
Elle a ainsi assuré détenir «des preuves qui nous sont parvenues de personnes qui étaient au cœur de l'événement et qui ont le souci de faire éclater la vérité» et qu'elles seront présentées au moment opportun devant le tribunal. Me Mokhtari a précisé qu'une convention signée entre la France et l'Algérie autorise les avocats des deux pays de plaider devant leurs tribunaux respectifs. L'avocate est connue à Alger pour avoir gagné en 2005 un procès devant le tribunal de Memmengen (Allemagne) pour appartenance à Al-Qaïda d'un Algérien, Ibrahim Badaoui, qui a été libéré et est rentré en Algérie et a par la suite fait annuler en 2008 en Algérie sa condamnation à mort par contumace. Par ailleurs, les premiers résultats «judiciaires» de la descente de vendredi dernier des éléments de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) et de la Section antiterroriste (SAT) de la police judiciaire parisienne avec, pour certaines cibles, l'appui de l'unité d'élite de la police nationale, le Raid, commencent à tomber. Cette opération, s'est déroulée dans le quartier toulousain du Mirail, dans l'agglomération de Nantes, mais aussi en Ile-de-France, à Marseille, à Lyon et à Nice, et des armes ont été saisies, notamment des kalachnikovs au domicile de Mohammed Achamlane, leader du groupe salafiste radical Forsane Alizza dissous en février par Claude Guéant qui l'accusait de préparer à la lutte armée. Selon le Figaro, proche des cercles au pouvoir, certains des islamistes radicaux arrêtés projetaient au moins deux enlèvements de personnalités juives, dont celui d'un magistrat lyonnais et un responsable de la Ligue de défense juive. Le journal croit savoir que treize d'entre eux vont être mis en examen. Cette information, à prendre avec des pincettes, serait l'aveu d'Achamlane lors d'une conversation d'ordre privée. Le magistrat que le groupe salafiste projetait d'enlever était en charge du dossier d'un homme poursuivi pour une procédure de maltraitance et de discrimination à l'égard de ses enfants. Europe 1 fait référence au vice-président du tribunal de grande instance de Lyon, Albert Lévy. Le directeur du Renseignement intérieur, Bernard Squarcini, pense, quant à lui, que le groupe Forsane Alizza préparait un enlèvement. Parmi les 19 personnes arrêtées vendredi, 17 avaient été placées en garde à vue. Treize d'entre elles vont être présentées aux juges antiterroristes en vue d'une mise en examen pour détention d'armes et association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, a annoncé ce mardi matin le procureur de Paris, François Molins, tout en relativisant le degré d'avancement du projet d'enlèvement du magistrat lyonnais. Nicolas Sarkozy, qui a expliqué que le coup de filet de vendredi n'était pas lié «simplement à Toulouse», mais qu'il était «en lien avec une forme d'islamisme radical», a refusé de confirmer l'information sur la préparation des enlèvements tout en la jugeant «plausible». Le 27 mars dernier, David Assouline, président socialiste de la commission sénatoriale pour le contrôle de l'application des lois, annonce vouloir organiser des auditions sur la législation antiterrorisme en vigueur et «dresser un diagnostic partagé des dispositifs législatifs en vigueur concernant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme». Cette démarche vient en réponse à Nicolas Sarkozy qui avait annoncé prendre de nouvelles mesures législatives pour lutter contre, notamment, l'apologie du terrorisme au lendemain des tueries de Merah et des polémiques nées autour de l'enquête. Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, et Claude Guéant décident de ne pas donner de suite favorable à la demande socialiste de voir le gouvernement auditionner Erard Corbin de Mangoux, directeur général de la sécurité extérieure (DGSE), et Bernard Squarcini, prétextant un «devoir de réserve» des deux fonctionnaires concernés. |
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