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Des
islamistes « BCBG », comprendre par là qu'ils sont prêts en cas de leur
victoire électorale le 10 mai à se contenter de miettes du pouvoir que les
détenteurs de celui-ci, ouverture démocratique oblige, vont consentir aux
vainqueurs du scrutin législatif, il en existe semble-t-il en Algérie. Nos
décideurs pensent les avoir trouvés dans les composantes des formations
islamistes ayant accepté de s'intégrer dans le processus électoral aux conditions
et règles du jeu imposées par eux. C'est effectivement avec un profit islamiste
« BCBG » que ces partis sont entrés en campagne électorale et que se présentent
leurs candidats.
Soltani, Djaballah et Menasra, pour ne citer qu'eux d'entre les chefs de file de cette sorte d'islamistes acceptables aux critères du pouvoir, développent certes un discours électoral de facture idéologique islamiste mais en l'enrobant de l'assurance que les formations dont ils sont les porte-parole n'entendent nullement vouloir l'instauration d'un projet de société radicalement islamiste dont les Algériens ont refusé au prix de lourds sacrifices la survenance à une autre période. Nos décideurs et ces chefs de partis islamistes ont, il faut le penser, conclu un deal. Consistant pour les premiers à accepter une victoire électorale de la ligne islamo-conservatrice et que la gouvernance du pays qui s'ensuivra en sera fortement imprégnée. Une victoire qu'ils semblent avoir voulue inéluctable pour que l'Algérie n'apparaisse pas en porte-à-faux avec le contexte politique régional créé par « le Printemps arabe », en encourageant et favorisant en sous-main le basculement du FLN dans la mouvance islamo-conservatrice opéré par Abdelaziz Belkhadem. Les seconds en renonçant à tout ce qui dans les programmes de leurs partis prône le démantèlement du système politique en vigueur et la remise en cause des valeurs fondamentales sur lesquelles est basé celui-ci. Il n'y a rien d'étonnant alors que dans les discours de ces chefs islamistes, il n'y a pas trace de propos revêtant le caractère d'une déclaration de guerre contre les véritables centres de décision du pouvoir. Et que ces centres se montrent placides et sans inquiétude à l'éventualité d'une victoire électorale à couleur islamo-conservatrice même si la première en sera le reflet le plus marquant. Le deal, s'il a été vraiment conclu, est susceptible pourtant de voler en éclats à un moment ou à un autre. Car rien ne dit qu'une fois arrivés aux portes du pouvoir, ces islamistes continueront à avoir le profil « BCBG » qu'ils montrent aujourd'hui. Surtout si les islamistes en Tunisie, en Egypte, mais aussi en Libye et au Maroc renforcent leur emprise sur le pouvoir dans leurs pays respectifs. Il est connu aussi que la victoire aussi négociée qu'elle soit aiguise les appétits et les ambitions. C'est l'incertitude qui dans tous les pays arabes plane sur le processus de démocratisation qui a cours dans le sillage du « Printemps arabe ». |
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