Ils étaient plus d'une centaine de rappelés du service national à avoir
pris part à une marche pacifique sur la wilaya de Skikda, jeudi dernier. Après
avoir pris le départ au niveau de la gare routière Mohamed Boudiaf à l'entrée
de la ville, les manifestants se sont dirigés vers le siège de l'APW où se
tenait une session ordinaire de cette assemblée, à laquelle assistaient, outre
les élus, les autorités locales. Un renfort de police a été déployé sur les
lieux pour parer à toute éventualité. Après un bref sit-in, durant lequel ils
ont entonné le chant national arborant des drapeaux, trois représentants ont
été délégués pour remettre au wali de Skikda une copie d'une lettre ouverte
adressée au Président de la République qui a été réceptionnée par le chef de
cabinet. Dans cette missive, on a relevé en substance : «?En tant que fils de
ce pays glorieux de Amirouche, Si El Haouès et Ben Boulaïd, nous avons été
sollicités un jour pour sauver l'Algérie et la sortir des ténèbres du
terrorisme ? Nous avons été mobilisés pour renforcer les rangs de l'ANP de 1995
à 1999, années durant lesquelles nous avons pris part à de nombreuses
opérations et bon nombre d'entre nous y ont laissé leur vie, d'autres mutilés
et enfin d'autres encore en vie mais qui ont été honorés par l'oubli et la
marginalisation. Certains ont perdu leurs facultés mentales et enfin ceux qui
ont perdu toute capacité de travailler ou de s'intégrer dans la société au point
où nous avons grandement besoin de l'Algérie comme elle a eu besoin de nous?»
Lors du rassemblement pacifique, les rappelés ont soutenu qu'ils sont au total
70 000 éléments répartis à travers 34 wilayas à avoir été mobilisés, la wilaya
de Skikda à elle seule comptant un effectif de 3 000 rappelés.
Ils ont particulièrement insisté sur leur prise en charge sociale, leur
reconnaissance en tant que catégorie sociale tout comme ils revendiquent le
droit de créer une association nationale, le droit au logement et au travail,
le versement de pensions pour les familles des décédés. Enfin, ils soulignent
que malgré les différentes marches à l'échelon local et national, les autorités
ne daignent pas répondre à leurs préoccupations, s'interrogeant pour conclure
leur lettre ouverte : «Nous ne comprenons pas jusqu'à présent qui nous sommes,
ceux qui ont combattu le terrorisme ou bien les terroristes eux-mêmes ?».